Après avoir produit neuf films, Ariel Zeitoun signe ici son premier long métrage pour lequel il s’adjoint une distribution riche en talents (1).

Paris, 1962.
Régo (Christophe Malavoy) revient de la guerre d'Algérie. Ex-chanteur-compositeur, il rêve de renouer avec le succès.
Antoine (Pierre-Loup Rajot), son frère cadet, se partage entre ses amis et le lycée.
Et pendant que Régo est repéré par une productrice de disque (Marlène Jobert), Antoine tombe amoureux de sa professeure de musique (Gabrielle Lazure).
Sur fond sixties et tubes yéyés (2), le film narre quelques mois de la vie de ces deux frères sans parvenir à se hisser au rang d’« American Graffiti » ni même de « Happy Days » (3). Mais il est vrai que la barque était un peu trop chargée du côté d’Antoine, ce qui ne pouvait qu’occulter les déboires de Régo.

Antoine, lycéen de son état, tombe amoureux de sa professeure de musique, Hélène Demeuze.
Jusque-là, rien à dire.
Hélène repousse, tout naturellement, les avances passionnées de son jeune élève.
Jusque-là, rien à dire, si ce n’est que dans le registre de la passion Antoine pourrait être moins démonstratif. Mais qu’importe ?
Le soir de la fête de Noël, Hélène tombe sous le charme d’Antoine. Pourquoi ? Parce qu’il a chanté en playback un tube des Platters.
Pourquoi pas ? Ce n’est pas comme s’il avait chanté « Petit papa Noêl » de Tino Rossi…
Après un rock and roll endiablé, à la limite de l’acrobatique, au beau milieu de la salle de spectacle du lycée, sous l’œil admiratif de ces coreligionnaires, Antoine est expulsé par le Proviseur. Hélène quitte, elle aussi, la fête et rejoint le bel Antoine sous le préau où il rumine sa déception. Ils partagent une cigarette puis un baiser…
« Plus ce serait trop »
Et bien nous avons droit à ce petit plus : ils copulent dans une salle de classe obscure ! A croire qu’elle n’a pas de domicile fixe…
Mais nous sommes en 1962 et en ce temps-là tout était possible !

Après un tel épisode, qui ne puise sa crédibilité que dans le choix judicieux du casting (4), comment peut-on s’intéresser aux infortunes d’un chanteur sur le come-back ? (5)



1- Philippe Noiret, Annie Girardot, Jean Benguigui, Pierre-Loup Rajot, Marlène Jobert, Claude Brasseur, Paul Blain, Jean-Claude Dauphin, Philippe Laudenbach, Michel Creton…
En 1985, le film obtient le César du meilleur espoir masculin pour Pierre-Loup Rajot

2- Ray Charles, Bill Haley, les Platters, Sylvie Vartan, Sheila, les Chaussettes Noires, Dany Boy et les Pénitents, Jezebel Rock, Les Surfs et Johnny Hallyday

3- Happy Days est une série de 255 épisodes de 24 minutes, créée par Garry Marshall et diffusée entre le 15 janvier 1974 et le 24 septembre 1984 sur le réseau ABC.

4- Peut-on imaginer la même scène avec un acteur au physique de véritable lycéen ?

5- Un Christophe Malavoy, mimant le tôlier, inoubliable interprète de « Pour aller ou je vais » et de « je joue ma vie »

L A