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Prêt-à-porterUn film deRobert AltmanavecJulia Roberts |
5660 Lectures Depuis Le vendredi 17 Fevrier 2012 |
Au sujet de ce film, tourné durant la semaine de la mode à Paris au printemps 1994, le réalisateur expliquait dans un interview à libération « Prêt-à-porter ne traite pas des habits, mais de la nudité : pourquoi couvrons-nous notre nudité ? (…) Chaque épisode raconte comment nous utilisons les habits pour nous déguiser ou marquer une position. (…) Petit à petit, nos vêtements sont devenus des uniformes. Prêt-à-porter constate ce phénomène sans le juger : notre déguisement quotidien. (…) Prêt-à-porter a été reçu comme un documentaire sur la mode. L'échec était donc programmé. » Est-ce vraiment parce que l’attente a été déçue que ce film n’a pas trouvé son public ? Rien n’est moins sûr. En fait, « Prêt-à-porter » semble souffrir de plusieurs faiblesses dont la plus criante est l’absence de scénario : nous n’assistons pas à un film, mais à une multitude de saynètes, loufoques pour la plupart, qui se croisent et se tissent, telle la laine disparate d’un pull multicolore. Marcello Mastroianni et Sophia Loren rendent un hommage vibrant au cinéma italien, pendant que Jean Rochefort et Michel Blanc semblent se débattre dans un onzième épisode de « Bœuf-carottes » (1). La très pudique Julia Roberts (2) joue au fantôme à deux bosses en compagnie de Tim Robbins alors que Tom Novembre, Richard E. Grant, Forest Whitaker et Ute Lemper campent des personnages d’un vaudeville louchant du côté de chez « Pédale douce »… et lorsque vient l’instant du dénouement, que Julia Roberts et Tim Robbins retrouvent, en même temps que leurs habits, leur esprit, nos yeux s’ébahissent de tant d’audace révolue : les mannequins défilent nues, tels des aficionados d’un Woodstock ressuscité. La seconde faiblesse de ce film, qui explique d’ailleurs sa première, tient du trop-plein, pour preuve, la distribution : Marcello Mastroianni , Sophia Loren , Jean-Pierre Cassel, Kim Basinger, Chiara Mastroianni, Stephen Rea, Anouk Aimée, Rupert Everett, Rossy de Palma, Tara Leoni, Georgianna Robertson, Lili Taylor, Ute Lemper, Forest Whitaker, Tom Novembre, Richard E. Grant, Anne Canovas, Julia Roberts, Tim Robbins, Lauren Bacall, Lyle Lovett, Tracey Ullman, Sally Kellerman, Linda Hunt, Teri Garr, Danny Aiello, Jean Rochefort, Michel Blanc. Et comme si cela ne suffisait pas, ajoutons les apparitions : Harry Belafonte, Björk, Paolo Bulgari, Anello Capuano, Cher, Helena Christensen, David Copperfield, Gamiliana, Elsa Klensch, Serge Molitor, Claude Montana, Thierry Mugler, Tatjana Patitz, Nicola Trussardi, Puis les stylistes Sonia Rykiel, Jean-Paul Gaultier, Christian Lacroix, Issey Miyake, Gianfranco Ferré Et enfin les Top models Susie Bick, Carla Bruni (3), Naomi Campbell, Linda Evangelista, Ève Salvail, Claudia Schiffer, Adriana Sklenaríková, Christy Turlington. Autant dire que ce « Prêt-à-porter » ne pouvait pas résister au syndrome du « Jour le plus long » de la mode. Concluons sur une citation : « Que l’on sache seulement que toute l'invention des films américains, leur jeunesse, est de refaire du sujet la raison même de la mise en scène, que le cinéma français vit encore sur je ne sais quelle croyance a la satire, qu'absorbé dans la passion du joli et du pittoresque, dans la lecture de Tristan et Yseult, il délaisse le juste et le vrai et, autrement dit, risque d'aboutir au néant. » Jean-Luc Godard Les Cahiers du cinéma 1952 N°10 Ne serait-ce que pour sa fascination du « joli et du pittoresque », « Prêt-à-porter » mérite grandement le label made in France 1-Série télévisée française créée par Joël Houssin, réalisée de 1995 à 2001 2-Paradoxalement, cette actrice est devenue un sex-symbol en ne dévoilant, au plus, que le galbe de ses jambes. 3-Ses débuts au cinéma ne sont donc pas à mettre à l’actif de Woody Allen.
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