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Le PrésidentUn film deHenri VerneuilavecJean Gabin |
637 Lectures Depuis Le lundi 1 Mai 2017 ![]() |
Dans sa propriété à La Verdière Émile Beaufort, ancien président du Conseil des ministres, dicte ses mémoires à sa fidèle secrétaire, Mlle Millerand. C’est aussi pour ce vieux renard de la politique l’occasion de se remémorer le passé et en particulier de se souvenir de la trahison, vingt ans plus tôt, de son chef de cabinet Chalamont. Ce dernier avait révélé à sa femme, fille d’un banquier, les intentions du gouvernement de dévaluer la monnaie. L’indiscrétion avait couté 3 milliards de francs anciens à la France et rapporté une coquette somme à la belle-famille de Chalamont. Retiré au fin fond de la province, Émile Beaufort n'en garde pas moins un regard attentif à l'actualité. Et quand une crise ministérielle éclate et que Beaufort est pressenti pour former le nouveau gouvernement, Émile Beaufort exhume une lettre de Chalamont où celui-ci reconnait sa responsabilité dans le fiasco de la dévaluation. Cette adaptation d’un roman de Georges Simenon par Henri Verneuil constitue l’une des rares incursions si ce n’est l’unique, de ce cinéaste dans le monde de la politique. Dialogué par Michel Audiard, le film semble taillé sur mesure pour un Jean Gabin majestueux, sorte de symbiose entre Georges Clemenceau et Aristide Briand, entre anarchisme et conservatisme, à la frontière de la IIIe et IVe République. Roublard à souhait, mais pétri d’idéal et d’honnêteté, Émile Beaufort s’oppose avec verve et conviction au falot et opportuniste Chalamont, personnage porté merveilleusement par Bernard Blier. Ce film de politique-fiction, qui a longtemps constitué une exception dans la production hexagonale, atteint son climax lors du discours suicidaire à l’assemblée que prononce Émile Beaufort. Il y dénonce tour à tour l’Europe de la finance, les intérêts cachés des députés, les basses manœuvres et les combines. Autant de travers qu’il oppose à des États-Unis d'Europe au service du travail. Certes, il serait malhonnête de tordre le film au point de le faire parler de l’actualité de cette deuxième décennie du XXI siècle, pour autant, et toute chose restant égale par ailleurs, son propos entre en légère résonance avec celle-ci. C’est dire s’il mérite une courte halte.
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