La filmographie de Johnny Hallyday laisse rêveur les cinéphiles avertis, tant il se révèle ardu de répondre à la simple question : cet homme a-t-il du talent ?
Après une apparition en guitariste rêvant de retenir la nuit dans l’un des sketches de « Les Parisiennes » (1962) (1), le rôle principal dans « D'où viens-tu Johnny ? » (1963) (2), western camarguais qui fait la part belle aux bagarres, aux chevauchées, à l’amour et aux chansons puis celui de Frankie dans « À tout casser » (1968) (3) hymne à l’humanisme des jeunes blousons noirs, l’idole des jeunes enfile le cache-poussière dans ce western transalpin.
Pour l’occasion, il est dirigé par l’un des grands noms du cinéma bis italien, Sergio Corbucci dont les réalisations ne se résument pas à quelques Terence Hill et Bud Spencer. (4)

Le pitch ne surprendra aucun amateur de westerns spaghetti :
Hud arrive à Blackstone avec la ferme intention de venger son frère Charlie que les habitants du bourg ont lynché après qu’il ait attaqué la banque.
Mais Hud ne vient pas que pour se venger, il vient aussi pour retrouver l’argent que son frère a dissimulé. Malheureusement, il n’est pas le seul en quête du magot, le sanguinaire El Diablo espère lui aussi faire main basse sur les dollars.

Entre un Johnny Hallyday, qui mime le mystérieux mutisme du pistolero Clint Eastwood, une bande de vauriens, dont la violence nihiliste singe celle des droogies d’« orange mécanique », et un El Diablo, figure inévitable du truand version italo, Sergio Corbucci déroule une critique acerbe de la société bourgeoise avant de conclure son métrage par une étrange scène qui évoque la déportation.



1- De Michel Boisrond avec Catherine Deneuve

2- De Noël Howard avec Sylvie Vartan

3- De John Berry avec Catherine Allégret

4- On lui doit « Django » (1966) et « Le Grand Silence » (1968),

L A