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Le Septième JuréUn film deGeorges LautneravecBernard Blier |
683 Lectures Depuis Le vendredi 19 Janvier 2018 ![]() |
Il fait chaud ce dimanche de septembre. Duval, pharmacien de son état à Pontarlier, après avoir pique-niqué en famille au bord du lac part se promener en forêt. Ses pas l'amènent sur la berge opposée, lieu isolé où Catherine Nortier, une jeune femme à la réputation légère, prend un bain de soleil seins nus. Duval est-il légèrement ivre ? Le désir le foudroie, il se précipite sur Catherine et tente de l’embrasser. Elle se débat… hurle… il l’étrangle… Personne ne l’a vu, personne ne peut le soupçonner, car il est au-dessus de tout soupçon. L'amant de la jeune femme, Sylvain Sautral, est accusé du meurtre. Et lors du procès de ce dernier, à la grande satisfaction de son épouse, Duval est désigné juré. Tout au long du procès, au grand dam de sa femme, Duval interviendra afin de soulever les incohérences de l’accusation jusqu’à obtenir l’acquittement de Sautral. Mais pour les notables de la ville l’acquittement n’a pas valeur d’innocence, tant que le coupable n’est pas identifié. Alors, Duval n’a d’autres choix que de se dénoncer, ce qui lui vaut d’être interné, car personne ne veut le croire, pas même Sautral, car chacun préfère le croire fou. Coincé entre deux monocles (1) et deux ans avant le célèbre « Les Tontons flingueurs » (2), ce métrage s’ouvre sur une séquence-choc, une tentative de viol suivi d’un meurtre, et des images de nudité hallucinante pour l’époque. Lautner enchaine les gros plans sur les visages, dévorés de désir, de peur de panique, les plongées et contre-plongées qui décrivent les rapports humains, les plans rapprochés au plus près de l’empoignade et la strangulation. Ces minutes où la musique (3) qui les accompagne n’est déchirée que par le hurlement de Catherine propulsent le réalisateur au fait de son art. Le calme revient, la vie reprend son cours… et la voix off de Duval accompagne les images qui suivent, une voix off qui voyage dans le passé, une voix off qui révèle Duval, ses regrets, ses rêves avortés, sa vie monotone, son ennui infini… Et comme chaque soir, les notables de la ville se retrouvent au café, pour la partie de bridge, à la même table, sur les mêmes chaises, buvant les mêmes boissons… de toute éternité. Sylvain Sautral est arrêté. L’affaire est entendue. Il est coupable, coupable de sa jeunesse, coupable de vivre dans les caves enfumées où l’on danse sur la musique de jazz. Duval sait son innocence, innocence de la jeunesse qui vit, rit, innocence qu’il a perdue. Et les prises de vue audacieuses, les angles novateurs, les transparences et les reflets s’opposent au décor immuable du bistrot où s’attablent procureur, médecin, vétérinaire, pharmacien… Geneviève Duval est assise parmi le public qui assiste au procès. Elle sourit, fière de son mari, fier du 7e juré… Duval pose une question au témoin… la caméra cadre Geneviève… léger traveling avant… Le mouvement de la caméra matérialise l’idée qui vient d’envahir Geneviève : son mari est l’assassin. « Le Septième Juré » (4) charge féroce contre la bourgeoise de province qui désigne celle-ci comme coupable, coupable de sa bienséance, de ses bonnes mœurs, de son hypocrisie, dévoile un Georges Lautner à l’immense talent, un Georges Lautner (5) qui doit être redécouvert. 1- Le Monocle noir (1961) L'Œil du Monocle (1962) 2- http://www.rayonpolar.com/Films/Films_afficher.php?genre=titre&nom=les%2Btontons%2Bflingueurs 3- Le concerto de l'été tiré des Quatre Saisons d'Antonio Vivaldi. 4- Une autre adaptation de ce roman de Francis Didelot, a été réalisée en 2007 par Édouard Niermans, avec Jean-Pierre Darroussin 5- https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Lautner
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