Lorsqu’on s’installe dans un fauteuil, face à l’écran blanc d’une salle obscure, il s’avère parfois utile de ne pas se fier seulement à l’affiche du film. L’étude de la filmographie du réalisateur peut aider à découvrir ce qui se cache derrière les apparences. Et derrière l’image envahissante de la sculpturale Amber Heard en 3D se dissimule un Nicolas Cage visiblement habité par une colère noire. Quoi de plus normal puisqu’il « est prêt à tout pour rattraper les fanatiques qui ont assassiné sa fille et kidnappé le bébé de celle-ci pour le sacrifier à la prochaine pleine lune ».

D’un pénitencier, dévoré par les flammes, jaillit une voiture pendant qu’une voix off débite un discours sibyllin.
« Depuis la nuit des temps, l’humanité s’est évertuée à enfermer les hommes… mauvais. Mais depuis que Caïn a tué son frère, les hommes mauvais fuient l’emprisonnement. Peu importe que tu sois un dur à cuire en fuite parce que tu te crois le meilleur, et d’une certaine manière autorisé à faire ce que tu fais. Non. Car les salopards de durs à cuire ne sont pas assez rapides. À la fin, ils devront tous rendre compte. »
Fichtre…
Quelques minutes plus tard nous découvrons Nicolas Cage, de noir vêtu, armé d’un fusil à pompe qui arrache la main d’un malfaisant, dégomme quelques rotules avant d’exploser la voiture des malandrins et de marmonner un :
« C'est déjà l'enfer sur Terre. »
Ce que nous autres, spectateurs ébahis par le ralenti spécial 3D des balles, ne pouvons que croire à la vue des flammes qui montent au ciel.

Mais il est temps pour Amber Heard d’entrer en scène. Et c’est en tordant les couilles à son patron, puis en bottant le cul à la maitresse de son compagnon avant de se prendre une rouste, qu’elle s’acquitte de ce délicat problème.
Ceci fait Nicolas Cage peut prendre la route en compagnie de la belle, comme nous l’annonçait l’affiche du film.
Mais la route est longue et même les héros ont besoin de repos
Amber Heard trouvera celui-ci auprès d’un jeune homme qui, aussi nu que le jour de sa naissance, lui posera du vernis à ongles sur les doigts des pieds.
Nicolas Cage semblera y accéder en copulant avec une blonde serveuse, jusqu’à ce qu’une horde sauvage d’assassins armés envahisse la chambre de ses ébats.
Et là, place au grandiose, au sublime… à part que ce ne soit au ridicule :
Le braquemart figé dans la cramouille de la belle, une bouteille de whisky dans une main, un gun dans l’autre, il abat, un par un, les fâcheux.

Ceci fait, le film peut reprendre son cours aux senteurs de road movie vengeresses, jusqu’à ce que la surprise nous terrasse sur nos sièges.
Alors que nous n’en sommes qu’à la moitié de ce « Hell Driver », Nicolas Cage encaisse une balle tirée à bout portant en plein œil !!... Ce qui ne l’empêchera pas, quelques instants plus tard, de se relever pour reprendre la poursuite !

A ce stade du film nous nous remémorons la filmographie de Patrick Lussier :
• 2000 : The Prophecy 3 : the ascent (vidéo)
• 2000 : Dracula 2001
• 2003 : Dracula II : Ascension (vidéo)
• 2005 : Dracula III : Legacy (vidéo)
• 2007 : La Voix des morts : La Lumière
• 2009 : Meurtres à la St-Valentin 3D

Et nous soupçonnons la vérité :
Le pénitencier entrevu lors des images inaugurales n’était autre que l’enfer. Enfer d’où s’est enfui Milton avec à ses trousses l’étrange et cruel Comptable qui pourrait bien être le diable.

Que faire ? Quitter la salle ? A quoi bon ? Quand le vin est tiré, il faut le boire jusqu’à la lie, qui au final ne sera pas si amer que nous le redoutions.

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