Au terme d’un succinct rappel des mésaventures, de la future humanité en ce commencement des temps, que conclut le meurtre d’Abel par son frère, l’ombrageux Caïn (1), Darren Aronofsky convie le spectateur à délaisser durant une paire d’heures ses grains de maïs soufflés à chaud, sucrés ou salés, pour s’intéresser à Noé (2).
Est-il nécessaire de résumer l’histoire du susdit Noé que nous content si bien et en si peu de mots (2500 d’après les spécialistes) les chapitres 6, 7 et 8 de la Genèse ?

Est-il utile de préciser qu’un tel métrage ne pouvait que s’attirer les foudres, non pas du ciel, mais de ses séides sur terre ?

Ainsi leurs plus ardents représentants ont-ils décrété : « « Noé », film antichrétien et mensonger sortant ce 9 avril (2014) : à fuir ! »
Et pourquoi serait-il antichrétien et mensonger ?
Oublions l’accusation cocasse de « mensonger », puisqu’il s’agit d’un film et non pas d’un documentaire (3), c'est-à-dire d’une fiction qui par définition ne peut pas être véridique.
Alors en quoi ce film serait-il antichrétien ?
Parce que ce film induit l’idée que Dieu souhaite éradiquer l’humanité, c’est du moins ce qu’écrit www.contre-info.com d’après un article de Jérémy Sourdril (4)
« En entrant dans l’arche, Noé croit que Dieu veut éradiquer l’humanité entière et qu’il veut sauver les animaux. Alors, la terre deviendrait ce qu’elle était avant que l’homme n’existe, et Dieu serait satisfait. »

Mais ces fervents semblent avoir fait fi de :
« Car, encore sept jours, et je ferai pleuvoir sur la terre quarante jours et quarante nuits, et j'exterminerai de la face de la terre tous les êtres que j'ai faits » Genèse 7-1
« Tout ce qui se mouvait sur la terre périt, tant les oiseaux que le bétail et les animaux, tout ce qui rampait sur la terre, et tous les hommes.
Tout ce qui avait respiration, souffle de vie dans ses narines, et qui était sur la terre sèche, mourut. Tous les êtres qui étaient sur la face de la terre furent exterminés, depuis l'homme jusqu'au bétail, aux reptiles et aux oiseaux du ciel: ils furent exterminés de la terre. Il ne resta que Noé, et ce qui était avec lui dans l'arche. » Génèse 7-21,22,23.
Mais qu’importe la Genèse, www.contre-info.com et autres zélateurs à qui l’on soumet de bon cœur ce petit problème :
Comment est-il possible que partant D’Adam et Eve les hommes aient pu se multiplier ? En d’autres termes si l’on comprend aisément D’Adam et Eve aient pu donner naissance à deux fils, comment Caïn a-t-il fait pour fonder une lignée ? (5)


Mais revenons-en au film et au film seulement. Qu’était en droit d’attendre le spectateur en pénétrant dans la salle de cinéma, une fois sa dizaine de demi-denier versée ?
Certainement pas cet interminable péplum aux relents d’heroic fantasy à tendances écologiques où courent des Transformers en granit ou calcaire.
Certainement pas ce laisser-aller du costumier et de son équipe !
Un Noé arborant un manteau au boutonnage aussi moderne (Image 1) ou des chaussures aux lacets d’un siècle à venir (image 2), est-ce vraiment sérieux ?
Et que dire de la tenue de son épouse (Image 3) ?
Et ce poignard cranté, style pêche chasse et tradition, que brandit Noé est-il vraiment d’époque (Image 4)…
Quant à l’image 5, elle provient bien de « Noé » !





1- Le quatrième chapitre de la Génèse rapporte l’histoire d’Abel et Caïn.
Caïn était cultivateur et Abel pasteur de petit bétail. Un jour les frères vinrent faire des offrandes à Yahvé. Caïn offrit les produits du sol et Abel offrit les premiers nés de son troupeau et leur graisse. Seule l'offrande d'Abel est agréée. Alors Caïn, le cultivateur, tue son frère Abel, le pasteur.

2- il s’agit du descendant, l'ancêtre de tous les hommes après le Déluge, de Seth, le troisième enfant d'Adam et Ève, conçu après le meurtre d'Abel par Caïn.

3- Que même TF1 n’annonce pas…

4- Le curieux impénitent peut consulter http://www.enseignemoi.com/jeremy-sourdril/

5- La même question se pose lors du reboot, après le déluge.

L A