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LéonUn film deLuc BessonavecJean Reno |
1270 Lectures Depuis Le mardi 28 Fevrier 2012 |
« Léon » marque la première apparition à l’écran de Natalie Portman, la future Sénatrice Amidala de « Star Wars, épisodes I, II et III », alors âgée de treize ans. Il célèbre aussi une sorte de consécration de Jean Réno, qui est nommé durant la 20e cérémonie des César pour le trophée du meilleur acteur. Il établit aussi le fait que si Luc Besson n’excelle pas dans la durée, il maitrise à la perfection l’instant. Car en fait ce film peut se résumer à deux instants dilatés à l’extrême comme si le réalisateur tentait d’en extraire une esthétique aussi décalée que baroquisante. L’exécution de la famille recomposée, de bric et de broc mal assortie, de Mathilda par la horde de flics corrompus qui agit sous les ordres du très azimuté Norman Stansfield, aficionado de Beethoven, en constitue la première manifestation. D’une durée de 10 minutes, elle évoque la très belle scène d’ouverture du film « Gloria », de John Cassavetes… le relâchement des corps, la poisse et la moiteur en moins. Le second moment central du film se situe quelques minutes avant sa fin. Il s’agit de l’attaque de la chambre d’hôtel où séjournent Léon et Mathilda par une escouade de policiers sur armées. Et ce coup-ci, le déchainement de violence explosive et mitraillant s’étire sur 15 minutes. Entre ces deux moments, Luc Besson déroule une romance, dont le ressort se dissimule dans les films de genre « buddy movie » : deux individus aux caractères antagoniques doivent « travailler » de concert, ce qui n’est pas sans poser de graves problèmes ; mais au terme du film, ils seront devenus les meilleurs amis (ou amants, si union). Lorsque Mathilda revient des courses et devine le massacre que sont en train de perpétrer les hommes de Stansfield, elle n’a pas d’autre recours que de se réfugier chez son voisin Léon. Celui-ci, d’abord très hostile, va se laisser apprivoiser par la fillette jusqu’à sacrifier sa vie pour sauver la sienne. Si nous ajoutons aux 25 minutes que durent les deux scènes citées antérieurement, celle sur laquelle s’ouvre le film et qui n’a pour utilité scénaristique que de camper le personnage de Léon, nous obtenons une trentaine de minutes. En d’autres termes, trois scènes de ce film, qui en compte plusieurs dizaines, occupent un quart du film. Ceci ne valide-t-il pas, en l’affinant, le jugement précédant : Luc Besson est le cinéaste de l’instant, non pas de l'instant fugitif qui acquiert une valeur d’éternité, mais de l’invraisemblable instant qui revêt une longévité propice à ce qu’explose, à l’écran, une intellectualité absconse ?
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