|
|
||||
Marie OctobreUn film deJulien DuvivieravecDanielle Darrieux, |
2179 Lectures Depuis Le vendredi 5 Juillet 2008 |
Ce film de Julien Duvivier est-il un polar ? Aujourd’hui, sans hésiter, nous répondrions oui dans un grand élan enthousiaste. Nous avons pris de la distance, vu des films dialogués par Audiard et lu Agatha Christie. Mais à l’époque de sa sortie (1959), ce n’était pas si évident. Suffisait-il de réunir dans un même casting Blier, Meurisse, Dalban, Frankeur et Ventura, sans parler de Reggiani, pour, dans une même histoire, faire fonctionner un passé récent (la résistance) avec une énigme de genre policier pour remporter du même coup l’adhésion du public ? J’imagine que le sujet était encore assez sensible… Qui avait plus ou moins traficoté, tiré parti de la guerre, avant ou après, qui s’était « mouillé » avec l’occupant ? Qui avait trahi ? C’est le sujet du film. Des amis qui ont fait partie du même groupe de résistants durant la Seconde Guerre mondiale, se retrouvent, 15 ans après la Libération, pour découvrir celui qui avait livré aux allemands le réseau «Vaillance ». Le chef du groupe, Castille, ayant été tué au cours d’une opération de la Gestapo. Marie Octobre (Danielle Darrieux), son ancienne amie et collaboratrice, souhaite que la vérité éclate et que le traître soit démasqué… À l’époque, Paul Meurisse (resplendissant) a déjà joué dans 33 films et sort à peine des « Diaboliques » (1955), Bernard Blier s’est déjà illustré dans 63 films (combien de polars ? « Quai des orfèvres » date de 1948), Robert Dalban, lui, a déjà montré sa sale tronche dans 80 films (mais pas encore dans « Les Tontons flingueurs » de Lautner) ; Ventura, face à ces « monstres », n’avoue modestement que 32 films (mais, pas de doute pour sa défense, le polar dans sa carrière est à l’affiche ! En 1958, dans « Ascenseur pour l'échafaud » de Louis Malle il est là, de même dans « Le Rouge est mis, aux côtés de Gabin). Quant à Paul Frankeur, il s’est mouillé, avec son ton toujours gouailleur, dans « Touchez pas au grisby » (1954), « Le Rouge est mis » ou « Le Fauve est lâché » (1959). Serge Reggiani a derrière lui la bagatelle de 30 films, dont l’incontournable « Les Salauds vont en enfer » de Robert Hossein d’après Frédéric Dard en 1955. Chacun donnera à son tour le meilleur de lui-même dans une histoire pleine de rebondissements. Jusqu’à la fin laissée à Danielle Darrieux. Alors ? Alors, j'ai honte. J'ai honte d'avouer que je n'avais pas encore vu « Marie Octobre ». Pour ma défense : j'avais à l'époque à peine 8 ans. À ma décharge : je suis un fan de Danielle Darrieux qui trouvait là l'occasion de confronter son talent aux pointures de l’époque. Car ils sont (presque) tous là... Nos héros polardeux en noir et blanc des années 50, sans fard, pleins de talent. Dans un huis clos, une enquête à la manière d'Agatha, dans un polar décalé à peine sorti de la guerre...
|
|