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Reprise, « Un Voyage Au Cœur De La Classe Ouvrière »Un film deHervé Le Rouxavec |
845 Lectures Depuis Le lundi 12 Mars 2018 ![]() |
« C'est saboté le vote ! ils ont fait ça à la saloperie (...) Non, je rentrerai pas là-dedans. Je mettrai plus les pieds dans cette taule. Vous rentrez-y, vous ! Allez voir quel bordel que c'est ! On est dégueulasse : jusque là, on est toutes noires. Les femmes qui sont dans les bureaux, elles s'en foutent. Elles fayotent avec le patron. » Mai 68 : Jacques Willemont (1), alors à l'IDHEC en « grève active », entame le tournage d’un film intitulé « Sauve qui peut Trotsky » dont le sujet est l’Organisation communiste internationaliste (OCI) (1) dans le mouvement ouvrier et étudiant. C’est dans ce cadre que quelques étudiants, dont Pierre Bonneau, se rendent aux portes de l’usine Wonder à Saint-Ouen. Le hasard leur permet de capter ce plan-séquence d’une dizaine minutes où une ouvrière refuse de reprendre le travail. Du métrage « Sauve qui peut Trotsky », il ne subsiste que ce plan dont d’aucuns diront : « En mai 68, le travail reprend, les syndicats font semblant de crier victoire, les élections ne sont pas loin. Aux usines Wonder aussi tout rentre dans l'ordre. Soudain une femme ose se révolter, elle craque, elle dit qu'elle ne veut pas reprendre le travail, que c'est trop horrible. Un étudiant de l'IDHEC est là avec une caméra et un magasin de douze minutes. Il enregistre la « scène ». Ce petit film, c'est la scène primitive du cinéma militant, La Sortie des usines Lumière à l'envers. C'est un moment miraculeux dans l'histoire du cinéma direct. La révolte spontanée, à fleur de peau, c'est ce que le cinéma militant s'acharnera à refaire, à mimer, à retrouver. En vain. » (Serge Daney et Serge Le Péron, « Le direct en dix images », in Cahiers du cinéma n°323-324, spécial Situation du cinéma francais I, mai 1981) « Le seul film intéressant sur les événements [de mai 68], le seul vraiment fort que j'aie vu, c'est celui sur la rentrée des usines Wonder, tourné par des étudiants de l'IDHEC, parce que c'est un film terrifiant, qui fait mal. C'est le seul film qui soit vraiment révolutionnaire, peut-être parce que c'est un moment où la réalité se transfigure à tel point qu'elle se met à condenser toute une situation politique en dix minutes d'intensité dramatique folle. » (Jacques Rivette, 27 juillet 1968) En 1997, trente ans après, Hervé Leroux part à la recherche de la jeune femme en colère. De ce documentaire titré « Reprise » et sous-titré « Un voyage au cœur de la classe ouvrière », Gérard Lefort (Libération) dit : « Tour à tour ou simultanément, comme un polar social (qui a tué la classe ouvrière ?), un livre d'histoires françaises et d'Histoire de France, et aussi, surtout, comme une romance amoureuse. » 1- https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Willemont 2- https://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_communiste_internationaliste
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