Ce réalisateur canadien, à qui nous devons quelques séries TV dans les années 50, réalise ici son troisième long métrage, un polar parfaitement calibré : la plupart des scènes se déroulent de nuit, dans des cabarets, des restaurants ou des salles de sport. La caméra reste peu imaginative, si ce n’est lorsqu’elle s’attarde sur des silhouettes féminines pré Russ Meyer. Rien ne manque dans la distribution des rôles : quelques malfrats sans cervelle, un homme de main fidèle en amitié, un tenancier de boite, un homme d’affaires raffiné, et quelques femmes aux postures de femmes fatales… et bien sûr un flic pugnace et tenace.
Quant au scénario, il ne déroge pas à cette banalité parfaite.

Sous l’impulsion d’un respectable financier, plusieurs bandes de racketteurs décident de s’unir et de se partager la ville.

Voici donc un film qui ne présenterait aucun intérêt particulier, si ce n’est d’éveiller chez le spectateur préretraité la nostalgie du N et B, c'est-à-dire de sa jeunesse. Ce jugement vaut pour le dénouement, exemple parfait d’un bâclage absolu. Mais il est erroné quant au reste du film.

Bien plus qu’une histoire de bandits, « Enquête Mystérieuse » (1) nous narre la naissance et l’expansion du capitalisme dans sa forme la plus crue, celle des coups de revolver. Car que font ces truands si ce n’est ce que le capital fait tous les jours : rendre efficient sa reproduction, en éliminant tous les obstacles et en premier lieu la concurrence, ce qui passe par des accords commerciaux et la répartition des zones d’influence.
Envisagée de ce point de vue, toute la première partie du film acquiert une saveur des plus plaisante. Une saveur dont Brian de Palma saupoudrera son « Scarface »

1- Il existe un titre alternatif bien plus approprié : « Racket sur la ville »

L A