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Le Cercle RougeUn film deJean-pierre MelvilleavecAlain Delon |
2413 Lectures Depuis Le jeudi 2 Mars 2006 |
Le premier (Vogel), malgré la vigilance du commissaire Matteï, réussit une évasion spectaculaire au cours d’un transfert par voie ferroviaire. La battue, organisée en temps record à travers la somptueuse campagne hivernale désolée, ne donnera aucun résultat – l’ennemi public n°1 s’est faufilé telle une vermine entre les mailles du filet, et s’évapore. Le second (Corey) bénéficie d’une libération anticipée après 5 ans d’emprisonnement. Il sort et replonge sans tarder tête la première dans le réseau qui l’avait expédié à l’ombre. Peu importe : derrière son masque impassible de sérénité, le truand n’a rien à perdre, et plutôt beaucoup à gagner pour cette fois. Le troisième (Jansen) se réveille en sueur à l’issue d’un cauchemar où, une fois de plus, les « habitants du placard » avaient surgis pour le prendre d’assaut. Et l’ex-flic tireur d’élite, en fin de compte, ne demande qu’une chose : qu’on l’aide à anéantir cette fichue faune mentale persistante. Une fois constitué – réuni par les circonstances, dirons-nous – le trio se concentre sur l’organisation du casse d’une bijouterie de la place Vendôme. Néanmoins, le commissaire Matteï reste à l’affût, même s’il doit pour un temps se contenter des éclaboussures écarlates que le trio laisse sur son passage. Et dans un monde où nul n’est innocent, où le mal maraude à tous les coins de rue, à l’ombre de tous les chapeaux et de tous les regards, les traces décisives s’avèrent bien difficiles à détecter. On peut bien passer à quelques mètres de l’homme le plus recherché de l’hexagone sans s’apercevoir qu’il est là, peut-être à vous observer : vous, le commissaire scrupuleux. Des truands ou des filous à tous les détours, des balances ou des indics : une jungle coriace que Melville façonne à la perfection, tout en s’appliquant à ponctuer le chaos de séquences esthétiques d’une subtilité rare : cette rencontre entre les deux premiers truands au beau milieu d’un champ, par exemple. Cette course poursuite à travers les forêts, juste avant la neige. Ce casse, évidemment – scène de 25mn totalement muette ; ou encore le réveil bousculé de l’ex-flic, qui reste dans les mémoires. Un Delon proche du Samouraï : impénétrable et troublant. Le dernier film de Bourvil, dans un rôle déroutant, bien que taillé sur mesure. L’avant dernier de Melville, juste après l’Armée des ombres et Le Samouraï dont on retrouve la touche esthétique et cette inimitable façon d’initier en poésie un cinéma de sang froid.
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