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L'assassin Habite Au 21Un film deHenri-georges ClouzotavecPierre Fresnay |
1083 Lectures Depuis Le dimanche 8 Aout 2016 |
Un an après avoir scénarisé « Le dernier des six », adaptation du roman « Six hommes morts » de Stanislas-André Steeman, la Continental confia à Clouzot l’adaptation d’un autre roman de cet auteur belge, « L'Assassin habite au 21 ». L’action qui dans le roman se déroulait à Londres est relocalisée à Paris et au superintendant Strickland, qui menait l’enquête, est substitué le commissaire Wens. Si l’Occupation explique le glissement géographique, les raisons de la rectification de l’enquêteur se nichent probablement dans une volonté de « faire série ». Ainsi, le spectateur retrouve à l’écran un couple qu’il connait et qu’il a apprécié : Pierre Fresnay (Wenceslas Vorobeïtchik) et Suzy Delair (Mila Malou). A la nuit venue, un homme passablement ivre quitte un estaminet. Il titube… Et la caméra le suit dans un mouvement qui épouse la géométrie de la ruelle. L’homme se retourne. Son regard suspicieux se pose sur le spectateur. 1942 : la délation bat son plein et chacun se méfie de tous. L’homme se blottit contre une porte close, la lame d’une épée effilée, comme jaillissant du quatrième mur, s’enfonce dans son cœur. Des mains l’allègent de son argent et signent leur forfait d’une carte de visite au nom de « Monsieur Durand ». Ce tueur sans visage, ce tueur anonyme, serait-il le même individu qui commençait ses lettres par : « Étant bon citoyen, je me sens le devoir de vous signaler… » ? A cette flamboyante séquence d’ouverture succède un deuxième moment tout aussi percutant. Le ministre reçoit le préfet de police. Le préfet de police convoque le directeur de la police judiciaire. Celui-ci engueule le commissaire en chef qui se précipite aussitôt dans le bureau du commissaire Wen. Et les quinze jours qu’accorde le ministre au préfet pour clore l’affaire Durand se réduisent à deux jours au terme de ce parcours que Clouzot découpe en saynètes qu’enchainent des panoramiques latéraux. Serait-ce cette soumission suffisante des petits chefs irresponsables qui a conduit à la défaite ? Clouzot n’a pas seulement modifié les lieux de l’intrigue et les protagonistes, il a aussi modifié sa topologie. Alors que dans le roman l’enquête se déroule depuis l'extérieur, Clouzot la situe depuis l’intérieur de la pension. Et cela ne lui permet pas seulement de déguiser en prêtre Pierre Fresnay ou de mettre en scène quelques confrontations à la tonalité humoristique entre Wens et Mila venue enquêter, elle aussi, au 21. Il en profite pour dresser les portraits de toute sorte de personnages. Les personnages amusants que sont la logeuse, Mme Point (Odette Talazac) et le valet de chambre siffleur, Armand (Marc Natol), les personnages troubles ou frustrés comme l’infirmière, Mademoiselle Vania (Huguette Vivier) et son patient, le boxeur aveugle Kid Robert (Jean Despeaux) ou l’écrivain raté Mademoiselle Cuq (Maximilienne), et les personnages médiocres, prodigieusement médisants, véritables professionnels de la délation. Et pourtant, une étonnante solidarité face aux autorités lie le fakir Triquet (Jean Tissier), le fabricant de jouets, Monsieur Colin (Pierre Larquey) et le sous-officier à la retraite, le Docteur Théodore Linz (Noël Roquevert).
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