L'inspecteur Fred Abberline (Johnny Depp) puise ses intuitions dans la consommation massive d’opium et autres produits hallucinogènes, autant d’états mentaux que le film tente de rendre manifeste par quelques effets visuels tantôt kaléidoscopiques, tantôt filés, tantôt fondus, mais toujours saturés de couleurs vives pastels.
Et l’ensemble de ce film, adaptation d'une bande dessinée d'Alan Moore et d'Eddie Campbell (1), poursuit, au travers d’une esthétique aussi mentaliste que flamboyante, le même objectif esthétique : rendre palpable l’atmosphère glauque et miséreuse du quartier de Whitechapel. Dans des dominantes brunes et dans des clairs-obscurs vénéneux, Jack l’Eventreur déchaine une violence gore que soutient son délire mystique et que manipulent les puissants du royaume. Des prostitués sont égorgés puis éventrées et éviscérées car il convient de faire taire les témoins des frasques insouciantes du prince sans éveiller le moindre soupçon.
Si les réalisateurs ont gommé une grande part de la mystique que déployait la BD quant aux motivations de l’assassin et s’ils ont préféré concentrer leur propos sur la dimension policière de « l’affaire », ils n’ont pas remis en cause la thèse avancée par le roman graphique en ce qui concerne les mobiles de la série de crimes de l’Eventreur.
1- Prix de la critique à Angoulême en 2001
2- La théorie défendue ici a été développée par le journaliste et essayiste britannique Stephen Knight. Celui-ci avançait l’idée que les assassinats de Jack l’Eventreur faisaient partie d'une conspiration maçonnique pour dissimuler la naissance d'un enfant illégitime de la famille royale, et dont le père serait le Prince Albert Victor, duc de Clarence.
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