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L Armée Des OmbresUn film deJean-pierre MelvilleavecLino Ventura |
1842 Lectures Depuis Le lundi 6 Mars 2006 |
Synopsis : Philippe Gerbier s’évade du siège de la Gestapo, à Paris, où il devait être interrogé sur ses activités de résistant. Il rejoint son groupe à Marseille et fait exécuter le traître qui l’a dénoncé. De nouveaux membres rejoignent sans cesse le réseau, prêts pour combattre l’envahisseur, à prendre tous les risques, c’est à dire à affronter la torture et la mort… La France sous l’occupation. L’atmosphère oppressante qui règne sur l’époque et l’ombre persistante qui plane au-dessus des villes, de la société, de l’Histoire. Au-dessus de ce décor pesant, le choix du réalisateur Melville se porte tel un microscope sur un groupe de résistants dont il explore au plus près les rapports complexes. Réalisé d’après l’œuvre de Joseph Kessel, « l’armée des ombres » s’organise en déplacements géographiques incessants, d’une ville à l’autre, d’un hameau isolé dans la campagne à un château cerné d’un imprenable domaine, d’une forêt boueuse à un cabaret, de Londres à Marseille. Des errances nécessaires ou des circonstances ; des itinéraires humains qui se croisent, se tissent ou se déchirent. Des existences qui se combinent, s’associent ou s’anéantissent, mais dont le devenir reste ici déterminé par l’engagement de chacun dans la lutte et ses enjeux. En réalisant ce film, Melville ne fait pas que reprendre les écrits témoins de Kessel, mais s’investit tout entier dans le corps de l’époque pour avoir été lui-même résistant en 1937. Ainsi, « l’armée des ombres » se nourrit non seulement de l’expérience à vif de Kessel, mais de celle du réalisateur, dont il se sert pour restituer les séquences de l’Histoire en y injectant des êtres sensibles, des regards, des silences dressés entre les corps afin de mieux les rapprocher. Et la mort guette. Aux détours de chaque plan, la mort effleure ces êtres qui, lorsqu’ils se savent condamnés, font en sorte d’en finir au plus vite ; de ne rien dire, de ne citer aucun nom à l’exception du leur. D’un point de vue formel, Melville s’en tient une fois encore à l’essentiel. Les lumières sont minimums, résumées la plupart du temps à celles naturelles qui étoffent les décors : la lanterne d’un mirador, les feux d’une voiture au loin, un crépuscule qui meure… La mise en scène est dépouillée, bien que composée au détail, au geste près, à la façon d’une toile en mouvement. Chaque séquence peut être perçue indépendamment des autres ; isolée, elle fonctionnera à la façon d’un petit film dans le film, et c’est tout l’art de Melville.
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