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La Colline Des Hommes PerdusUn film deSidney LumetavecSean Connery |
5342 Lectures Depuis Le vendredi 22 Mars 2013 |
Lors de la Seconde Guerre mondiale, un certain nombre de soldats, tire au flanc, déserteurs ou insoumis, sont expédiés dans un camp disciplinaire situé au milieu du désert libyen. . Le sergent-major Wilson (Harry Andrews), que seconde le sergent Williams (Ian Hendry), est chargé de les mater. A cette fin, il les condamne à monter et descendre une colline artificielle érigée au beau milieu du camp (1). Avec « La Colline Des Hommes Perdus », Sidney Lumet signe un des films qui illustre le mieux sa thématique : la confrontation, souvent violente, entre des individus immergés dans une institution au fonctionnement déréglé, voire gangrené. Et la globalité du film est à l’image de chacun de ses éléments. Au milieu du désert, un groupe d’hommes est traversé par de violents antagonismes qui se cristallisent en deux groupes distincts : le groupe des militaires qui encadre le camp et un groupe de prisonniers fraichement transféré. Mais l’affrontement ne se résume pas à ce simple face à face, il se décline au sein même de chaque groupe. • Le sergent-major Wilson (Harry Andrews) est un soldat qui applique, car il y croit, le code militaire. • L’adjudant-chef Bert Wilson (Ian Hendry) n’est guidé que par sa soif que nourrit sa perversité. • Le commandant du camp (Norman Bird) délègue totalement son autorité pour se vautrer dans des relations sexuelles tarifées. • Capitaine-médecin (Michael Redgrave), qui est en charge de déclarer les hommes aptes à la colline, brille par sa lâcheté. • Le Sergent Charlie Harris (Ian Bannen), s’il est le seul « humain » au milieu de ce groupe ce n’est qu’en tant que faire-valoir scénaristique des perversions, aveuglement, démission ou lâcheté de chacun. Face à ce groupe, celui des prisonniers est secoué d’une multitude de conflits internes, conflits qu’illustre parfaitement le désir de l’un d’entre eux de changer de cellule. A l’image « Douze hommes en colère », le premier film de Sidney Lumet, un homme se dresse, au milieu de ce huis clos, pour dénoncer et combattre les dérives assassines de l’institution militaire. Joe Roberts (Sean Connery (2)), prisonnier auréolé d’un passé humaniste, tente de briser la carrière de l’adjudant-chef Bert Wilson, unique moyen de mettre un terme à ses agissements aux relents fascisants. Le spectateur inattentif risquerait de qualifier ce film de brulot antimilitariste. Pourtant, il n’en est rien. « La Colline Des Hommes Perdus » ne dénonce nulle part l’institution militaire en soi, il se contente de plaider avec vigueur pour son « humanisation ». En ce qui concerne la mise en scène, Sidney Lumet fait preuve d’une adresse inventive des plus efficientes pour ce qu’il souhaite filmer comme un huis clos. • Gros plans sur des visages dégoulinant de sueur et d’autorité perverse ou imbécile. • Caméra subjective, focalisant le point de vue des prisonniers. • Découpages prononcés qui rendent palpables les heurts. • Contreplongées qui soulignent l’autorité de l’encadrement. • Déformations des perspectives qui renforcent le sentiment d’enfermement. Ce chef-d'œuvre d’humanisme et de progressisme aurait rencontré un accueil glacial aux USA pendant qu’il obtenait le prix du meilleur scénario au Festival de Cannes en 1965 1- Faut-il y voir une relecture du mythe de Sisyphe ? 2- Sean Connery dans son désir permanent d’échapper à l’image envahissante de 007 tournera de nouveau sous la direction de Lumet lors du film « The Offence ».
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