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Hunger GamesUn film deGary RossavecJennifer Lawrence |
1877 Lectures Depuis Le dimanche 26 Mars 2012 |
Simplifions. Réaliser un film, fût-il l’adaptation d’un roman, se résume à un choix : le sujet. Car une même intrigue recèle une infinité de sujets possibles. Paradoxe de l’infini, un segment ne contient pas moins de points qu’une droite. De ce choix découle la mise en scène qui se niche dans chaque élément : décors, personnages, caractères, rythme, musique, champs et contre champs, gros plan et plan d’ensemble, cut ou plan séquence… « Hunger Games » (1) constitue l’exemple parfait de la complexité de cette simplification. Prenons l’intrigue telle que la résume allocine.fr. « Chaque année, dans les ruines de ce qui était autrefois l'Amérique du Nord, le Capitole, l'impitoyable capitale de la nation de Panem, oblige chacun de ses douze districts à envoyer un garçon et une fille - les "Tributs" - concourir aux Hunger Games. A la fois sanction contre la population pour s'être rebellée et stratégie d'intimidation de la part du gouvernement, les Hunger Games sont un événement télévisé national au cours duquel les tributs doivent s'affronter jusqu'à la mort. L'unique survivant est déclaré vainqueur. La jeune Katniss, 16 ans, se porte volontaire pour prendre la place de sa jeune sœur dans la compétition. Elle se retrouve face à des adversaires surentraînés qui se sont préparés toute leur vie. Elle a pour seuls atouts son instinct et un mentor, Haymitch Abernathy, qui gagna les Hunger Games il y a des années, mais n'est plus désormais qu'une épave alcoolique. Pour espérer pouvoir revenir un jour chez elle, Katniss va devoir, une fois dans l'arène, faire des choix impossibles entre la survie et son humanité, entre la vie et l'amour... » Et tentons maintenant de cerner le sujet du film : Est-ce la contre-utopie ? Est-ce l’opposition sociale et politique entre le Capitole et les districts ? Est-ce la sauvagerie des jeux du cirque ? Ou est-ce une critique des jeux télévisés ? S’agit-il d’une robinsonnade ayant pour protagonistes des gladiatores post-apocalypse ? S’agit-il du parcours courageux et sacrificiel d’une gamine bien trempée ? Ou de la naissance de l’amour ? A moins qu’il ne s’agisse d’une leçon de politique intérieure ? Gary Ross et son équipe de scénaristes (quatre au total) n’ont effectué aucun choix. Ils ont souhaité traiter de tous ces sujets à égalité. Et le résultat ne pouvait être que ce qu’il est : un interminable enfilage de perles disparates. Un long quart d’heure à filmer, probablement à l’aide d’un téléphone portable, la misère du douzième district, des échappés champêtres et sa tombola Hunger Games. Un interminable voyage ferroviaire en compagnie d’une pimbêche exaspérante et d’un alcoolique cynique. Une aussi interminable séance dans les locaux d’un institut de beauté où une armée d’esthéticiennes épile à la cire et rince à la douchette. Un défilé digne d’un Ben-Hur post Troisième Reich. Une interview sur le plateau d’une émission de télévision, façon « Big Brother », connu dans nos contrées sous le nom de « Loft Story » Un entrainement invisible qui se conclut sur un plagiat de Guillaume Tell. Puis une plongée dans l’univers impitoyable d’un « Koh-Lanta » version « Les Chasses du comte Zaroff » agrémentée d’un amour naissant et d’une amitié brisée. Simplifions et concluons : « Hunger Games » n’est pas au cinéma ce que la daube de bœuf est à la cuisine. Car si cette dernière requiert un long temps de préparation (2), « Hunger Games » aurait mérité une durée d’exposition plus courte , mais il aurait fallu, au préalable, que le réalisateur en cerne le sujet (3). 1- Il s’agit de l’adaptation d’ « Hunger Games », livre de science-fiction — plus précisément de dystopie ou contre-utopie — écrit par Suzanne Collins et paru en 2008. Quatre films sont prévus et non pas trois, contrairement au nombre réel de livres parus. Ce sera donc une tétralogie cinématographique qui adaptera la trilogie littéraire ! 2- Préparation : 20 mn ; Cuisson : 60 mn ; Repos : 180 mn ; Temps total : 260 mn 3- Pour preuve : la bande annonce qui omet la dernière heure du film
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