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Un FlicUn film deJean-pierre MelvilleavecAlain Delon |
2674 Lectures Depuis Le mercredi 31 Mai 2006 |
Synopsis : En hiver, dans une station balnéaire, une banque est dévalisée par une bande dont le cerveau est Simon, un ami du commissaire Coleman. L’argent doit servir à monnayer un important chargement de drogue. Le commissaire est informé de ce « coup » par un indicateur. Pour son tout dernier film, Melville nous offre une succession de séquences chacune dotée d’un rythme, d’un ton, d’une température spécifique. On retrouve par ailleurs ce principe de façon très prononcée dans « Le cercle rouge » et dans « L’armée des ombres », dont chaque partie pourrait faire l’objet d’un film court, d’une certaine façon. Nuit et jour s’y alternent de manière équilibrée, bien que tranchante, imposant une cadence au film où les aubes répondent aux crépuscules qui basculent brusquement vers un midi furtif ou une séquence nocturne tournée en temps réel : un braquage de train par hélicoptère qui, par sa structure, évoque celui de la bijouterie dans « Le cercle rouge ». L’ouverture spectaculaire nous rappelle que Melville est maître en matière d’immersion du spectateur dans une ambiance mesurée et organisée au détail près. Ici, le montage son et image conjugués nous propulsent sans délai dans le décor… Quant à Delon, il ne surprend ni ne déçoit. Commissaire dans « Un flic », on l’a vu tout aussi impénétrable et infaillible, bien que moins bavard, en tueur à gage dans « Le samouraï ». La relation qu’il entretient ici avec Catherine Deneuve, fascinante, nous captive tout en nous échappant, mais on sait que Melville a coutume de taire le passé de ses personnages. Et tandis que l’histoire se tisse sous nos yeux, il nous faut alors recomposer simultanément celles qui se sont déroulées auparavant. Un défi lancé au spectateur d’ordinaire bercé par les films livrés clés en main avec pour seul objectif une énigme à percer. En fin de compte, « Un flic » apparaît tel un testament où le réalisateur aurait repris toutes ses cartes afin de les combiner autrement et de servir un ultime chef d’œuvre. Décevant ? Loin de là. Moins audacieux que « Le deuxième souffle » ou « L’armée des ombres » ? Très certainement. Mais ce film prend aussi les airs d’un regard glissé par dessus l’épaule du réalisateur, en direction du lent cheminement effectué à coup de méthodes, d’expériences de l’image, de l’ombre et de la lumière, de jeux de regards muets et de matins brumeux qui s’incrustent dans la mémoire. Un testament, si ç’en était un, qui laisserait un arrière-goût de Melville qui ne fait pas dans la dentelle et prend plaisir à travailler la chair de son image, tout comme celle de ses personnages lorsqu’il les confronte. La chair de son époque, aussi, qu’il interrogea et ne cessa de mettre en doute, car jamais il n’a s’agit de donner tort aux bons ou aux méchants, mais simplement de raconter des histoires d’hommes désillusionnés et révoltés.
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