Un jour.
Anne Desbaresdes assiste à la leçon hebdomadaire de piano de son fils.
-Et qu'est-ce que ça veut dire, moderato cantabile ?
-Je ne sais pas.
Soudain. Un cri dans la rue. La leçon s’arrête. Une femme a été tuée. Anne Desbaresdes regarde. Un homme étreint la morte.
Le lendemain.
Anne Desbaresdes, l'enfant à la main, pénètre dans le café. L’endroit du crime. Les ouvriers s’étonnent de sa présence. Car est la femme du Directeur des Fonderies. Gênée, elle commande un verre de vin.
Un homme s’approche. Elle veut savoir. Oui, savoir. Mais il ne sait pas.
Le lendemain encore.
Anne et l'homme se retrouvent. Devant un verre de vin. Soif, de savoir, mais il ne sait pas. Alors, il parle de sa grande villa, à elle. Du magnolia et de la fenêtre derrière laquelle il l’a aperçu.
Un autre jour.
Elle retourne au café. Ils boivent avec avidité. Pourtant, rien ne presse Anne, rien d’autre que son penchant naissant pour l’ivresse de ce vin. Et elle veut savoir, absolument. Alors, il sait tout. Oui, tout. Il le dit.
Un autre jour encore.
Une nouvelle leçon de piano.
-Moderato cantabile, dit l'enfant.
-Et qu'est-ce que ça veut dire, moderato cantabile ?
-Je ne sais pas.
Anne rejoint Chauvin. Elle boit. Interroge. Il sait. Raconte. Il invente l’histoire des amants. D’éros et thanatos.
La nuit tombe. Elle sera en retard au diner. Elle est en retard. N’entend rien, n’écoute personne. Elle sourit et boit.
Plus tard.
Elle retourne au café, seule. Les leçons de piano sont terminées. Car il ne sait toujours pas que veut dire moderato cantabile.
Ils se quittent.
Bonsoir tristesse. Bonjour mélancolie.

L A