Le patron de Dany, une jeune dactylo rousse et myope, lui demande pour le lendemain de dactylographier une cinquantaine de pages. Afin de gagner du temps, il lui propose de s’acquitter de cet ouvrage à son domicile. Le lendemain, celui-ci lui demande de l’accompagner, lui et sa famille, jusqu’à l'aéroport, où ils doivent prendre un vol pour la Suisse et de ramener ensuite sa voiture.
Alors qu’elle reconduit la Ford Thunderbird vers la propriété de son patron, Dany, parce qu’elle n’a jamais vu la mer, décide de prendre la route vers le Sud.

« La Dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil », roman de Sébastien Japrisot, a eu droit à une adaptation cinématographique en 1970 signée Anatole Litvak. Joann Sfar nouvellement venu au cinéma avec « Gainsbourg, vie héroïque » (2010) propose au public sa lecture de ce roman où l’héroïne s’enfonce dans un univers aussi angoissant qu’absurde.
Durant la première demi-heure, le spectateur, ignorant le complot qui se trame à l’encontre de Dany, est adroitement embarqué sur une fausse piste qui perdure jusqu’au moment où Dany est sauvagement agressée dans les toilettes d’une station-service.
Les intentions de son agresseur n’étaient pas de la violer, mais de la blesser au poignet !
A partir de cet instant, le spectateur comprend que l’intrigue sera plus compliquée qu’il n’y paraissait et il le comprend d’autant mieux que chaque personne que rencontre Dany lui affirme l’avoir vu la veille.
Joann Sfar, entre hermétisme scénaristique et suspense hitchcockien, choisit une voie médiane où s’équilibrent adroitement le dit et le non-dit contenus dans le roman. Malheureusement, il s’entrave parfois dans des effets de style discutables. Car, s’il est acceptable qu’il illustre visuellement les fantasmes de la rousse Dany, n’était-il pas superfétatoire qu’il renverse l’image, joue des reflets dans les miroirs ou de l’écoulement de l’eau entre les rochers, des faux raccords, des plongées à la verticale ou du Split-screen ?

L A