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Full Metal JacketUn film deStanley KubrickavecMatthew Modine |
1730 Lectures Depuis Le vendredi 26 Avril 2013 |
Apres des réalisateurs comme Michael Cimino, Francis Ford Coppola ou Oliver Stone (1), c’est au tour de Stanley Kubrick de s’intéresser, à sa manière, à la Guerre du Viêt Nam avec ce film sorti quatorze ans après la fin du conflit et vingt ans après les faits relatés. Mais est-ce vraiment à cette guerre particulière à laquelle le réalisateur dédie ce film ? N’est-ce pas plus généralement à la guerre qu’il le consacre ? D’un point de vue formel, « Full Metal Jacket » se compose de deux parties distinctes et entièrement autonomes dans la mesure où la fin de la première partie aurait pu constituer le dénouement d’un film et le début de la deuxième partie la scène d’ouverture d’un autre film. Un groupe de nouvelles recrues dans le corps des Marines arrive au camp d'entraînement de Parris Island, en Caroline du Sud. Il est immédiatement pris en main par le sergent instructeur Hartman. Sa méthode ne dévie jamais de l'injure et l'humiliation que soutient la recherche d’un bouc émissaire à même de servir d’exutoire à chaque recrue. Au terme de cette longue période de conditionnement brutal, ce soldat bascule dans la folie. Et avant de se suicider, il abat le sergent instructeur. Nous sommes maintenant au Viêt Nam où nous retrouvons la recrue surnommée le « Guignol » (2). Celui-ci a été affecté, en tant que journaliste, au magazine militaire « Stars and Stripes ». Autant dire qu’il bénéficie d'un poste privilégié. Malheureusement, son mauvais esprit lui vaut de partir en reportage sur la ligne de front alors que les forces du nord Viêt Nam viennent de lancer l'offensive du Tet.(3) Il n’est plus question dans cette seconde partie de discipline, d’obéissance, de fusil à l’épaule, de lits au carré ou de rangers impeccablement lacés. Plus aucun supérieur, bas du front, ne hurle à tout va et à longueur de journée. Il est question de guerre, c'est-à-dire de survie face à un ennemi invisible. A l’opposé de l’ordre et de la propreté qui régnaient précédemment, ce ne sont que ruines, boue, saletés, sang et morts qui maintenant envahissent l’écran. Aux cris de l’instructeur Hartman succèdent les explosions et les crépitements des armes automatiques arrosant, à l’aveugle, des façades éventrées d’une pluie de balles entièrement chemisées métal. Apres la destruction des personnalités lors des mois d’entrainement, les barrières morales sautent sous le feu du camp d’en face, sous la nécessité de survivre. Ainsi, le soldat, régulier ou non, devient enfin ce pour quoi il a été conçu : une machine à tuer, dont nous croissons quelques spécimens parfaits dans les personnes de deux mitrailleurs.(4) 1- Voyage au bout de l'enfer, Apocalypse Now, Platoon 2- Ce personnage sert de fil conducteur 3- 30 janvier 1968, les forces combinées du Front national de libération du Sud Viêt Nam (ou Viet Cong) et de l'Armée populaire vietnamienne, lancent une offensive générale sur 100 villes du Sud. Si militairement l'offensive du Têt se solde par un échec, elle se révèle être un succès politique, puisqu’elle affecte profondément l’administration de Lyndon Johnson et renforce le camp antiguerre. 4- Le mitrailleur de l'hélicoptère qui emmène « Guignol » au front et qui s’amuse à tirer sur des civils vietnamiens (cette scène serait inspirée de faits réels). « Brute épaisse », un autre mitrailleur qui affirme ne se battre que pour l'amour du carnage.
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