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Les TricheursUn film deMarcel CarnéavecJacques Charrier |
805 Lectures Depuis Le dimanche 11 Aout 2019 ![]() |
Bob (pour Robert Letellier), fraichement licencié de Sciences, se remémore le passé. C’est chez un disquaire qu’il avait rencontré Alain, un jeune bohème en rupture d’étude vivant aux crochets des uns et des autres. Et c’est lui qui l’a présenté à la bande de jeunes dont la vie semble se résumer à de longues après-midi au Bonaparte, café de Saint-Germain-des-Prés et à des surboums alcoolisées chez Clo (pour Clotilde de Vaudremont), une jeune aristocrate. Bob était tombé amoureux de Mic (pour Michèle), une des filles de la bande qui rêvait de voiture, et Mic était tombée amoureuse de Bob. Mais se déclarer son amour, cela ne se fait pas dans ce monde où tricher est la règle ! sauf que, comme de bien entendu, cela ne peut que mal finir. « Les tricheurs » (1) se veut une comédie de mœurs ayant pour protagonistes la jeunesse de la fin des années 1950. Et chacun boit, danse, fume, adore le jazz et la vitesse, couche et vit d’expédients, clamant haut et fort « No Futur » à la sauce de ce temps jadis. Mais les six décennies qui séparent le regardeur contemporain avec sa date de sortie n’ont pas été tendres à l’égard du métrage. Et toutes les faiblesses intrinsèques dont il était porteur explosent à l’écran. En premier lieu et contrairement à ce qu’affirmait une certaine critique, les protagonistes du métrage ne sont pas la jeunesse, mais une certaine jeunesse, celle qui avait le loisir de faire ou de ne pas faire d’études supérieures, celle qui hantait la nuit venue les caves germanopratines, celle plus rare encore qui organisait ses sauteries dans les appartements spacieux ou les châteaux des parents. En deuxième lieu et conséquemment, le métrage prétend ébaucher une différence sociale entre la bande du Bonaparte et Bob, un gosse du 16e arrondissement de Paris. Malheureusement, de différence il n’y a pas, tous se comportant à l’identique et il y en a encore moins que Clo, fille d’une famille richissime, fait partie de la bande Mais qu’importe, car outre un scénario à l’intérêt discutable et au dénouement moralisateur, outre une durée excessive, le film souffre d’un défaut rédhibitoire : être hors société ; être hors politique ; être hors-sol. 1957 : L'appel au contingent permet au gouvernement de mobiliser 418 000 hommes en Algérie. Dix mille soldats ont été tués depuis le début du conflit. Et cette réalité que le film occulte fournit, peut-être, un élément explicatif au malaise de la jeunesse que le métrage entend illustrer Au final, « Les tricheurs » permettra au regardeur contemporain de découvrir les premiers pas cinématographiques d’un Jean-Paul Belmondo, Jacques Perrin et même Guy Bedos. 1- Il obtint le Grand prix du cinéma français l'année de sa sortie
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