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L Année Du DragonUn film deMichael CiminoavecMickey Rourke |
1639 Lectures Depuis Le dimanche 18 Aout 2008 |
L’argument de ce film est des plus banals : Un policier intègre (Stanley White) décide de purger la ville du gangstérisme. Ce faisant il rompt le statu quo qui s’était établi entre les autorités et les mafiosi et se met à dos les uns et les autres. Autant dire que l’intérêt de ce film réside ailleurs et que ce n’est pas ce maigre argument qui le hisse au summum du polar, à l’idée même du genre, à sa forme la plus pure. La critique a souvent souligné le fait que les films d'Hitchcock étaient construits autour d’une figure géométrique ou d’un nombre - par exemple l’hélicoïde pour Vertigo, le nombre deux pour Complot de famille-. Avec L’année du dragon, nous sommes face à la même démarche cinématographique. La forme géométrique dominante est ici la fractale, une fractale qui trouve son argument dans le nombre deux. Chaque élément du film est l’image du film et le film n’est que l’image de chacun de ces éléments. Il y a le flic et le truand, mais dans le flic, il y a le flic et les flics, tout comme dans le truand, il y a le truand et les truands. A la figure de Stanley White répond celle Joey Tai, mais à ces figures, qui font le film, répondent deux autres, élémentaires et symétriques, celle de Stanley White et de ces supérieurs, celle de Joey Tai et des vieux mafieux chinois. Le viol de Tracy Tzu, journaliste d'origine chinoise et maîtresse de Stanley White, fait écho au meurtre de Connie, la femme de White. Et pendant que la police fait appel à deux religieuses pour traduire les écoutes, Joey Tai recourt à un gang de jeunes drogués pour exécuter ses basses œuvres. Et le film peut se décliner sur ce même mode de reproduction : à la ville correspond le quartier de Chinatown qui est lui même une ville; à la guerre perdue du Vietnam correspond la guerre contre les triades que White veut gagner; les origines polonaises de White font écho à sa haine des Asiatiques; aux quartiers malfamés répond le loft paradisiaque de Tracy, véritable toit du monde. Mais cette structure gigogne, production et reproduction à l’infini de la forme générale dans les formes élémentaires, s’articule autour du conflit et de l’affrontement, articulation qui relève elle-même de la répétition la l’infini. Il n’y a pas le flic et le truand, il y a l’affrontement entre les deux. Tout comme chacun affronte les siens, au me e titre que Chinatown affronte New York ou que Connie affronte White pendant que celui-ci affronte Tracy. Et c’est cet état permanent d’affrontement, qui justifie les scènes de violence extrême et confère à ce film la forme de pur polar.
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