Ce film est la transposition à l’écran de la plus marquante des batailles d’Erin Brockovich autodidacte, devenue adjointe juridique et militante de l'environnement. Celle-ci fait d’ailleurs une apparition aux alentours de la neuvième minute pour camper un rôle de serveuse avec épinglé à son buste un badge marqué Julia. (Image 1).
Julia Roberts se glisse-t-elle dans la véritable personnalité d’Erin Brockovich ? La bataille juridique que décrit le film correspond-elle, point par point, au réel affrontement qui a opposé les habitants de Hinkley à la Pacific Gas and Electric Company (PG&E) de Californie en 1993, responsable de la pollution des eaux par le chrome hexavalent ? Partiellement, doit être la réponse la plus probable, pour autant ce partiel n’est pas le fruit d’une volonté de travestir la réalité, mais de construire, en partant d’elle, une intrigue efficiente.
Et efficace le film l’est dans les moindres détails !

Erin Brockovich, divorcée deux fois, élève seule trois enfants. Chômeuse, sans réelle formation, ses entretiens d’embauche se soldent toujours par une fin de non-recevoir. A court de perspectives, elle impose son recrutement à l’avocat qui ne lui avait fait perdre le procès qu’elle avait intenté à un chauffard.
Son langage fleuri, ses jupes courtes et ses décolletés généreux vont immédiatement poser cette jeune mère, que le cinéaste filme souvent avec un enfant tenu sur sa hanche, comme une femme décidée et libre, comme une égérie d’un féminisme latent.
N’ayant aucune qualification en matière de droit, son patron la relègue au classement des dossiers. Mais sa curiosité, plus forte que tout, la conduit à s’intéresser à une affaire d’achats immobiliers. Pourquoi trouve-t-on des factures médicales parmi les documents ayant trait à l’achat par la PG&E des maisons d'une petite ville californienne ?

Energique et combative, curieuse et attentive, Julia Roberts donne forme à ces qualificatifs, les supporte de ses sourires aux milles signifiés, de sa fragile grâce outrancièrement pudique que masque ses répliques épicées. Et la bataille d’Erin Brockovich, captée par la caméra limpide de Steven Soderbergh, prend des allures de thriller judiciaire tantôt émouvant, tantôt humoristique, tantôt romantique ou intimiste, mais toujours respectueux et tendre, à l’image de ce court travelling avant sur le visage d’Erin Brockovich qui regarde une petite fille atteinte d’un cancer.

L A