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Le TrouUn film deJacques BeckeravecJean Keraudy |
2501 Lectures Depuis Le samedi 17 Juin 2006 |
Synopsis : Claude se retrouve en prison à la suite du faux témoignage de sa femme qui l’accuse d’avoir tenté de l’assassiner. Incarcéré à la prison de la Santé, il se retrouve avec quatre autres détenus qui préparaient leur évasion. Ces derniers le mettent dans la confidence. Avec une énergie farouche, les cinq hommes commencent à creuser un tunnel… Inspiré d’une histoire vraie survenue en 1947, adapté d’un roman de José Giovanni (qui co-signe le scénario avec Jacques Becker et Jean Aurel, ainsi que les dialogues), Le trou est le dernier film réalisé par Jacques Becker (« Goupi Mains rouges », « Touchez pas au grisbi », « Casque d’or »…). Ils se prénomment Geo, Roland, Manu et Monseigneur, pour les intimes. Les quatre complices ne tarderont pas à associer Claude à leur plan d’évasion. Un peu trop vite, peut-être, mais le temps presse et chacun, ici, semble en avoir pris pour une décennie au moins. Roland, spécialiste de l’évasion, organise le plan dans ses moindres détails avec une connaissance parfaite du "lieu". Manu est méfiant dès le départ et le restera jusqu’au bout. Monseigneur est perspicace et cynique. Geo, quant à lui, demeure impénétrable, mais non moins efficace. Le passé des quatre personnages reste en pointillés tout au long du film, et les comportements, les choix, les traits de caractères laissent le spectateur supposer à sa guise. En revanche, on en apprend davantage de Claude. Et tandis que des doutes ne cessent de planer dans l’atmosphère moite de la cellule, le trou prend forme. L’acharnement des prisonniers dans ce projet délicat prend alors le dessus et écarte provisoirement les interrogations. Il faut creuser. Il faut s’enfuir. Gagner l’air libre et respirer l’odeur des rues de Paris à l’aube ; le Paris si cher à Becker. Alors on creuse, on s’investit, on se rue tout entier dans le Trou qui progresse à une vitesse et un rythme qui s’opposent au calme de la cellule, tout ça grâce au montage et au bruitage qui couperaient quasiment le souffle au spectateur tranquillement installé devant son écran. Des moments de trêve, des échanges de regards, des petits gestes viennent cependant rappeler qu’un grain de sable s’est insinué dans la machine : Claude, qu’on ne lâche plus et dont on se met à épier les mouvements les plus insignifiants. Sauf quand on l’attend au parloir ou qu’on l’invite à prendre un colis. Sauf lorsque le directeur de la Santé vient à le convoquer dans son bureau et que l’entrevue dure un peu trop. Là, le jeune détenu échappe à la vigilance de ces complices ; les doutes renaissent, mais le trou est fin prêt et l’air libre est à portée de main. Du noir et blanc. De cette image qui tranche les corps et les décors, du grain qui creuse les ombres et les yeux. Qui creuse un trou dans le sol d’une prison devenue véritable entité aux failles potentielles : une prison comme un cerveau pourvu d’un centre de gravité, de dédales insoupçonnés, grouillante aussi d’intrus et d’obstacles aux désirs.
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