Certains voient le rêve comme le moyen de réaliser des désirs que la bienséance désapprouve, d’autres les divisent en deux catégories, les sexuels et les somatiques. Les plus intrépides croient qu’il constitue une ligne directe avec le divin, parfois parasitée par les démons, pendant que les plus prudents l’assimilent à un rébus, par définition sibyllin, qu’il conviendrait de décoder.
Charles Farmer est étranger à ses querelles byzantines puisqu’il maîtrise le contenu et le déroulement de son rêve, de son rêve d’astronaute.
Et c’est avec acharnement qu’il construit dans la grange de sa ferme la fusée qui l’arrachera à l’attraction de la Terre et lui permettra d’en faire plusieurs fois le tour. Et c’est avec ce même acharnement qu’il fait face aux financiers qui menacent de lui saisir ces terres ainsi qu’aux services gouvernementaux – FBI, CIA, NASA, Services Sociaux — qui au nom du Patriot Act, tentent de lui interdire tout envol.

Ce petit film sympathique, qui aligne quelques images d’Epinal à déclinaison biblique et voit passer un Bruce Willis en colonel, place le spectateur en curieuse position.
Qu’elle est sa quête lorsqu’il pénètre dans la salle obscure où est projeté ce métrage ?
Du rêve lucide.
Que voit-il à l’écran ?
Un rêve lucide.
Spectateur et protagoniste ne sont ainsi que le reflet l’un de l’autre. Et si l’un concrétise son rêve l’autre sait que « c’est pour de faux », l’un et l’autre restant interchangeables.

L A