Jerry Fletcher, chauffeur de taxi à tendance paranoïde, adhère sans réserve à la théorie du complot, ou plutôt des complots. Pour cet individu, d’apparence instable, tout est complot : un tremblement de terre, un avion qui s’écrase, une fuite d’eau…
Et ses théories, il les expose, dans des logorrhées interminables, à ses clients, ainsi qu’à Alice Sutton, assistante du procureur. Alice Sutton qu’il épie, par ailleurs, chaque nuit.
Mais un jour, Jerry est kidnappé par un groupe d’individus qui le torture pour lui faire dire « qui d’autre est au courant. ». Parmi les soupçons de complot que nourrit Jerry l’un d’entre eux serait-il fondait ?

En introduisant, au terme d’une vingtaine de minutes, une longue scène qui accrédite la thèse du complot, le cinéaste permet au spectateur de ne plus considérer le personnage de Jerry comme un paranoïaque délirant, voire gaguesque, et de s’intéresser exclusivement aux dessous de l’affaire. A partir de cet instant, c'est-à-dire très rapidement dans le déroulé du film, ce n’est plus Jerry qui est fou, mais tous ceux qui refusent de le croire. Et de cette inversion nait le suspense : Jerry va-t-il réussir à convaincre Alice du danger que représentent les forces obscures qui agissent sous les ordres du docteur Jonas.
Comme d’ordinaire Julia Roberts interprète magistralement, du haut de son charisme fait de fragilité et de sourires lumineux, une assistante du procureur, clé de voute du mystère, des plus crédibles. Quant à Mel Gibson, il démontre son immense talent dans ce rôle, quelque peu unique, d’une paranoïaque amnésique, à des lieux d’un super héros de cartoon.
Notons enfin que le dénouement, loin du happy end hollywoodien, s’inscrit parfaitement dans l’ambiance de l’intrigue où les faux-semblants le disputent à la duplicité.

L A