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Les Nuits Avec Mon EnnemiUn film deJoseph RubenavecJulia Roberts |
5522 Lectures Depuis Le dimanche 12 Fevrier 2012 |
« Les nuits avec mon ennemi » constitue une exception des plus captivantes dans la filmographie de la très romantique Julia Roberts et permet aussi d’admirer l’immense efficacité de Patrick Bergin, dans le rôle glaçant d’un psychopathe à la douceur dépolie Martin est un individu maniaque, possessif et jaloux. Laura est son objet, celle qui doit tenir la maison de façon impeccable, servir les repas à l’heure et écarter les cuisses lorsqu’il le décide… et si elle déroge à ses obligations, Martin s’accorde le droit de la frapper. Quoi de plus normal que Laura n’aspire qu’à la fuite, synonyme de renaissance, de vie ? Elle, qui officiellement ne sait pas nager, profite d’une sortie nocturne en mer sur le voilier d'un voisin, pour disparaitre dans une mer démontée. Malheureusement, quelques mois plus tard Martin découvre la supercherie et se met à sa recherche avec la ferme intention de lui faire regretter ses velléités de liberté. A chaque moment de ce thriller, qui au travers d’un cas de violence conjugale accède à l’universel, correspondent des images et un climat radicalement antinomique qui participent, en deçà du scénario, à la montée de l’angoisse et du suspense. Durant les vingt premières minutes du film, nous découvrons le Martin et Laura dans leur luxueuse villa de bord de mer. Le cinéaste filme le couple, la plupart du temps, à travers les immenses baies vitrées qui ouvrent la demeure sur un infini néant, emprisonnant Laura dans une immense transparence, sous œil doux, mais inquisitoire de Martin. A l’ordre et à la géométrie épurée de cette maison répond le plan plongeant sur la rue paisible, bordée d’arbres automnaux, de la ville où se réfugie Laura au terme de sa fuite longuement préméditée. Et cette rupture stylistique est aussitôt amplifiée par l’opposition de géométrie entre la maison que loue Laura et celle qu’elle vient de fuir. La transparence des baies vitrées cède la place au désordre volontaire qu’organise Laura dans chaque pièce. Car la libération n’est pas seulement physique, elle suppose l’émancipation psychologique. Le film s’installe durant une dizaine de minutes dans un climat de romance qui se concentre dans une longue scène où Laura se déguise sous le regard tendre d’un jeune professeur de théâtre. Mais au terme de quarante-cinq minutes de narration linéaire, le cinéaste nous entraine loin de cette paisible ville pour cadrer le visage inquiétant de Martin alors qu’il découvre la supercherie de sa femme. Ce que nous redoutions va se réaliser : Martin va se mettre en chasse. Et le long des quarante-cinq minutes qui vont suivre, le film glisse vers l’illustration parfaite du suspense selon Hitchcock : la bombe Martin risque d’exploser à tout moment ; Laura et son nouvel ami badinent et multiplient les imprudences. La scène dans la maison de retraite où Laura et Martin se croissent, mais ne se voient pas, en constitue le plus frappant des exemples. Quittant le monde hitchcockien, le film bifurque lors du dénouement vers celui d’« Halloween, La Nuit Des Masques ». Dès l’instant où Martin localise Laura, il disparait du champ pour s’installer à l’instar de Michael Myers dans un hors-champ envahissant et angoissant, car porteur de tous les dangers.
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