Dans le bar qu’il fréquente, Ike Graham, journaliste new-yorkais, écoute l’histoire que lui raconte un homme éméché :
« Je connais une fille qui ferait un bon sujet. Elle abandonne ses fiancés devant l'autel. C'est ''la mariée en fuite''. Elle a déjà fait ça sept ou huit fois. Elle prend ses jambes à son cou et déguerpit. Adios, elle bouscule les vieilles dames sur sa route, une vraie corrida ! Elle connaît d'avance sa prochaine victime, le pauvre est déjà sur le feu ».
Et comme ce pauvre Ike Graham est en panne d’inspiration, il rédige une chronique assassine et, quelque peu, misogyne :
« Aujourd'hui est un jour de profonde introspection. On m'a accusé d'écrire cette chronique pour lancer d'amères diatribes contre le sexe opposé. Cette accusation gênante m'a plongé au moins quinze minutes dans un abîme de réflexion dont j'ai émergé avec la conclusion que je fais bel et bien commerce de stéréotypes féminins. Mais comment peut-on m'accuser ? Dès que je mets le nez dehors, j'ai la preuve évidente que les archétypes féminins existent. La mère, la pucelle, la putain, elles vous piquent vos taxis et empestent les ascenseurs avec leur parfum. Mais par égard pour le sexe faible, je dois élargir mon horizon, ajouter des déesses au panthéon. Je voudrais proposer à ce poste la pompon girl... l'étudiante délurée et surtout la mangeuse d'hommes. En Grèce Antique, cette femme redoutable était Erinys. En Inde, c'est Kali, qui dévore les entrailles de son amant Shiva, tandis que son yoni dévore son... etc. En Indonésie, la mangeuse d'hommes aux mâchoires sanglantes, c'est Ragma. Tous ces pays n'ont pas le câble. Et à Hale, dans le Maryland, où elle tient la quincaillerie familiale, elle est connue sous le nom de Maggie Carpenter, la mariée en fuite. Ce qui est inhabituel chez elle, c'est qu'elle habille ses hommes en marié avant de les dévorer. »
Évidemment, la jeune Maggie riposte dès le lendemain en expédiant une lettre menaçante à la rédactrice en chef du journal où travaille Ike. Il s’en suit que celui-ci est licencié.
Ike Graham se rend dans le village de la charmante jeune femme avec la ferme intention de se venger. Immédiatement il s’aperçoit que dans ce village Maggie est une légende vivante…
Chacun l’aura compris, le mariage que préparait Maggie avortera avant terme et la haine que Maggie et Ike se vouaient se transformera au fil du temps en amour… jusqu’à l’heureux dénouement.

Pour cette comédie sentimentale, Garry Marshall a fait appel au duo d’acteurs qui lui avait valu un immense succès, une dizaine d’années plus tôt, avec « Pretty Woman ». Malheureusement, il ne parvient pas à renouveler l’exploit, même si son personnage féminin est tout aussi sulfureux (sous des allures prudes de la très belle Maggie se cache, de fait, une fille facile que toute la gent masculine aurait fréquentée… y compris le futur curé du village).
Peut-être rate-t-il son objectif parce qu’il n’a pas su mêler à sa romance suffisamment d’humour, tant de situation que de dialogue, peut-être aussi parce que le scénario reste par trop poussif et attendu. Pour autant, le film se laisse voir ne serait-ce que pour le sourire de Julia Roberts ou de Richard Gere.

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