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NOM DE CODE : NINAUn film deJohn badhamavecBridget Fonda |
2642 Lectures Depuis Le mercredi 29 Fevrier 2012 |
« Nom De Code : Nina » est le remake américain du film de Luc Besson « Nikita ». Comme toujours dans le cas d’une nouvelle adaptation, une première question se pose : quelles sont les différences entre les deux films ? Quant à la construction du scénario, il s’agit d’un calque frôlant la perfection. • Une bande de junkies attaque une pharmacie. • Après un procès, la seule survivante est déclarée morte. • Elle se réveille dans un centre d’entrainement des services secrets. • Au terme de sa formation, sa première mission consiste à flinguer un dineur dans un restaurant. • Libérée, elle s’installe en ville et rencontre l’amour. • Pour sa deuxième mission, elle se déguise en room-service - notons que la conclusion de cet épisode varie légèrement. La livraison de café et de jus de fruits effectuée par Nina, l’étage de l’hôtel explose. • Lors de sa troisième mission, elle exécute une femme, depuis la salle de bain de son hôtel, au cours du carnaval – L’action ne se déroule pas à Venise, mais à la Nouvelle-Orléans. • La seule différence notable dans ce remake est contenue au moment du dénouement. • Nikita devait dérober des documents dans le coffre d’une ambassade ; ici, Nina doit dérober des fichiers contenus dans l’ordinateur d’un riche industriel du Moyen-Orient. • Le nettoyeur Victor mourait dans la voiture après s'être enfui de l'ambassade avec Nikita. Ici, il doit tout nettoyer, y compris Nina. Puisque l’articulation du scénario est identique et que ce mimétisme englobe jusqu’à certaines répliques et détails au cours de diverses scènes, pourquoi John Badham a-t-il cru bon de réaliser ce remake ? Tout simplement parce qu’il fallait déplacer l’action sur le sol américain, répondront les spectateurs inattentifs et quelque peu anti-impérialistes. Pourtant, il ne s’agit pas d’une simple translation géographique. En débarquant sur le nouveau continent, la première qualité qu’acquiert Nikita c’est de la vraisemblance : • L’attaque de la pharmacie opte pour des coloris plus réalistes (plus expéditifs). • Nina est tout simplement condamnée à mort aux USA, ce qui est plus vraisemblable que le suicide par injection létale. • Le centre d’entrainement clandestin revêt des couleurs moins pauvres. • Dérober des documents à un industriel semble plus crédible que d’attaquer une ambassade en plein cœur de la capitale. Et nous pourrions multiplier les exemples… En dernière analyse, et toutes choses restantes égales par ailleurs, cette version diffère radicalement de celle de Luc Besson en ce qu’elle se défait de l’esthétisme. Les scènes d’action ne servent pas à surexposer une beauté sous-jacente, qu’une dilatation du temps souligne. Ces instants sont filmés tels quels, pour ce qu’ils contiennent : de l’action. De même, les motivations des personnages ne renvoient plus à une psyché torturée et insaisissable. L’instructeur de Nina n’est plus un être elliptique et dominateur, son amoureux n’est plus un naïf, quant à Victor, le nettoyeur, ces actes ne relèvent plus du personnage décalé et lointain, en d’autres termes du personnage cinématographique. Il est ce qui doit être : un exécutant du moment. En résumé, tout l’intellectualisme baroque ou surréaliste qui encombre, d’une présence ampoulée, le cinéma français de genre passe, ici, par-dessus bord, au profit d’un dépouillement efficient.
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