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BellamyUn film deClaude ChabrolavecGérard Depardieu |
1967 Lectures Depuis Le mardi 3 Mars 2009 |
L’intrigue policière est à la fois simple et vaguement définie : Un homme, Noël Gentil, qui escroque une compagnie d’assurance, se fait passer pour mort, se refait faire le visage et projette de s’esquiver en compagnie de sa maîtresse. A la manière d’un Maigret en vacances, le commissaire Bellamy s’intéresse à l’affaire… à part que ce ne soit Noël Gentil qui ne s’intéresse au commissaire. Et cette ambiguïté illustre à merveille le climat qui enveloppe le film. Ambiguïté des rapports entre les protagonistes, des personnages eux-mêmes. Noël Gentil est-il un assassin ou une victime? Le SDF a-t-il été assassiné ou s’est-il suicidé? Et que penser de la maîtresse de Noël Gentil ? Mais l’ambiguïté n’est pas seulement dans l’intrigue, elle est mise en images. Ce que nous voyons est aussitôt remis en question par ce que nous verrons ou entendrons. Le frère de Bellamy sort de sa chambre torse nu, la femme du commissaire apparaît à l’écran légèrement essoufflée. La caméra pénètre dans la chambre, le lit est défait. Les personnages se comportent en parfaite innocence, mais la caméra subjective (qui adopte le point de vue de Bellamy) insuffle le trouble, trouble qui demeurera. Culpabilité et innocence ? « C'est 50-50, comme tout le monde », car tout le monde est au bord du précipice… Si le style fait l’œuvre, si la manière fait le cinéaste, Claude Chabrol est un cinéaste qui construit tout au long de sa filmographie une œuvre, à l’image de l’utilisation toute personnelle qu’il fait de la musique. Les amateurs exclusifs d’explosions et d’effets spéciaux le savent : Claude Chabrol n’est pas pour eux. Par contre tous ceux qui ne rechignent pas devant une mise en scène d’une province fluide se régaleront en suivant le quotidien d’un Depardieu au sommet de son art, d’un Cornillac, d’un Gamblin et d’une Marie Bunel magnifique.
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