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Le Pont Des EspionsUn film deSteven SpielbergavecTom Hanks |
1185 Lectures Depuis Le samedi 4 Novembre 2017 |
La sentence du procès de Rudolf Abel (1), espion soviétique installé depuis des années aux États-Unis, appréhendé par le FBI, est décidée par avance : la mort. Mais James B. Donovan (2), avocat américain que les autorités ont convaincu d’assurer sa défense après avoir multiplié les recours, obtient du juge en charge de prononcer la condamnation, une peine de prison pour Rudolf Abel. Parallèlement à ces faits, l'avion-espion de Francis Gary Powers(3) est abattu alors qu’il survolait l'Union soviétique… A Berlin, Frederic Pryor (4), un jeune étudiant américain est arrêté alors qu’il tentait de franchir le mur en construction. Par des voies détournées, les Soviétiques proposent d’échanger Rudolf Abel contre Francis Gary Powers. Donovan accepte de négocier cet échange à titre privé tel que le lui propose l’administration US. Mais, alors qu’il n’est chargé que conclure ce deal et en opposition avec les agents de la CIA qui l’encadre, il décide d’en modifier les termes : Rudolf Abel contre Francis Gary Powers et Frederic Pryor. Spielberg ne se contente pas d’une reconstitution historique où les costumes, le décor… le moindre accessoire exhalent la fin des années 50, il s’attache à en chasser tout anachronisme afin que le spectateur s’immerge totalement dans ces années de guerre froide. Et s’il se cantonne à la description attendue du camp de l’Est, il ne se prive pas d’égratigner méthodiquement celui de l’Ouest. D'un côté, le propos reste elliptique même s’il est souvent explicite : le mur se battit ; les gens tentent de fuir ; les mitraillages abattent ceux qui se glissent sous les barbelés ; les prisonniers sont traités sans ménagement ; l’arbitraire tient lieu de motif d’arrestation. Le regardeur devine les luttes politiques et les complots qui se trament en coulisse, pour autant il ne saura rien du conflit qui bruisse entre les autorités soviétiques et est-allemandes. Dans le camp de l’Ouest, aucun sous-entendu n’édulcore le paysage : la haine du rouge déclenche l’hydre de la foule ; la menace atomique aveugle le jugement ; le cynisme tient lieu de morale politique. James B. Donovan se dresse seul contre la doxa au nom de la justice et des droits. Et c’est ce même idéal humaniste qui le conduit à rectifier les termes de l’échange. Alors que la CIA et l’administration ne veulent récupérer que Francis Gary Powers, il passe outre et exige la libération simultanée d’un obscur étudiant. Avec ce « Pont des espions », Spielberg, au sommet de son art de conteur, propose un film sobre et élégant tant il se tient à bonne distance du pathos et du patriotisme bêlant. 1- https://fr.wikipedia.org/wiki/Rudolf_Abel 2- https://fr.wikipedia.org/wiki/James_B._Donovan 3- https://fr.wikipedia.org/wiki/Francis_Gary_Powers 4- https://fr.wikipedia.org/wiki/Frederic_Pryor
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