Ce n’est pas dévoiler le dénouement que de déclarer avec Les Rita Mitsouko :
« Les histoires d'amour finissent mal en général »
Et l’adaptation cinématographique du roman éponyme d'Albertine Sarrazin ne déroge pas à cette règle.

Anne a noué une relation amoureuse avec sa codétenue Rolande. Lorsque celle-ci est libérée, Anne s’évade de la prison afin de la rejoindre au plus vite. Mais en sautant le mur de clôture, elle se brise l'astragale.
Julien, un truand qui passait par là, recueille la jeune femme…
Au fil du temps, Anne oublie Rolande et tombe amoureuse de Julien.

Entièrement construit autour du personnage d’Anne, présente quasi à toutes les scènes, le film articule une photographie croisée dans des films comme « Vivre sa vie » ou « Une Femme Mariée » et la voix off d’Anne. Voix off qui rajoute une note sulfureuse aux images :
« Crois-tu que je me soucie encore de pèleriner aux sources de ton derrière, maintenant que d’autres moyens de jouir et de pleurer me sont revenus ? »
« je pense à Rolande, à Jean, et bien avant eux aux amoureux de mon adolescence ; tous ceux qui m’ont mendiée et que j’ai bousculés avec indifférence pour m’enfuir plus loin, lorsque l’heure fut venue… »

Au moment de sa sortie, ce film, qui braque les canons de la critique sur le noyau de la morale judéo-chrétienne, n’a pas dû laisser indifférents les défenseurs des valeurs séculaires, passablement ébranlés par les événements de Mai 68. Et il ne serait pas étonnant que Marlene Jobert, dont la nudité envahit parfois l’écran, ne soit devenue pour un temps l’incarnation du mal.

L A