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Jean-Claude Claeys

Deux Questions A La Concurrence

Par l a

2741
Lectures depuis
Le mardi 1 Juin 2010

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Les plus observateurs d’entre vous auront remarqué, ce un nouveau petit logo.
Il est apparu à l’initiative de l’incontournable Claude Mesplède, et suite au très contestable article paru dans la revue LIRE.
Claude qui avait été interviewé, et dont les propos n’ont finalement pas été retenus, ou si peu, a lancé l’idée de fédérer, au moins au moyen d’un petit logo qui permettent de les identifier, les sites zé blogs qui, en toute indépendance et honnêteté, entendent promouvoir le polar sous toutes ses formes.
L'infatigable P. Galmel de Pol'Art Noir, et l’inépuisable Claude le Nocher d’Action Suspense ont dégainé les premiers, et ont donné l’élan aux autres.
RayonPolar a essayé de ne pas être trop à la traîne et pose les deux questions incontournables


Vous animez depuis un certain temps, et avec passion, un blog, consacré au polar. Il est donc naturel de supposer que le polar est un genre littéraire que vous affectionnez tout particulièrement.




Première question

Mais pouvez-vous dire aux lecteurs du RayonPolar qu’elles sont les deux polars qui vous ont marqué votre vie de lecteur ?



 

Claude Le Nocher - action-suspense.over-blog.com

 

Le premier amour de ma vie de lecteur, ce n’est pas un (seul) polar, mais une série, que dis-je : une œuvre ! Il s’agit de San-Antonio, Frédéric Dard si l’on préfère. J’avais lu Simenon, Agatha Christie, Arsène Lupin… et voilà que San-Antonio déboule, qui m’interpelle, qui jacte autrement, qui ose tous les improbables. Avec sa galerie de portraits, dont le brave Bérurier, qui s’en fout d’être inculte, gras et ridicule. Un univers, quoi !
Quant à choisir deux polars marquants, ça m’est impossible. Des auteurs, tels Georges-Jean Arnaud, Brice Pelman, J.P.Ferrière, Exbrayat, Chester Himes, Charles Williams, Ed McBain, Erle Stanley Gardner, et quelques autres qui m’ont marqué, oui. La liste serait longue. C’est sans doute le dilemme du « lecteur intensif », on retient davantage l’œuvre d’un auteur qu’un titre en particulier.

 

Paul Maugendre - mysterejazz.over-blog.com

 

Trop difficile à dire comme ça au débotté. Souvent on pense au dernier lu, ou au premier, mais j'en ai tellement lu que je ne peux extirper un titre. Je ne veux pas tomber dans les lieux communs et citer Chandler, Hammett, et autres. Si, une réminiscence : *L'affaire Saint-Fiacre de Simenon*, j'avais 15 ans et j'étais à Londres chez mes grands parents, et mon grand père m'avait acheté un livre en français pour me faire plaisir, je ne connaissais pas Simenon. Depuis, j'en ai lu jusqu'à plus soif. Et un *G.-J. Arnaud *, par exemple *Les Jeudis de Julie ou Les Yeux fous, ou Chiens écorchés.

 

P.Galmel - www.polarnoir.fr

 

Ah, mon Dieu ! Seulement deux... Ça va être atroce de choisir.
Un auteur français, pour commencer, forcément. Parce que ce qui m'a fait tomber dans le polar c'est essentiellement son regard concret porté sur la réalité des choses ; que si certains auteurs arrivent à tendre vers l'universalité, les réalités ne sont pas les mêmes d'un bout à l'autre de la planète et que, dans la mesure où je ne cherche pas forcément un dépaysement tropical dans mes lectures, la proximité, une forme de sensibilité, de culture communes, ont cette importance qui me font privilégier ceux qui écrivent "près" de moi.
Un auteur français, donc, et un texte écrit en français. Non pas que je me méfie du travail des traducteurs et traductrices (le temps du "formatage" cher à la Série Noire de Marcel Duhamel est je crois passé), mais - car il y a forcément un "mais" quand on commence par "non pas que je me méfie" - il me semble que lire un roman traduit se fait obligatoirement à travers le prisme de quelqu'un, une approche différente, qui modifient la perception qu'on pourrait en avoir sans ce "biais". Je sais bien que sans eux nombre de textes nous resteraient inaccessibles (enfin, à ceux qui comme moi ont déjà bien du mal à parler leur langue maternelle) et que je les remercie pour leurs travaux et les bonheurs de lecture apportés, il n'en demeure pas moins que je reste toujours plus attiré (il m'arrive d'avoir la tête dure) par le texte original. Le seul que je sache lire étant celui en français. CQFD.
Quoi ?...
Un titre !
Oui, oui, j'y arrive...
Moloch, de Thierry Jonquet. C'est sentimental. Parce que ç'aura été un déclencheur, la porte ouverte sur le polar, ou plus précisément le roman noir. Le sujet, l'écriture, la qualité de l'intrigue, de la construction, les personnages... Tout y est. Scotché, j'ai été. Pour les raisons évoquées plus haut.
Bon, j'aurai pu citer Le Boucher des Hurlus, de Jean Amila (parce qu'il est indispensable), ou encore 55 de Fièvre, de Tito Topin (quelle intensité !), avouer une pensée toujours émue à l'égard d'Albert Simonin et de sa plume si savoureuse, ou une autre, plus espiègle, pour le Poste Mortem de Jean-Jacques Reboux (un des rares que j'aie relu), ou encore...
Mais bon, on avait dit un...

Ah non, on a dit deux !
Un auteur étranger alors. Ç'aurait pu être Ellroy, avec Le Dahlia Noir, ou L.A. Confidential, et toute la "promenade" proposée dans le Quatuor de Los Angeles, cette puissance narrative impressionnante. Il y a dix, quinze ans, j'aurais voté des deux mains... Mais les deux que j'ai du mal à départager aujourd'hui sont, l'un américain : George Pelecanos, qui poursuit livre après livre le portrait de sa ville, Washington (tout comme Ellroy s'est attaché à Los Angeles), et à travers elle celui de la société américaine à travers la seconde moitié de vingtième siècle et le début du suivant. De sa bibliographie, j'extrais King Suckermann ; pour les seventies, et puis pour cette incroyable bande-son qui accompagne chacun (ou presque) de ses romans (et celle-là vaut son pesant de cacahuètes !). L'autre est sud-africain, qui poursuit de même un projet "global" et met en scène la "nouvelle" Afrique du Sud de l'après apartheid. Le Pic du Diable, par exemple, est à lire.
J'aurais répondu hier de manière sûrement différente. Sans doute n'aurais-je pas oublié de citer Harry Crews et La Malédiction du Gitan, ou Paco Ignacio Taibo II pour À Quatre Mains, ou cet incroyable voyage qu'est le tout récent Aller Simple, de Carlos Salem, ou...

Mais pour quoi vous me coupez tout le temps !
C'est énervant à la fin !

 

Claude Mesplede - www.claudemesplede.com

 

Je serai tenté d'écrire "Le comte de Monte-Cristo comme premier titre dont on se rappelle toute une vie, mais ce n'est pas un vrai polar, ou encore mon premier texte policier lu à l'âge de 9/10 ans: La dernière enquête de l'inspecteur Ralston (Le Verrou - Ferenczi) de Peter Cheyney, où à la fin le flic démasque le coupable, un faux paralytique sur chaise roulante, en jetant un truc enflammé sur sa couverture (je crois car il y a plus de 60 ans que je l'ai lu). Mais je ne vais pas citer ces deux là, même s'ils m'ont bouleversé car si je suis devenu ce que je suis dans le milieu des polardeux, je le dois à un seul titre. MOISSON ROUGE de Dashiell Hammett. AU début des années 60, j'habitais Orly et je travaillais dans les hangars de maintenance de la flotte d'Air France, à quelques trois kilomètres de là. Un ensemble regroupant 5000 salariés dont 4000 ouvriers, 500 administratifs et 500 cadres. A vingt-six ans, je venais d'être élu secrétaire général du syndicat CGT de ce site industriel où 75% des salariés votait pour nous et heureuse époque, un gars sur trois était syndiqué CGT, (dont le papa de Daniel Picouly qui m'a mis en scène dans ce rôle d'élu dans on roman Le Champ de personne).
Un samedi matin, je faisais mon marché hebdomadaire et comme il y avait toujours un bouquiniste présent, je ramenais chaque semaine quelques polars de diverses collections de l'époque. Ce matin-là, je piochais Moisson rouge dont je n'avais jamais entendu parler. Je dévore le bouquin dans le week-end, stupéfait par l'écriture déjà, cette écriture sans gras dont, depuis, je connais par coeur des phrases mais encore plus stupéfait de trouver cette évocation d'une grève et l'arrière plan consacré au mouvement social réprimé. Il est évident qu'à partir de là, ma conscience littéraire a fait un énorme bon qualitatif et j'ai compris que le roman noir était un espace de liberté infinie pour parler de notre monde.
Pou le second titre, je peux citer une dizaine de titres car ce sont des livres que j'aurai aimé avoir écrits comme Un nom de torero de mon ami Luis Sepulveda, Macaroni de Loriano Macchiavelli (avec Guzzini), Fenêtre sur femmes (Raynal), La Commedia des ratés (Benacquista), Le Géant (Michel Lebrun) ou encore Le Couperet ou Smoke de Don Westlake. Mais mon choix s'est porté sur Sylvia, un roman de Howard Fast, un homme et un romancier dont la vie constitue pour moi un repère, comme un phare qui ne s'éteindra jamais, une lumière au milieu de la pétaudière sans repères que constitue aujourd'hui la planète pour une majorité d'humains qui l'occupent. Ce livre, que d'aucuns trouveront insignifiant peut-être, représente ce qui me touche, qui m'émotionne et peu m'importe de passer pour un romantique d'un autre âge. Il y a longtemps que j'assume mes choix sur tous les terrains.

 

Jean-Marc Laherrère - actu-du-noir.over-blog.com

 

Pouvez-vous dire quels sont les deux polars qui ont marqué votre vie de lecteur ? non.
J'ai déjà du mal à en choisir 10 par an, et tu me demandes d'en choisir deux, seulement deux ?
Si je suis obligé, sous la torture, je dirais

- "A quatre mains" de Paco Ignacio Taibo II, parce qu'il y a une construction virtuose, une écriture jubilatoire, toutes les thématiques que j'aime (l'histoire des révolution, l'amitié, la fidélité à ses idéaux ...), de l'humour, de magnifiques personnages, parce qu'il ose tout et que tout marche.

- "Le dernier baiser" de James Crumley, rien que pour la première phare : "« Quand j'ai finalement rattrapé Abraham Trahearne il était en train de boire des bières avec un bouledogue alcoolique nommé Fireball Roberts dans une taverne mal en point juste à la sortie de Sonoma, en Californie du Nord ; en train de vider le coeur d'une superbe journée de printemps. »

 

Yann Le Tumelin - moisson-noire.over-blog.com

 

Je suis venu au polar sur le tard, jusqu'à 20-25 ans je lisais pas mal de classiques, de la littérature américaine, enfin tout ce qui me tombait sous la main. Je ne lisais pas encore beaucoup de polars mais je me rappelle bien du premier Hammett que j'ai lu : La clé de verre. J'avais acheté le bouquin dans une brocante - une vieille édition Carré noir, un truc comme ça, avec une pub pour des clopes sur la 4ème - et je n'avais jamais entendu parler de cet auteur ! J'ai ouvert le livre, lu le premier chapitre et me suis dit : "wow ! il sait tourner ses phrases celui-là !". On était en juillet, j'étais en vacances. Et au bout de quelques pages : plus de plage, plus de touristes, plus de ciel bleu ; je me retrouvai projeté en plein chaos, dans une cité américaine en proie à la corruption et et à la violence ! hammett a un don d'évocation extraordaire et ce qu'il disait de la société m'intéressait, bien-sûr, mais c'est surtout sa façon de le dire qui m'a impressionné sur le moment, la qualité de son écriture. Je lui dois peut-être de préférer, aujourd'hui, ces écritures sèches et directes, celles qui disent beaucoup avec peu de mots.
Cette force de l'écriture qui peut soutenir à elle seule un roman, cette économie de moyens, c'est aussi ce qui, quelques années plus tard, m'a impressionné chez l'américain James Sallis et Le faucheux, le premier tome de la série consacrée au détective noir Lew Griffin. Un chef d'oeuvre, tout simplement. Et, d'ailleurs, le fossé entre le talent de Sallis et sa popularité est gigantesque, presque incompréhensible.

 

Boris Lamot - La liste de diffusion 813

 

Je crois que le tout premier fut Le Grand sommeil de Raymond Chandler. Jusque là j'avais surtout lu des Maurice Leblanc, que j'adorais. Quelques Chester Himes aussi ; et bien sûr des San Antonio, OSS 117 et autres nanars en vogue et pas chers quand j'étais ado qu'on se refilait à l'étude du soir à l'internat.
Pour le deuxième, c'est plus dur. Énormément de romans m'ont donné de très fortes sensations (du côté d'Ellroy, Peace, Goodis, Reverte...).
Peut-être, si, Chiens de faïence d'Andrea Camilleri. Non seulement l'intrigue était remarquablement fichue, mais cette langue ! cette tonalité ! quel régal ! Le dernier auteur qui m'ait quelque peu fait vibrer, c'est T.R. Smith avec son Enfant 44. Finalement, le premier bouquin qui m’a vraiment surpris (je ne parle pas de Vian, découvert en 3e), c’était, en 1ère, Jacques le fataliste, mais ça n’était pas un polar, quoique… la quête de Jacques et son maître…

 

 

Seconde question

 


Pouvez-vous aussi nous dire pourquoi la lecture ne vous suffit pas, pourquoi il vous faut aussi animer ce blog?




 

Claude Le Nocher - action-suspense.over-blog.com

 

Pour connaître les joies de la célébrité, bien sûr ! Non, il y aurait des moyens plus simples pour acquérir une notoriété…
En réalité, ça se résume en trois mots : plaisir, partager, transmettre. Le plaisir d’évoquer romans et auteurs, soit nouveaux, soit encore peu connus. L’envie de partager un certain état d’esprit ouvert, une découverte de la diversité polardeuse. Transmettre un peu de culture polar, à celles et ceux que ça intéresse. Avec un peu de rigueur et beaucoup de bonheur, c’est ainsi que je peux présenter chaque jour des articles variés sur Action-Suspense. J’en profite pour remercier les nombreux visiteurs, qui prouvent que ma démarche n’est pas vaine.

 

Paul Maugendre - mysterejazz.over-blog.com

 

Le plaisir de faire partager mes coups de cœur, de faire connaître de nouveaux auteurs (de nouveaux talents), des ouvrages qui pourraient passer inaperçu si personne n'en parlait, le besoin de communiquer par l'écriture. Avant de créer un blog j'écrivais pour des magazines et des fanzines (encore aujourd'hui) et je présentais un livre par jour du lundi au vendredi pour une station de radio.

 

P.Galmel - www.polarnoir.fr

 

Ah, vous avez une autre question...

Oh, ce n'est pas que la lecture ne suffise pas, c'est surtout une manière de la prolonger, de la partager.
Au départ, c'est presque un hasard qui m'a conduit sur la toile (un endroit que je ne pratiquai pas vraiment) : l'arrivée d'un PC à la maison.
Pendant une dizaine d'années, c'est plutôt la musique que j'ai tenté de partager en animant une émission de radio hebdomadaire consacrée au jazz, enfin, pour être précis, à celui que j'écoutais. Il s'agissait d'une radio associative au public sans doute réduit (en nombre, pas en qualité) et j'ai beaucoup aimé cette aventure qui consistait à proposer des enchainements, des relations, des associations. En gros, ça disait : "Attends, écoute ça..."
Pour Pol'Art Noir, la démarche est identique, sauf qu'entre temps j'avais mis le doigt, et le reste, dans le mauvais genre. Et que la technologie avait évolué.
Le reste, c'est l'engrenage...
Quand il s'agissait de jazz, je croisais toujours des gens pour me dire "Oh, le jazz, c'est compliqué". Une bénédiction ! Ceux-là, je trouvais toujours le moyen de leur dénicher l'album, le morceau qui les feraient changer d'avis. Il suffisait de prendre le temps de leur tendre l'oreille.
Je suis persuadé que pour le polar c'est pareil. On trouvera toujours des lecteurs pour le dénigrer, en faire une sous-littérature (rares sont ceux qui le pensent compliqué...). Ceux-là, j'ai toujours envie de leur trouver de quoi tordre leurs préjugés.
Alors j'ai commencé, avec cet appareil, cet outil extraordinaire qu'est l'ordinateur lorsqu'on le branche sur une prise téléphonique, à écrire que j'aimais bien le polar et à tenter d'expliquer pourquoi. Je ne suis pas un "littéraire" aussi ne me suis-je pas attaché à l'aspect "écriture" du polar (il me faudrait pour ça quelques bagages supplémentaires) mais plutôt à con côté "conte" moderne, privilégiant le fait de mettre en avant un "ressenti" de lecteur.
Le reste, c'est l'engrenage...
Les "retours" ont été très rapides. Les partages, les échanges, innombrables. Et pas seulement virtuels !
Alors on ne compte plus ses heures. On voudrait pouvoir dire : "Attends, lis ça..." à chaque visiteur.

 

Claude Mesplede - www.claudemesplede.com

 

Si j'anime un blog, ce n'est pas à cause d'un ego surdimensionné qui parfois permet à celui qui en est doté, d'équilibrer les choses comme une sorte de thérapie en faisant des émissions de radio ou en écrivant une partie de sa vie (ce que je suis d'ailleurs en train de faire) sur le Net. Ce souci de faire partager mes coups de coeur et mes connaissances à d'autres amateurs passionnés, remonte à loin. J'ai eu la chance de naître dans une famille d'enseignants dont la maison était remplie de livres et j'ai été des années durant un boulimique de lectures de toutes natures (y compris Haras humain et Clayton's College tous deux appartenant à la catégorie d'ouvrages à lire d'une seule main). Entré à quinze ans dans la filière ouvrier de l'aéronautique, je suis devenu secrétaire de la commission "bibliothèque" du CE Air France Orly (cité au dessus). Notre travail consistait à examiner les demandes de livres à acheter. Quelques mois plus tard, je fus élu secrétaire-adjoint du CE, chargé des cantines et de la culture. J'avais 24 ans. Depuis cette date, j'ai oeuvré pour la rencontre et la discussion entre les créateurs (romanciers, poètes, paroliers, musiciens, peintres, sculpteurs, chanteurs, comédiens, artistes, etc) Un mois après mon entrée en fonction, je décidais d'inviter Jorge Semprun qui venait de publier le grand voyage, inspiré de sa propre tragédie: sa déportation dans un camp nazi à dix-huit ans. Il accepta mon invitation et vint un midi, répondre à mes questions devant plus de 150 salariés qui ce jour-là mangèrent un casse-croûte, mais eurent l'occasion d'assister à un grand moment même si je n'avais pas forcément la pratique de l'interview. Je me souviens de ce moment et de Semprun qui m'aida à passer correctement ce cap de l'interview. Depuis, je n'ai jamais eu l'occasion de le revoir pour le remercier de sa gentillesse. Après ce premier essai réussi, l'affaire fut institutionnalisée et chaque mois, j'organisais une rencontre des salariés d'Air France avec une personnalité... auteur, chanteur, comédien, metteur en scène... Armand Gatti, Jean Bouise, François Périer, Armand Salacrou, Pierre Santini, Raymond Gerbal, Georges Wilson, Anne Sylvestre, Mouloudji, Jean-Pierre Chabrol et bien d'autres encore comme le cosmonaute Komarov ou le groupe chilien des Quilapayun (dont la fille du responsable du groupe Alexandra Carrasco a traduit pas mal de polars espagnols en français), voilà une liste non limitative d'invités qui vinrent à Orly, même lorsque je fus appelé à occuper d'autres postes. La tradition fut conservée. Après ce rappel d'une partie de mon activité, on comprendra mieux ma démarche. Pour moi, la culture est une chose irremplaçable et si j'anime un blog c'est pour essayer de faire passer mes connaissances et ma passion à tous ceux qui veulent bien me lire. Je suis un passeur, en tout cas, c'est ce que j'essaie de faire et cela remonte à loin. Mais à l'inverse des détracteurs du polar qui manifestent ignorance et souvent intolérance (ça rime), je n'impose rien à personne et j'en appelle à la réflexion de mes interlocuteurs. Chacun étant doté d'une tête, j'imagine que chacun peut apprendre à s'en servir de façon à pouvoir choisir de suivre mes propositions ou de les refuser en toute connaissance de cause

 

Jean-Marc Laherrère - actu-du-noir.over-blog.com

 

Pourquoi un blog ... Ca a commencé il y a bien longtemps quand j'ai eu l'idée, en interne de ma boite, d'envoyer aux lecteurs de la bibliothèque du CE des notes de lectures pour partager mes coups de coeur. Puis est venue la participation à Mauvais Genres, puis la rencontre avec Claude Mesplède et 813 ... C'est Claude qui encouragé mon vilain défaut, à savoir partager mes goûts avec un maximum de personnes. La fin de mauvais genres a débouché, naturellement, sur la création de ce blog où, enfin, je peux dire tout ce que je veux, et rien que ce que je veux.

 

Yann Le Tumelin - moisson-noire.over-blog.com

 

Bonne question ! Ca faisait quelque temps que je lisais essentiellement du roman noir, découvrant sans arrêt des textes magnifiques, des auteurs intéressants. Ceux-là mêmes que je ne voyais jamais sortir quand j'étais au boulot - je suis bibliothécaire ! Bref, il y a toute une frange des littératures policières, et là je pense principalement au roman noir, qui est franchement méconnue, voire complètement ignorée, par rapport au thriller par exemple ou aux grosses pointures du genre. En créant un blog, je voulais simplement et modestement faire un peu mieux connaître ces auteurs et ces livres.
Et puis, tenir ce blog, écrire des billets, des avis, c'est aussi une petite gymnastique intellectuelle, de petits exercices d'écriture et de remue-méninges assez sympas. J'y prends donc aussi beaucoup de plaisir. Sinon j'arrêterai !
Enfin, on "rencontre" pas mal de gens, des amateurs, des passionnés, des néophytes, ça crée des échanges intéressants, des idées, des débats... Un lieu de vie, quoi, même virtuel.

 

Boris Lamot - La liste de diffusion 813

 


Comment messire Alfredo osez-vous comparer la lecture et l'écriture ?! J'anime la Liste 813 depuis 2002, ce qui me place certainement du côté des grands anciens et, quand je vois l'évolution des outils média je me sens quelque peu archaïque -on me l'a reproché parfois. Si je continue, depuis tout ce temps c'est qu'elle me procure autre chose que la lecture.

Depuis toujours j'ai été porté sur l'épistolaire. Je suis d'ailleurs président à vie du CCPI (Conservatoire de la Carte Postale Insignifiante) qui depuis une vingtaine d'années édite un bulletin tiré à 15 exemplaires et qui, tout en rendant hommage à cet art éphémère de l'insignifiance vacancière par la recherche d'images exaltant les ronds points, premiers plans fleuris et autres piscines est une sorte de jeu d'écriture étalé dans le temps et dans l'espace. Jeu que nous avions commencé, jeunes gens en nous envoyant des cartes postales tous les étés, pour rire.

Oui, depuis toujours je défends l'épistolaire et créer cette liste il y a 8 ans, c'était écrire et recevoir du courrier (soit-il électronique) tous les jours ! Je ne suis pas écrivain mais je lis pratiquement une cinquantaine de messages quotidiennement (je n'ai pas que la liste 813 sur le feu !) et réponds à la plupart : «Je lis donc j'écris !» comme disait je ne sais plus qui.

Voilà. Je ne parlerai pas de tous ces contacts que j'ai créés avec les acteurs du polar par le biais de la liste : non seulement je lis des auteurs de polar dans leurs romans ou nouvelles mais aussi j'ai bu des coups avec eux, j’en ai reçu chez moi, plus d'une quarantaine reçoivent ou participent à notre messagerie.

En fait, j'arrêterai quand plus personne n'écrira... Parfois, il y a des trous, des journées avec boîte vide. Je me dis : « Cette fois, ça y est, la liste a vécu.» En fait non, ça me repose mais ça peut repartir à flot sur rien. J'ai appris la patience et 'humilité.



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