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GLADIATORUn film deRidley scottavecRussell Crowe |
1536 Lectures Depuis Le mardi 14 Mars 2012 |
Ceux qui chercheraient une vérité historique dans ce film feraient fausse route puisque le réalisateur prend toute liberté avec l’Histoire et invente des personnages, certes melting-pot d’hommes réels (1), mais au final totalement fictif. Mais qu’importe ? Place au péplum du troisième millénaire, au péplum de l’image de synthèses, du copié/collé et autres effets numériques (2)! Place au grand spectacle, aux jeux du cirque. En soi, le synopsis est d’une banalité consternante et n’occupe que cinq minutes de ce film, dont la version « cinéma » dure 2 h 35 (3): Le général Maximus (4), des légions romaines de l'empereur Marc Aurèle, refuse de se soumettre au nouvel empereur Commode. Celui-ci ordonne sa mise à mort ainsi que celle de toute sa famille. Maximus, qui parvient à échapper à la mort, n’aura plus qu’une idée en tête : se venger. Pour le reste, ses sous-intrigues, « Gladiator » se conforme au scénario de « La Chute de l'Empire romain » (5) Donc l’important n’est pas le scénario, mais les images, leur enchainement, leur montage… le signifié qui émane de leur esthétique. Et dès l’ouverture, le plus saturé des amateurs de Blockbuster reste sans voix, comme pétrifié d’admiration. Les Légions romaines conduites par Maximus se préparent à affronter dans une ultime bataille des hordes de barbares jaillies des forêts. D’un côté, l’ordre et la mécanique des engins de guerre, de l’autre la force brute du désespoir qui ne résistera pas au bombardement des catapultes et à l’embrasement de la forêt. Et lorsque vient le moment du choc frontal, les plans d’ensemble cèdent la place au désordre des gros plans puis à un ralenti qui fonde sa véracité sur l’état second des combattants. Disons-le sans détour, durant toute cette séquence Ridley Scott se hisse au rang des réalisateurs de génie. Puis vient le temps de l’apaisement qui n’est que synonyme de trahison et de parricide : Commode assassine son père et ordonne l’exécution de Maximus ainsi que l’éradication de sa lignée. En quelques secondes et sans insister lourdement, nous perçons la psychologie de Commode ainsi que les liens malsains qu’il impose à sa sœur. Changement de décor. Exit les forêts brumeuses et neigeuses du nord, place aux plaines paisibles de l’Italie : et le contraste est fort entre ces paysages rieurs et la réalité des corps calcinés de sa femme et de son fil que découvre Maximus. Nouveau changement de décor. Les sables de l’Afrique du Nord envahissent l’écran pour des scènes d’apprentissage de la barbarie distractive. Devenu esclave puis gladiateur, Maximus se nomme maintenant l’Espagnol. Peut-être parce qu’en perdant les siens il a perdu son identité. Vient ensuite le moment du retour à Rome, le moment des décors grandioses pour des complots politiques, instants de respiration visuelle, et des jeux du cirque où la sauvagerie se transcende jusqu’à rendre belle et héroïque la mise à mort. Avec ce film, Ridley Scott affirme son plaisir pur et simple à filmer sans complexe voltefaces et bonds, sang et sueur. Et ses ballets sanguinaires crèvent l’écran, peut-être parce qu’ils atteignent la stylisation de réels gestes guerriers, peut-être parce que tout devient prétexte au mouvement, y compris l’immobilité 1- Commode : le fils de Marc Aurèle, qui régna de 180 à 192. À l'instar de Caligula, Néron et Domitien, son image est celle d'un empereur cruel et sanguinaire. Il meurt étranglé par l'esclave Narcisse 2- Pour peupler la bataille en début de film, le réalisateur démultiplie les 800 figurant grâce au copié/collé. Les images de Rome sont des images de synthèses. OliverReed, qui campe le rôle de Proximo, meurt trois semaines avant la fin du tournage, le réalisateur a recours à l’incrustation de son visage pour terminer le tournage 3- Il existe une version longue, en DVD, qui dure 2h 44 4- Ce personnage, qui n’a jamais existé, serait un mix de plusieurs proches de Marc-Aurèle 5- film américain réalisé par Anthony Mann, 1964. Il narre la fin du règne de l'empereur romain Marc-Aurèle et les débuts du règne de son fils Commode.
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