1968-2007.
Une quarantaine années condensée en presque trois heures. Comment tenir un tel pari ?
En effleurant une multitude de sujets sans jamais aborder frontalement l’un d’entre eux.

Et l’on bondit ainsi des émeutes étudiantes de mai 68, aux communautés amour libre à obédience macrobiotique ; de la décomposition de ces phalanstères post-anarcho-maoïste au fromage de chèvre, aux dérives terroristes ; de la chute du mur de Berlin, à l’apparition du Sida ou à l’évacuation des sans-papiers de l'église Saint-Bernard en passant par le scandale du sang contaminé ; de Le Pen au second tour, aux ratonnades anti homosexuelles ; de la dissolution de l’Assemblée nationale, au Pacs ; de l’élection de Sarkozy, à la lutte continue.
Autant de sujets qui, pour certains, auraient mérité un film entier, un film qui n’aurait pas semblé n’être qu’un empilement de clichés approximatifs.

Mais peut-être que le véritable sujet de ce film n’est pas, comme l’annonce le titre et comme le laissent croire quelques moments, « ceux qui sont nés en 68 ». Peut-être que le véritable sujet est l’amour polymorphe, ce que parait confirmer son affiche : Peace and love à l’arrière-plan, sida en avant.
Et c’est lorsque ce thème devint explicite que le film se départit de son aspect floral, qu’il tape juste et qu’il extrait le spectateur d’un ennui latent, probablement né d’un maniérisme qui lorgne en direction des sagas de Lelouch et de sa propension à égarer le regardeur dans un labyrinthe de personnages parfois mal identifiées.

L A