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Jean-Claude Claeys

La question

Par l a

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Le mercredi 21 Fevrier 2007

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Depuis 2003, pour le rayonpolar.com, des auteurs de polars répondent à la question:
Que pensez-vous des lecteurs de polars?

PHILIPPE ARNAUD - Le samedi 3 Mai 2003 -

Ce que je pense des lecteurs des polars :
Malheureusement rien de bon. Il y a 20 ans dans un amphithéâtre de la fac de lettres d'une paisible université de province, alors que je faisais le con au dernier rang , un professeur de Littérature ( avec L majuscule ) m'a lancé de sa chaire : " Arnaud, vous êtes consternant. Vous finirez prof de français dans un collège de la Creuse et pour tromper l'ennui de votre misérable existence, vous écrirez des polars" ( authentique ! ). Je ne suis pas devenu prof mais je lis et j'écris des polars. Je pense que les lecteurs de polars, ce sont tout simplement les gens. Gens d'en haut, gens d'en bas. Jean qui rit et Jean qui pleure. La France du dessus et celle en dessous de tout. Le camarade en lutte et le facho furieux, l'agrégé qui aime Yourcenar et Pouy, Céline et Fred Vargas, le veilleur de nuit et le collégien avec sa lampe de poche sous les draps dans un dortoir de pensionnat, le voyageur de commerce dans une chambre de Formule 1 à 300 kilomètres de chez lui, le malade sur son lit de douleur, histoire de tromper la mort quelques heures, le pervers et l'innocent, bref c'est l'humanité toute entière dans la distraction au sens le plus trivial et le plus noble du terme ( Pascalien eût dit mon Professeur ( avec un pet majuscule ) ). Mais un lecteur de polar, c'est aussi et peut-être le plus important, un lecteur. Et ça c'est pas bon. Que des gens lisent encore. Dangereux même. Alors que par exemple, tout est si simple avec les téléspectateurs. Qui sont aussi des lecteurs. Mais des lecteurs vidéos. Ce qu'ils lisent, ils ne l'enregistrent pas.



FRANCOIS BARCELO - Le vendredi 12 Novembre 2004 -

Les gens qui ne lisent que ça sont bornés.
Les gens qui n'en lisent pas le sont encore plus.

 

 

 





LILIAN BATHELOT - Le lundi 5 Mai 2003 -

Malheureusement, la lecture de polars n'est en rien un remède contre la connerie.
J'ai découvert avec consternation le c.v. d'un lecteur boulimique qui s'enorgueillit d'un singulier titre de gloire: il avale tranquille ses 400 polars par an. Même pas mal
Je connais aussi un champion du monde qui, le 18 août 2001 après-midi, a ingurgité sous contrôle d'arbitre officiel 18 kilos et 553 grammes de melon de Cavaillon en trois heures et douze minutes.
Faut donc croire que le melon, même à forte dose, n'est pas non plus un remède contre le haut-mal évoqué plus haut.
Faudra chercher encore.

Côté polar, il semble acquis que le lecteur soit en droit de juger de la qualité de l'écriture d'un auteur. En contrepartie, je ne me prive évidemment pas de juger de la qualité de la lecture d'un quidam.
Lorsqu'elle est fine et pertinente, c'est un plaisir entier.

Mais une question reste entière, elle aussi; une question grave, et obsédante par certains aspects: le melon est-il en mesure de goûter la qualité des mâchoires qui le lassèrent?




LAKHDAR BELAID - Le jeudi 22 Mai 2003 -

J'aimerais qu'ils suscitent d'autre lecteurs de polars.
Ma réponse n'a rien de déconnante. J'ai le sentiment d'avoir affaire à un lectorat "militant", actif.
Alors, qu'il en contamine d'autres.

 

 





MAITE BERNARD - Le dimanche 14 Decembre 2003 -

"Je crois que les lecteurs de polars sont des accros, des fanas, ils ont besoin de leur dose, ne peuvent plus vivre sans. Leur passion peut même aller jusqu'au militantisme. Je croyais que j'aimais le polar, mais face à eux, il m'est déjà arrivé de penser que ma flamme était bien pâle..."

 

 

 





YVONNE BESSON - Le vendredi 2 Mai 2003 -

Quelle drôle de question ! Y a pas un gros gras groupe compact de lecteurs indifférenciés :-)))
Alors, il y a
1) ceux qui engraissent les MHC et autres Cornwell qui gagnent plein de sous et ça m'énerve.
2) les intégristes du noir qui ne me lisent pas et ceux-là aussi, ils font rien qu'à m'énerver.
3) Enfin, perdus, noyés dans la masse, mais les plus beaux, les plus intelligents, bref les happy fews, il y a mes lecteurs. :-)))

Je suppose que ce n'est pas le genre de réponse que tu attendais !
Bon, je déconne. mais je ne sais pas ce que c'est, moi, un lecteur de polars ! A part René, ( joke ! ) c'est souvent des gens qui lisent de tout, non ? En tout cas, c'est de gens qui lisent, c'est déjà ça...



XAVIER-MARIE BONNOT - Le samedi 11 Septembre 2004 -

Ils sont très bien, surtout quand ils lisent mes livres...
Plus sérieusement, le polar a remplacé la "littérature blanche" pour nombre de lecteurs, c'est une chose que je constate chaque jour, à chaque salon, chaque signature. En même temps ces lecteurs sont devenus de plus en plus exigeants et le polar s'en porte mieux. Résultat: nous ne serions pas grand chose sans ces lecteurs qui frissonnent et qui hurlent dans leurs nuits solitaires sans jamais se plaindre à quiconque.
Je dois vous dire que je les aime et que je pense à eux tous le temps.

 





PHILIPPE CARRESE - Le lundi 12 Mai 2003 -

je n'en pense que du bien.
amitiés
Philippe Carrese

 

 

 





HANNELORE CAYRE - Le mardi 15 Mars 2005 -

La même chose que les poireaux à la vapeur !

 

 

 

 





JEAN CONTRUCCI - Le dimanche 4 Mai 2003 -

Je pense que c’est un sympathique obsessionnel, un doux-dingue fréquentable, un monomaniaque aimable, un fêlé de bonne compagnie, un zinzin de commerce agréable. D’abord c’est un grand lecteur. On ne la lui fait pas. Il repère la moindre bêtise, il procède à des recoupements pour débusquer les contradictions, il refait l’enquête à la place de l’auteur, il récite des passages par cœur, il demande des comptes et finalement, il fait plaisir à celui qui a écrit, même quand il l’engueule, car il lui donne l’impression que ce qu’il a inventé est important.
Habitué dans la fiction aux coups les plus tordus, aux sentiments les plus machiavéliques, le lecteur polarolâtre se révèle dans la vie un être doux, paisible, aux joies simples. En dévorant un polar, il s’est débarrassé de toutes les vilaines choses qui encombrent un lecteur ordinaire. Je crois que s’opère en lui, si je ne dis pas de bêtise ce qu’Aristote désignait comme « une purification des passions ». Si je n’ai pas tout oublié, on appelle ça la catharsis. (De toute façon, si je si une bêtise, y a plein de profs sur Rompol qui ne me refuseront pas une leçon particulière, dès qu’ils auront fini de défiler.) En psychanalyse, c’est une réaction de libération en liquidation d’affects longtemps refoulés. En français moderne ça se traduirait par : s’il n’y avait pas de lecteurs de romans policiers, on se cognerait aux serial killers à tous les coins de rues. Et si George Deubeuliou en lisait plus souvent, (même des faciles avec des grosses lettres, en suivant avec le doigt) il emmerderait un peu moins le monde.



TATIANA DE ROSNAY - Le samedi 11 Septembre 2004 -

Je suis moi même une grande lectrice de polars...
Je les dévore dès que j'ai cinq minutes.
Je supporte mal qu'on puisse dénigrer ces lecteurs et dire d'eux qu'ils ne sont pas de 'vrais' lecteurs de la "vraie" littérature !
Alors vive les polars et leurs lecteurs, foi de Tatiana.

 

 





GERARD DELTEIL - Le jeudi 15 Mai 2003 -

Difficile d’avoir un avis sur les lecteurs de polar en général. Il me semble qu’il y a différentes catégories de lecteurs assez différentes, parmi lesquels les fanatiques qui dévorent tout, ceux qui n’apprécient que certaines catégories de polars, par exemple les lectrices des romancières anglo- saxonnes ou les lecteurs de gros thrillers genre Tom Clancy et Grisham, les lecteurs occasionnels, ceux qui ne lisent que certains auteurs etc.

Pour ma part, c’est essentiellement avec des lecteurs appartenant au « peuple de gauche » (avec plein de guillemets) que j’ai des contacts suivis : militants, ex militants, membres d’associations, responsable de syndicats, enseignants soucieux de faire lire leurs élèves grâce à des textes relativement simples et « engagés » (avec encore plein de guillemets ».

Une partie des lecteurs appartient enfin à la catégorie des semi-pros : lecteurs et rédacteurs de fanzines, auteurs ou futurs auteurs à l’occasion. Ceux là sont parfois les plus difficiles mais parfois aussi les plus indulgents : quelques uns apprécient presque tout, ce qui me stupéfie, alors que j’ai beaucoup de mal à lire une bonne partie des livres que je reçois. C’est la déformation professionnelle qui fait des auteurs des mauvais lecteurs, voire des lecteurs u peu injustes, non pas parce qu’ils sont jaloux mais parce qu’ils ont tendance à repérer très vite les ficelles, les emprunts et les clichés, voire à imaginer le livre qu’ils auraient écrit sur le même sujet !

Pour conclure, je trouve que peu de lecteurs sont vraiment critiques et précis, alors j’aimerais qu’on me fasse une critique détaillée de bouquins dans lesquels je me suis investi, en pointant les faiblesses, quitte à les descendre en flammes, plutôt que d’entendre des compliments un peu passe partout. Mais il est vrai que peu d’éditeurs, dont c’est en principe le métier, font ce travail.



PATRICK ERIS - Le samedi 3 Mai 2003 -

Faut-il parler d'une entité "Les lecteurs" ? A chaque fois, j'ai vu quelqu'un de différent, aux motifs d'achat très divers. J'ai aussi vu de vrais fans ‹ pas de moi, faut pas dec' ! ‹avec une vraie vision sur l'oeuvre de l'auteur. D'autres qui semblaient s'étonner de voir qu'un'auteur, c'est presque un être humain et ça ne ressemble par forcément à ceux qu'on voit à ApostrophesŠ Dédicace spécial au couple sympathique rencontré à Montigny-les-Cormeilles, dédicaces qui s'est fini sur une pause-bière et une discussion fort sympa !

Mais je suis nouveau dans le circuit, de vieux briscards auront plus intéressant à dire que moi. J'espère rencontrer davantage de lecteurs, car je respecte infiniment l'avis de celui qui a grèvé son budget pour acheter MON bébé z'à MOI. Un reproche : j'ai souvent laissé un mail sur les dédicaces pour les plus sympas des lecteurs en leur demandant, s'ils avaient une minute, de me laisser un mot pour me dire ce qu'ils avaient pensé du bouquin. Soit ils n'ont vraiment pas le temps, soit ils sont trop timides, car aucun n'a répondu !



JEAN-PIERRE FERRIERE - Le vendredi 12 Novembre 2004 -

Ce que j’en pense ? Question difficile… Du bien naturellement. Sans eux, je n’existerais pas. En 56, dès la parution de mon premier livre, j’ai reçu (à la grande satisfaction des éditions Ditis-la Chouette… et à la mienne) de très nombreuses lettres de félicitations et d’encouragements. Et c’est un peu-beaucoup à cause de cela que je me suis lancé dans la série des sœurs Bodin (ce qui n’était pas pour moi une priorité). Et, au fil des romans, des lecteurs ont continué à m’écrire, certains sont même devenus des amis.
Beaucoup plus tard, à l’époque où je me suis consacré exclusivement à la télévision (presque une dizaine d’années) je sais que j’ai déçu quelques accros !
Aujourd’hui, alors que je me croyais complètement oublié, j’ai constaté, justement par le truchement d’Internet, des demandes d’interviews et des dictionnaires – comme le Mesplède – que je figurais toujours sur la photo de famille ; cela m’a touché, bien entendu. Et sans doute poussé à reprendre la plume. Les lecteurs reprendront-ils la leur ?
Dans le « courrier des lecteurs » d’autrefois : quelques-uns ce sont reconnus dans un personnage ou ont reconnu un ami ou un parent… à cause d’un nom, d’une adresse ou d’une situation familiale. Une très sympathique vieille dame qui avait déniché mon adresse a, un jour, débarqué chez moi pour m’emprunter une grosse somme d’argent (alors que je ne roulais pas sur l’or) sous prétexte qu’elle était le sosie de Berthe Bodin ! Une autre, beaucoup plus jeune et jolie, m’a rendu visite, non pas à cause de la qualité de ma production, mais attirée par la photo de la 4° de couverture ! Un garçon, toujours à cause de l’une de ces photos, m’a pris pour son frère qui avait disparu depuis longtemps et croyait que j’avais pris un pseudo ! Des débuts de roman… Mais en tout cas des souvenirs pittoresques et amusants. Donc, merci aux lecteurs !



PASCALE FONTENEAU - Le mercredi 12 Janvier 2005 -

J'espère qu'ils me ressemblent, qu'ils sont curieux et un poil désabusés.

 

 

 

 





ELISE FUGLER - Le dimanche 9 Novembre 2003 -

Il y a les vieux grincheux qui n'aiment que les "romans policiers" de grand-papa et qui pour rien au monde n'en ouvriraient un écrit par une femme. Ceux-là, sous des titres et parfois des couvertures différentes relisent toujours le même livre.
Il y a les grands curieux, ceux qui cherchent toujours à être surpris, fourrent leur nez entre toutes les lignes et s'enthousiasment sans avoir besoin d'avoir entendu d'abord quelqu'un "de bien" leur dire que le livre était génial.
Il y a les dames timides qui annoncent qu'elles n'aimaient pas les "polars" mais que le vôtre les a réconciliées avec.
Et enfin il y a les autres, tous les autres. Que celui qui, sachant lire, n'a jamais lu un polar de sa vie me jette le premier pavé de mes oeuvres complètes (je vous rassure, ce n'est pas lourd, pour l'instant en tout cas).



MAURICE GOUIRAN - Le mardi 27 Mai 2003 -

Le lecteur de polar ?
Difficile sujet tant le monde du polar est vaste et les lecteurs différents. Faudrait faire appel à la SOFRES ou à IPSOS pour savoir. ça coûterait cher et je ne suis pas sûr que ça vaille le coup?
Par contre, je connais un peu MES lecteurs. L'avantage que j'ai sur JC Grangé ou MHC ? si tant est qu'un tirage notoirement plus faible soit un avantage ? est que je mémorise presque tous mes lecteurs, non pas que j'ai une mémoire d'éléphant, non, mais parce qu'il y en a peu. Je n'ai même plus besoin de demander leurs prénoms pour les dédicaces. Je sais leur situation familiale, leurs tracas de santé, leurs plats préférés, les études de leurs nistons et les habitudes alimentaires de leurs chiens et de leurs chats.
Parfois, pour leur faire plaisir, je tue (dans mes bouquins bien entendu) dans leur rue ou je donne à un SK le nom de leur voisin et à un pédophile celui de leur chef de service au boulot ?
En fait de ce lecteur, qui se fait parfois cruellement attendre dans quelques salons en bois que nous hantons, je n'en pense ? évidemment ! - que du bien. Et ce pour au moins trois raisons.
D'abord parce qu'il lit et que lire, même mes conneries, c'est quand même mieux que de se modeler les neurones devant Star Academy ou Loft Story?
Ensuite parce qu'il a choisi le polar et pas Jean D'Ormesson et consorts, donc qu'il se rapproche peut-être de nous par sa façon de voir le monde.
Enfin parce que ce lecteur est (souvent) une lectrice, du moins c'est ce qui apparaît nettement au travers de nos contacts dans les salons. Outre ces généralités, mon plaisir d'auteur de polar est double : c'est inventer, créer, modeler une intrigue avec ce qu'il faut d'épices (à chacun sa cuisine !) mais aussi rencontrer son lecteur (ou plutôt sa lectrice) qui nous apporte parfois beaucoup grâce à la vision qu'il a de ce que l'on a écrit, une vision qui peut être surprenante.
Enfin, je n'ai qu'un souhait : que ce lecteur modèle se multiplie comme les pains et les poissons de la rive septentrionale du lac de Tibériade, à l'époque où Jésus éclipsait les héros de polar?.
Oui, qu'il se multiplie et devienne enfin anonyme, qu'il se bouscule devant nos tables trop souvent désertées dans les salons au profit des stars de l'écriture, de PPDA à Roger Hanin?
Nous ne les aimerons que davantage !



FREDERIC H. FAJARDIE - Le mercredi 7 Janvier 2004 -

"Je crois, ayant rencontré des milliers de passionnés de romans noirs et du fait de ma propre expérience, que le lecteur qui affectionne le genre est animé par une évidente curiosité. Curiosité de la vie, de la littérature, des autres... De ce fait, il limite rarement son champ de lecture au seul roman noir. Je me souviens parfaitement de mes 16-17 ans où, après m'être plongé dans Chester Himes, je lisais le Cardinal de Retz, où Goodis faisait suite à Madame de Lafayette et Burnette à Saint-Simon, à moins que ce ne fut, en BD, les aventures de Blake & Mortimer ou les gros albums Spirou quand ce n'était pas un manuel d'instruction sur l'emploi du bazooka conçu comme arme anti-char (un truc : visez toujours l'arrière de la tourelle à son point de jonction avec le corps du blindé) en zones urbaines pour périodes de guerres civiles.
Bien souvent, le lecteur de roman noir est non-conformiste, curieux, éclectique. C'est là quelques-unes des qualités qui caractérisent le lecteur d'exception, le véritable amateur de littérature.
Enfin, c'est un humaniste, un être tout de compassion puisqu'il sait plaindre sincèrement le type qui borne ses choix littéraires aux momies sans mystères, tels Duras, Robbe-Grillet et l'artillerie lourde des Éditions de Minuit et P.O.L. réunies. On en concluera donc, par effet d'évidence, que le lecteur de romans noirs est noble et généreux avec les grands mutilés de l'imaginaire et les petits castrats de la chose écrite.
Bien vôtre,

Bien souvent, le lecteur de roman noir est non-conformiste, curieux, éclectique. C'est là quelques-unes des qualités qui caractérisent le lecteur d'exception, le véritable amateur de littérature.
Enfin, c'est un humaniste, un être tout de compassion puisqu'il sait plaindre sincèrement le type qui borne ses choix littéraires aux momies sans mystères, tels Duras, Robbe-Grillet et l'artillerie lourde des Éditions de Minuit et P.O.L. réunies. On en concluera donc, par effet d'évidence, que le lecteur de romans noirs est noble et généreux avec les grands mutilés de l'imaginaire et les petits castrats de la chose écrite.
Bien vôtre,



PAUL HALTER - Le mardi 27 Mai 2003 -

Voilà une bonne question, qui n’est pas aussi pertinente qu’elle n’y paraît. Je dirai en premier lieu que qui se ressemble s’assemble, que le lecteur partage en général les goûts de l’auteur. Après une longue et minutieuse enquête, j’ai pu établir un profil type : a lu Sylvain et Sylvette, puis Tintin et Milou (album préféré : Les 7 boules de cristal), Blake et Mortimer, Sherlock Holmes, puis Agatha Christie, avant d’en arriver à J.D.CARR. Adore le cinéma - avec une préférence pour les films d’aventures et les bons vieux policiers en noir et blanc – et les tours de magie. Bref, c’est quelqu’un qui aime le rêve et l’évasion, et qui ne demande qu’à être surpris, émerveillé.
Qui plus est, il s’agit d’un ami, d’un complice, car il est évident que le roman policier à énigmes n’est rien d’autre qu’un jeu, « Le plus grand de tous les jeux du monde », pour reprendre la formule du grand et regretté J.D. Carr. Peut-être ne le sait-il pas ? mais le lecteur accompagne l’auteur tout au long de la conception du récit. Il fait partie intégrante de l’histoire, car il y est bien présent, n’étant autre que le faire-valoir du héros, (Watson pour Holmes, Hastings pour Poirot etc.). C’est d’ailleurs par ce biais que se fait le dialogue, que l’auteur distille ses fausses pistes – les remarques du héros sont toujours fallacieuses. Et le lecteur de le féliciter pour son brio… ou de clamer son indignation devant la bassesse des procédés mise en œuvre pour le berner ! Enfin, n’oublions pas que sans ce cher lecteur, le roman policier n’existerait pas. Il s’agit donc de quelqu’un d’éminemment louable, qui inspire le plus grand respect.



FREDERICK HOUDAER - Le mercredi 7 Mai 2003 -

« Les » lecteurs de polars ? Plutôt un lecteur + un lecteur + un lecteur + .
J'ai constaté, lors de divers salons du livre, que la majorité des lecteurs est composée de... lectrices.
Apparemment, tout le monde était au courant, sauf moi (aveuglement de ma part, ou complot mondial visant à me dissimuler la vérité?). Bien. J'ai fait mine de prendre des notes. J'étais profondément déstabilisé par ma découverte. Je le suis encore. Un peu moins.
Comme j'apprécie qu'un lecteur sache faire le grand écart (passer sans rechigner d'un roman africain de Simenon à un recueil de nouvelles de Siniac), il est préférable qu'il soit une femme.
Que pense-je du lecteur de polar ? Je pourrais effectuer un joli copié-collé à partir des réponses de mes « confrères » (j'adore ce mot) pour composer la mienne.
En résumé. Pour moi, le lecteur de polar est une lectrice, américaine, rousse, elle s'appelle Julianne Moore et elle lit mes ouvres complètes traduites en anglais au bord de sa piscine. Porte-t-elle un maillot de bain ? En tout cas, elle compose un numéro de téléphone, elle appelle l'un de ses amis producteurs afin qu'il achète les droits d'adaptation de mes bouquins. Il y en a pour 10000000$. Et, une fois le pactole encaissé, je prie pour que les films ne se fassent pas.
Sérieusement vôtre



VIVIANE JANOUIN-BENANTI - Le mercredi 9 Fevrier 2005 -

J'aime le lecteur de polars. J'aime quand il se plonge dans un de mes livres pour y claquer des dents d'effroi. J'aime quand sur les pages de mes livres, il griffe le papier de terreur. Ah oui, j'aime le lecteur de polars ! Diaboliquement.

 

 

 





JEAN-PAUL JODY - Le mercredi 27 Aout 2003 -

Pas grand-chose d'intelligent à dire sur la question, si ce n'est le plaisr éprouvé lorsque je reçois le petit mail d'un lecteur inconnu de temps en temps...

Un truc, peut-être. Comme d'autres, plus j'écris et plus je fume. Et faudrait pas. En simplifiant: à chaque page, je creuse une pelletée de plus du grand trou éternel.Un mien camarade, diabétique lui, a remarqué qu'il produisait plus et mieux lorsqu'il inguritait du sucre.
Il est déjà tout gros. Un jour il va péter, c'est sûr. Pour quoi ? Pour qui ?

Aux lecteurs de nous le dire...Ohé !? Y'a quelqu'un ?





MICHEL LEYDIER - Le vendredi 12 Novembre 2004 -

Je n'en pense rien. Que voulez-vous que j'en pense ? Je ne sais pas qui ils sont. Je suppose néanmoins, sans les connaître, qu'ils méritent autant de considération que les non-lecteurs de polar, mais pas plus. Je ne les imagine pas comme des gens ou des lecteurs "à part". Je n'aime pas cette idée, ni cette manie de classifier. En tant qu'auteur, je n'écris pas pour un type de lecteurs en particulier. En tant que lecteur, je lis de tout. Vive l'éclectisme !


Amicalement,

 





PIERRE ALAIN MAGEAU - Le mardi 16 Novembre 2004 -

Que du bien !
Je suis auteur de polars et c'est grâce aux lecteurs que j'en vis !

 

 

 





ANDRE MAROIS - Le dimanche 20 Fevrier 2005 -

Les lecteurs de dictionnaires sont lettrés.
Les lecteurs de poésie sont émotifs.
Les lecteurs de Hustler sont obsédés.
Les lecteurs d’annuaires sont précis.
Les lecteurs de pierres tombales sont morbides.
Les lecteurs de la Bible sont fervents.
Les lecteurs de boîtes de céréales sont affamés.
Les lecteurs d’essais sont curieux.
Les lecteurs du courrier des lecteurs sont névrosés.
Les lecteurs de DVD sont numériques.
Les lecteurs de cartes sont perdus.
Les lecteurs de recettes sont épicuriens.
Les lecteurs de magazines sont légion.
Les lecteurs de polars sont un peu tout cela.



ROGER MARTIN - Le samedi 3 Mai 2003 -

Quelle question !
Comme s'il existait une catégorie "LES" lecteurs de polar...
Il y a DES lecteurs de polar, comme il y a DES écrivains...

Tout ce que je peux dire c'est que dans les salons, les festivals, les lettres qu'on reçoit, on voit, on entend, on lit des gens très divers.
Les lecteurs ou lectrices que je rencontre ou qui m'écrivent sont en général des gens qui apprécient le roman noir social, celui où la traque du meurtrier importe beaucoup moins que le POURQUOI et le COMMENT...
Ils et elles sont en général des gens ouverts, engagés, très respectueux du travail que je fais. En somme, ils sont ce qui me pousse à continuer lors des moments de découragement.
Il y a aussi une autre "catégorie" de lecteurs: ceux qui veulent à tout prix connaître des auteurs en pensant qu'ils pourront ainsi eux-mêmes être publiés. Cette espèce est souvent pathétique et parfois franchement déplaisante, mais je la séduis beaucoup moins depuis que je ne dirige plus de collections et que je n'ai plus de rubrique de presse.
Dernier point: un certain nombre de polardeux ont pris au pied de la lettre la boutade de Michel Lebrun selon laquelle il n'y aurait un jour plus qu'une littérature digne de ce nom, le POLAR.
Ils vont répétant cette provocation et cela leur donne le prétexte de ne rien lire d'autre.
C'est aussi idiot, aussi frustrant et restrictif que l'attitude des amateurs de "vraie" littérature qui se privent ainsi de Daeninckx, Montalban, Fajardie ou Vargas...

Conclusion: le peuple des lecteurs-lectrices est, pour employer la belle expression de Montaigne, "ondoyant et divers".
Tant mieux !



RENE MERLE - Le samedi 11 Septembre 2004 -

Ce que je pense des lecteurs de polars ? Il faudrait d’abord que je sache qui ils sont... Mais comment savoir ?
Est-ce que le lecteur des années 1950-60 existe encore ? Lecteur au premier degré du polar de gare, le nez sur la vitre, ou plutôt sur le sang et le sexe... Lecteur dans l’initiation et la transgression. Lecteur hors du monde de la Culture. Ceux qui ont eu 15 ans dans ces années-là (et j’en suis), si Alzeimer ne les a pas encore frappés (et j’espère en être), ne leur jetteront pas la première pierre...
Mais aujourd’hui ?
Pour les avoir croisés dans des fêtes du livre et des débats, je connais un peu les spécialistes du polar, les dispensateurs de labels, les collectionneurs, ceux qui savent tout, ceux qui vous diront en quelle année qui a publié quoi, avec quelles influences et quelles descendances. Petit (en nombre) monde de passionnés, parfois (souvent ?) déchiré de querelles de clans, de préséance, de personnes, et parfois réuni par la révolte devant l’injustice (ainsi de l’affaire Battisti)...
Et dans leur mouvance, un public d’aficionados, qui me fait penser à celui du rugby, ou du jazz : il faut connaître les règles du jeu, souvent compliquées, pour se régaler, un peu aristocratiquement, de ce qu’on lit, au second degré. Public surtout masculin, pas très jeune, j’ai l’impression. Public pas influençable, qui cherche l’info chez les spécialistes, et dédaignerait plutôt les chroniques de la grande presse. Public boulimique, achetant neuf, fouinant les occasions, abonné aux revues, friand de Net.

Pour les avoir rencontrés assez souvent, je connais aussi ceux / celles qui vous disent :
- Je ne lis jamais de polars, mais je fais des exceptions... Je lis ceux que la “bonne” presse me signale.
Culture fondamentale “Télérama - Le Monde”. Plus les chroniques littéraires de moult journaux nationaux, de “Libé” au “Figaro” en passant par “L’Huma” (L’historien futur de la littérature s’amusera à pister l’enracinement des mêmes chroniqueurs dans des journaux si différemment orientés) .
C’est avec ces lecteurs que les éditeurs de polars ont fait leurs meilleurs coups. Une foule de publications à 1500 exemplaires pour les initiés, et de temps en temps la bombe médiatisée qui cale les ventes pour des années.
D’où l’intérêt pour l’auteur de polar d’avoir ses entrées dans les chroniqueurs de ladite presse. Le meilleur cas est celui de l’auteur débutant ou en puissance qui chronique les copains (ou les responsables de publication) avec sincérité ou... avec des renvois d’ascenseur en perspective.
Dans ce contexte, quel public ? Des lecteurs occasionnels de polars, qui sont surtout des lectrices, par l’intermédiaire renforcé des bibliothécaires (femmes pour la plupart) qui font un sacré boulot, mais à partir de “leurs” sources d’information. Donc, dans la masse des polars publiés, un tri, par force, répercuté aux lecteurs / lectrices en puissance.
Ces lectrices / lecteurs occasionnels d’un auteur recommandé vont ils aller vers les auteurs peu connus ? Je ne sais pas. Les bibliothécaires pourraient nous renseigner.

De toute façon, dans le rapport auteur - public, il me semble que quand un “vrai” auteur écrit, il/elle ne vise pas un public. Sinon, c’est foutu pour la sincérité. Il/elle écrit ce qu’il/elle a envie et besoin d’écrire. Mai si l’auteur en question doit vivre de sa plume, il aurait sans doute tort de ne pas prendre en compte les deux paramètres esquissés ci-dessus. Avec dans le pire des cas, à l’arrivée, un “produit” calibré pour le / les public/s. On a déjà vu ça.



FRANCIS MIZIO - Le mardi 17 Juin 2003 -

Je voulais faire une longue réponse, il y a un mois, mais je n’avais pas le temps. Depuis les autres ont répondu et comme d’hab, c’est comme pour les bouquins, je m’aperçois que n’aurai rien de bien intelligent à ajouter ; que ce n’est plus la peine que je me lance dans de longues explications. Ah si, un truc que je puis dire : les lecteurs de polars sont indulgents. Bien trop indulgents avec nous, les auteurs. Ils doivent donc avoir un bon fond, eux.

 

 





FRANCOIS MURATET - Le vendredi 2 Mai 2003 -

Je pense que ce sont des gens qui me ressemblent, puisque moi aussi je lis beaucoup de polars.
Quoique j'ai compris assez récemment qu'il y a beaucoup de sortes de lecteurs de polars. Moi, ce serait plutôt le roman noir, mon truc. Les histoires de flics et de meurtres ne m'intéressent pas beaucoup.
Or, parmi les lecteurs de polar, il y en a qui sont attachés à l'idée du roman policier traditionnel, qui ont plaisir à essayer de deviner qui est le coupable, ou encore qui aiment le polar pour la détente que cela leur donne, la distraction que cela leur apporte.
Pour moi le polar n'est pas une distraction, c'est bien plus sérieux que ça. Et quant à la détente, je cherche dans le polar de la tension, sinon le livre me tombe des mains. Et je pense qu'on est nombreux à fonctionner comme ça.
Le lecteur de polar est donc un lecteur qui cherche des émotions fortes, de la violence, de la tranche de vie saignante, du sexe (quoique le polar soit traditionnellement assez pudique), une intrigue qui l'attrape au collet et le laisse tt vibrant dans son lit à quatre heures du matin avec l'envie de se lever pour faire du café.
Le lecteur de polar est donc un toxicomane.



JEAN-HUGUES OPPEL - Le lundi 4 Aout 2003 -

Que du bien: ils me font vivre; qu'ils continuent, et soient de plus ne plus nombreux !

 

 

 

 





PATRICK PECHEROT - Le lundi 2 Fevrier 2004 -

Drôle de question. Sous-entend-elle que les lecteurs de polars constituent une espèce particulière, au goût exclusif ? Si tel était le cas, il y aurait de quoi être perplexe devant ce qui ressemblerait à un communautarisme littéraire. Ne lire qu’une seule forme de littérature revient à exclure les autres. Appliquée au genre, cette posture serait l’exacte réplique de celle qui consiste à ne jamais ouvrir un polar parce qu’il s’agit d’un polar. Elle se définit par le refus de l’altérité ou, pour le moins, par un manque de curiosité.
Pour moi, un « lecteur de polars » désigne au contraire quelqu’un qui fait entrer le polar dans ses choix littéraires - parmi d’autres formes de romans - et qui le revendique. Un individu sans œillères. Un lecteur libre, comme il existe des penseurs libres. Ceux que j’ai rencontrés ressemblent plutôt à cela.



SERGE SCOTTO - Le mercredi 7 Mai 2003 -

Je pense qu'ils font preuve d'un bon goût en matière de littérature dont on ne saurait que les féliciter. Le polar est le dernier lieu de l'écrit qui ne soit pas assujetti au politiquement correct et c'est faire montre d'un bel esprit de liberté que de choisir de lire un bon roman policier de derrière les fagots (là où sont cachées les preuves du crime... ) en dépit des recommandations pesantes des béni-oui-oui qui gouvernent aux destinées de la pensée, par la manipulation des mass média et la masturbation de clitoris intellectuels à l'image des derniers prix littéraires de la littérature blanche (Quelle phrase grandiose !). Les plus d ébridés des lecteurs de polar découvriront avec ravissement l'Overlittérature, mise en page par les derniers opus réjouissants de délire de Philippe Carrese(toute son oeuvre récente), François Thomazeau (Sans queue ni tête), Gilles Ascaride, Henri-Frédéric Blanc et votre serviteur(Alerte à la vache folle, Qui a égorgé Astrid la truie ?), qui démontrent par l'exemple la vivacité du renouveau marseillais loin des momies du polar empaillé. Je dirai encore, pour rencontrer les lescteurs de polar dans les Salons généralistes où nous transportons nos fesses, qu'ils ont en général l'air diablement moins cuculs que les lecteurs de nos voisins et confrères dignitaires des Lettres françaises et qu'ils sont souvent plus sympas et tous disposés à partager un moment moins formel, autour d'une table, d'un apéro ou de leur femme, ce qui est très gentil.



ESTOURNET STEPHANIE - Le lundi 12 Janvier 2004 -

Le lecteur de polars est un vicieux qui trouve son bonheur dans le sang, la came et les égouts de l'Histoire. Homme ou femme, il jouit en secret de rouages dramatiques pervers, de détails scabreux (rapports de légiste, mises en scène macabres, lieux du crime sordides, etc.), et des élucubrations de personnages plus vicieux que lui. Voyeur, il trouve finalement son régal dans la misère protéiforme en tant que pièce maîtresse du devenir humain.

Mais que penser, alors, de l'auteur de polars, qui lui passe à l'acte...

 





DOMINIQUE SYLVAIN - Le mardi 9 Mars 2004 -

Qu’ils sont bien moins faciles à cerner que les yeux d’Al Pacino. Si vous le voulez bien et si vous avez cinq minutes à tuer, prenons le cas de ma belle-mère. C’est une lectrice de polars assidue. Elle adore les histoires du Juge Ti, celles de Frère Cadfael et tous les Ed McBain, sans exception, surtout grâce à la délicatesse du lien qui unit Carella à son épouse sourde et muette. En revanche, si les aventures de Montalbano l’enchantent, celles de Pepe Carvalho l’ennuient. J’ai beau lui répéter : « Belle-maman, je comprends que vous adoriez McBain et Camilleri mais comment peut-on s’ennuyer en compagnie de Montalban ? Et puis d’ailleurs l’Espagnol et l’Italien étaient les meilleurs amis du monde ». Rien n’y fait. En matière de polars, les goûts de ma belle-mère sont en granit. Maintenant, prenons le cas de Thomas. C’est un financier d’une trentaine d’années qui vit à Tokyo et dévore du polar avec une joyeuse férocité. Thomas ne jure que par Brigitte Aubert et se souvient avec délectation de la scène où Elise, quadraplégique aveugle et muette, se fait lécher la joue par un inconnu sans pouvoir appeler au secours. Thomas adore les polars un rien pervers. Mais Belle-maman déteste ça. Quant à moi, je n’ai pas d’a priori sur le sujet. Prenons, à présent, le cas de Pierre-Œdipe. La dernière fois que je l’ai rencontré, ce jeune étudiant cultivé (son père est prof de philo) avait les cheveux bleus. Et des yeux assortis qui s’humidifiaient lorsqu’il évoquait la musique de Björk ou la lecture de Maurice Dantec. Or, ni Thomas ni ma belle-mère ne sont enthousiasmés par la prose de Dantec. En ce qui me concerne, j’admets avoir été très intéressée par l’aspect cyber punk des « Racines du mal ». J’avoue aussi être une inconditionnelle d’Elmore Leonard. Eh bien, ni Belle-maman, ni Thomas, ni Pierre-Œdipe n’ont jamais lu une ligne de cet auteur. Aucun d’entre eux ne compte s’y mettre d’ailleurs (je ne me fais aucune illusion à ce sujet). En tout cas, malgré ce qui nous différencie, je suis prête à parier que nous tomberions tous d’accord là tout de suite immédiatement et sans hésiter pour dire qu’Al Pacino est un immense acteur. Peut-être le plus grand. Je me souviens du film « Insomnia ». L’histoire de ces deux flics californiens dont l’un est une légende (devinez lequel) et qui débarquent en Alaska pour prêter main forte à la police locale au sujet du meurtre d’une jeune fille dont le corps a été retrouvé dans la décharge publique. Dans cette bourgade désolée, bourrée à craquer de secrets, Pacino va enquêter sans pouvoir fermer l’œil une seconde. Enquêter jusqu’à l’hallucination, jusqu’au grand dérèglement de tous les sens. Or, malgré son coaltar, il trouve vite le coupable et… c’est seulement à partir de là que tout commence. Il y a une chose certaine : Belle-maman, Thomas, Pierre-Œdipe et moi serions tous d’accord pour dire que cette histoire est géniale. Tout bonnement magique. Et qu’elle donne envie de continuer à écrire des polars même quand on croit être un peu las. D’en lire. Et d’en écrire aussi parfois.



FRANCOIS THOMAZEAU - Le dimanche 4 Mai 2003 -

Ma réponse est : Rien.
Les lectrices, en revanche, beaucoup de bien...

 

 

 





TITO TOPIN - Le lundi 1 Novembre 2004 -

Ce que je pense des lecteurs de polars?
Je pense d'abord qu'ils ne sont pas assez nombreux.
Je pense ensuite qu'ils sont perdus devant toutes les propositions qui leur sont faites.
Je pense aussi qu'ils sont naïfs, ils se laissent avoir par des gros best-sellers de 600 pages qui prennent la forme des polars pour mieux les blouser. Les Ricains sont très forts là-dessus, ils sortent tous de la même école d'écriture et savent distiller une intrigue banale sous des digressions interminables. Pesez un bouquin français (ou italien, ou
espagnol) et un bouquin ricain (ou suédois), vous verrez la différence de
poids.
Je pense surtout que ce sont des lectrices, et ça, ça me plaît. Les femmes aiment toujours les héros.



JOACHIM-SEBASTIANO VALDEZ - Le dimanche 11 Mai 2003 -

Drôle de question aux réponses pas évidentes ! Essayons quand même !

Heureusement qu'ils existent sinon qui lirait ce que j'écris...
En vingt ans, ils ont du se diversifier car le polar est aujourd'hui presque aussi bien considéré que la littérature blanche...
Je pense qu'il s'agit de personnes intéressées par les aspects cachés de la société que le polar s'attache à montrer...
Quand j'ai été nominé pour le prix du polar SNCF, j'ai fait plusieurs séances de signatures dans les gares parisiennes, j'ai été surpris de constater que j'avais tant de lectrices alors que je pensais que le lectorat du polar était d'abord masculin...
Voila je ne sais pas trop quoi dire d'autre.



KHADRA YASMINA - Le samedi 11 Septembre 2004 -

Pour moi, les Amis du livre sont ceux qui ont choisi de s'intéresser au monde qui les entoure et d'essayer de le comprendre. Lire, c'est s'interroger, partager, s'instruire, vivre pleinement et surtout, s'élever. Qu'ils soient lecteurs de polars ou d'oeuvres classiques, ce sont d'abord des gens attentifs aux autres. Cette curiosité les préserve de l'animalité en train de ramener les êtres humains au rang des bêtes fauves. J'aime à répéter que là où le livre bat de l'aile, le malheur plane. Je me sens plus confiant parmi les habitués des librairies qu'au milieu d'individus allergiques aux livres. Pour revenir précisément aux lecteurs de polar, il y en a deux catégories : ceux qui se divertissent, et ceux qui joignent l'utile à l'agréable. Les premiers ne sont pas exigents et encouragent la facilité, voire l'indigence romanesque qui particularise et disqualifie d'office le genre "policier". Les seconds sont sélectifs et attendent du polar la même fiabilité intellectuelle et littéraire que l'on cherche dans les oeuvres "blanches". Ma préférence va vers ces derniers. Pour moi, le roman policier n'est pas le parent pauvre de la littérature. J'essaye de le prouver dans les romans que je propose. Ces dernières années, le genre "noir" s'impose comme une valeur sûre. De grands auteurs s'y frottent, certains y laissent même des plumes. Ce qui est probant.



ALICE YVERNAT - Le mardi 27 Mai 2003 -

Bonne question. C'est quoi un lecteur de polar? Est-ce aussi différent d'un lecteur "tout court" qu'un auteur de polar d'un auteur sans précision ?
Si oui un lecteur de polar c'est un lecteur, quelqu'un qui consomme du texte pour son plaisir (sinon c'est un critique et là ça pourrait faire l'objet d'un tout autre débat...), quelqu'un qui aime lire. A priori, ça semble être quelqu'un de bien. Oui mais, peut être qu'il n'aime pas lire ce que moi j'aime lire, peut-être même qu'il aime des choses que moi je déteste, alors ce n'est pas quelqu'un de si bien que ça au fond...
Et si un lecteur de polar n'est lecteur que de polars ? Il existe aussi des lecteurs exclusifs de biographie, des lecteurs rien que de poésie en vers, des lecteurs de sémiologie appliquée aux sciences... C'est peut-être des monomaniaques, les lecteurs que de polars, des dangereux psychopathes au fond... Il y en aurait alors de pires : les lecteurs de polars historiques, les lecteurs de chambre close, les spécialistes du polar politique de gauche, ceux du polar politique de droite aussi, des lecteurs de polar médical, des lecteurs de Agatha Christie sinon rien, des lecteurs de sf-polar, des lecteurs de polar avec détective privé, de polar sans détective... ça fait peur, non ?

Mais j'en pense forcément du bien des lecteurs de polars , comme des lecteurs "tout court" d'ailleurs puique ce sont eux qui lisent ce que j'écris. Peut-être même que ce sont eux qui achètent mes livres, alors c'est dire... Je n'en pense que du bien.






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