Un représentant (Dewaere) spécialisé en toutes formes d’ustensiles et pacotilles bon marché, qui passe son temps à faire du porte-à-porte. Un employeur (Blier), picsou perspicace et totalement indifférent aux galères de son employé. Une vieille femme avare qui vit seule dans une maison isolée avec sa nièce, jeune et naïve (Marie Trintignant), « offerte » ce jour-là en échange d’une robe de chambre.
Et lorsque la nièce supplie le représentant paumé de la délivrer pour l’emmener loin d’ici, celui-ci rechigne, d’autant qu’il est marié et que le mutisme de la demoiselle l’énerve particulièrement. Cependant, en dépit des personnalités incompatibles et du rêve inaccessible, une complicité s’instaure et le paumé s’attache à la gamine.
Cette dernière, insistante et bientôt encombrante, parviendra vite à convaincre son prince de miser sur le rêve, en évoquant notamment le magot que la vieille semble dissimuler dans sa sombre baraque.
La suite rend un complot savamment orchestré qui tourne néanmoins au drame et attire l’attention de l’employeur.
Dans le paysage cru de la fin des années 70 parfaitement cerné par Corneau, la perspective d’une vie meilleure ne cesse de marauder tout en s’éclipsant dès qu’on l’approche de trop près. L’argent y apparaît comme un idéal qui s’obtient sans ambition, une entité irrésistible qui accapare les êtres, menace de les anéantir ou, dans le meilleur des cas, les réexpédie à la case départ sans aucun bénéfice.
Un film noir singulier, des performances d’acteurs stupéfiantes, une perle incontournable du cinéma français.

CYRIL HERRY