Lorsqu’il avait une dizaine d’années, Arlis secondait son père, un cambrioleur peu regardant qui un jour abattit toute une famille, à l’exception d’un bébé.
Trente ans plus tard, Arlis croise la route de Kay Davies, une jeune femme aussi paumée que charmante.

« L'Amérique, l'Amérique, je veux l'avoir et je l'aurai
L'Amérique, l'Amérique, si c'est un rêve, je le saurai. »
vocalisait Joe en 1970.
Mais probablement chantait-il l’Amérique des buildings, des nuits à Broadway… l’Amérique de Las Vegas, celle qui étincelle de mille feux ?
« Tous les sifflets des trains, toutes les sirènes des bateaux
M'ont chanté cent fois la chanson de l'Eldorado. »
L’Eldorado, ni Arlis ni Kay ne connaissent ce pays vanté par Dassin au millénaire dernier. Pour eux, l’Amérique c’est un motel, perdu au milieu de nulle part, qui brandit une étoile cabossée, une route rectiligne qui traverse un paysage désertique, des combines foireuses, des poules peintes…
Kay ne sait rien de son passé, elle ignore même pourquoi elle s’est mariée, alors pourquoi rêverait-elle de ce pays de cocagne que décrit Joe Dassin ?
Arlis sait tout de son passé, mais il préférerait ne pas l’avoir vécu puisque l’oublier lui est impossible.
L’un sait, l’autre ne sait pas… et si l’ignorance était synonyme d’insouciance et donc de bonheur ? Et s’il fallait tuer tant pour sauver que se sauver ?
« Flesh and Bone » est un film qui plonge le spectateur dans le pays profond, celui où l’horizon est si lointain qu’elle en devient invisible, celui où rien ne presse puisque demain sera comme hier, à moins que le hasard ne vienne distraire le cours des choses.

L A