D’après l’œuvre de Georges Simenon, et sur des dialogues signés Audiard, l’inspecteur Maigret (Jean Gabin) enquête sur une série d’assassinats de femmes. Les meurtres commis et l’atmosphère qui règne alors dans les quartiers parisiens prennent un air du Londres de Jack l’éventreur, bien que le brouillard nous soit épargné.
Mais on se passera aisément du brouillard ; le décors est propice, on s’y engouffre sans peine et on en ressort avec une seule envie : y replonger.
L’enquête complexe balade le spectateur d’une fausse piste à une autre ; les dialogues viennent cependant dynamiser le doute ; tandis que la réalisation nous régale par le soin apporté aux cadrages et à la mise en scène.
Gabin en Maigret est une forme d’évidence ; une autre manière d’injecter le comédien dans une histoire sombre, maîtrisée dans sa forme de bout en bout. Saisissant en inspecteur qu’on ne dupe pas, comme il le sera en truand expérimenté maintes fois au cours de sa carrière. Pour sa part, Annie Girardot y apparaît en personnage à double-tranchant, séduisante et trompeuse, manipulatrice et brillante.
Sur la fin du film, les différentes scènes d’interrogatoire sont une succession de coups de théâtre dans tous les sens du terme…
Un véritable moment de plaisir, tant pour l’œil que pour le cerveau.

CYRIL HERRY