En 1917 et 1918, Louis Feuillade, cinéaste prolixe, se tourne vers un génie du Bien, Judex, justicier drapé d’une grande cape noire, dont il réalise une série de 12 films d’environ 30 minutes chacun.
En 1934, son gendre, Maurice Champreux, réalise un remake de Judex. Et en 1963, Georges Franju, sur un scénario de Jacques Champreux et Francis Lacassin, rend hommage à Louis Feuillade en proposant une nouvelle version de Judex.


Le banquier Favraux ne doit sa richesse qu’à des malversations, des trahisons et des chantages… Mais depuis quelque temps, il reçoit des lettres signées Judex qui lui ordonne de restituer à ses victimes les biens qu’il leur a dérobés. Le banquier Favraux va-t-il obtempérer ? Que nenni ! L’homme n’est pas de l’étoffe de ceux que l’on impressionne… Et le voilà qui, après avoir percuté de son automobile un témoin de ses malversations revenu du bagne lui réclamer justice, marie sa fille. Mais au cours de cette soirée, qu'il donne dans son château, un mystérieux prestidigitateur parcourt la salle de bal et le banquier Favraux s'écroule, mort, à minuit, ainsi que le lui avait prédit Judex.


Le spectateur sensible à la poésie des images se délecte du combat que se livrent le Bien et le Mal, le Mal rampant, sournois et lâche, le Bien naïf, enfantin, mais courageux. Et les codes se brouillent. Si le Mal s’habille en noir à la nuit venue, Judex agit de même et si le blanc féminin se précipite au-devant du Mal, celui-ci n’en est pas moins féminin et ne rechigne pas à la blanche cornette.
Les hommes rampent le long du mur et sur le toit deux femmes s’affrontent. Les portes claquent, les verrous se referment et les pas résonnent. Les oiseaux ont pris corps humain et les colombes jaillissent des foulards du prestidigitateur telles les histoires fantastiques du cinématographe au temps du cinéma muet, lorsque s’ouvrait l’iris sur un bref intertitre. Casablanca est loin, mais le rêve est là !

L A