Synopsis : Dans le huit clos étouffant d’un petit pavillon de banlieue épargné par la démolition, un couple vieillissant se déchire.

Un gyrophare sillonne les quartiers condamnés à la démolition. Partout, les maisons particulières sont criblées de plaies, éventrées, dépouillées. Les terrains vagues succèdent aux ruines et les grues surplombent ce paysage désolé. Partout, des histoires s’émiettent, partent en poussière, s’évaporent dans le sillage des camions-bennes qui se croisent. Les grands ensembles vont jaillir peu à peu de la terre retournée et initier d’autres histoires, d’autres souvenirs à ressasser.
Là, à l’extrémité d’une impasse, une bâtisse modeste se dresse encore, grisâtre, endeuillée, précaire. Une question de semaines.
Là, dans les pièces étouffantes de la demeure, un couple ne communique plus que par échange de petits papiers. Leurs regards ont cessé de se croiser autant que leurs paroles, tandis que leurs corps s’esquivent. A chacun son quotidien, à chacun ses choses et ses trajectoires dans cet espace préservé de l’extérieur par des volets clos.
Depuis le chat.
Progressivement, l’histoire remonte le temps et révèle le passé de ce couple ; les pourquoi, les comment, les instants, les déchirures successives qui font des brèches irréparables. Des séquences lumineuses entrecoupées de clair-obscur ; des mots joyeux ponctués d’un persistant silence de tombe. Simultanément à « leur » histoire, celle du quartier défile. Une histoire d’amour part en lambeaux comme les façades s’effondrent sous nos yeux. La ville change ; les sentiments s’épuisent.
Dans cette adaptation saisissante du roman homonyme de Georges Simenon, le « duel » Signoret-Gabin est tout simplement bouleversant. Un grand classique du cinéma français, qu’on a vu et revu, mais dont on ne ressort pas indemne.

CYRIL HERRY