Articles de René Barone


Jean-Claude Claeys

Il était une fois... La Chouette -2-

Par René Barone

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Le samedi 1 Octobre 2005

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La Chouette

J’ai commencé à lire des romans policiers avec La Chouette. J’avais entre 13 et 14 ans. Je me souviens d’un soir de grandes vacances, nous nous ennuyions un peu à la maison et pour nous occuper, mon père, passant devant un Monoprix, acheta trois livres de cette collection.

Je découvrais avec plaisir le polar à travers des romans très attrayants, avec, cerise sur le gâteau, de superbes couvertures. Comme pour Détective-Club, tous les styles étaient présents dans cette collection. Elle ne se cantonnait pas uniquement au “whodunit ” comme le Masque ou au “noir” comme dans la S.N. Tous les genres étaient abordés. Les couvertures indiquaient le type du roman : le fond jaune était réservé au policier “classique” alors que le rouge signalait les romans d’action.
Alors que Détective-Club était réservé aux auteurs étrangers, La Chouette fit appel à des Français ce qui permit à de jeunes auteurs de faire leurs premières armes.
Au début, ce furent Michel Averlant et Geneviève Manceron qui fournirent les premiers titres de la collection. M. Averlant se consacrait au roman d’action avec l’aventurier Ludovic Martel. Quelques titres indiquent le style de ces romans : Bagarre au Caire, Micmac à Miami, Traquenard à Trieste, etc. G. Manceron, signant Bruno Bax, écrivit une série de 14 romans d’espionnage mettant en scène le capitaine de frégate Hervé de Hersault, dit “H” : H et le dossier 136, H et l’espionne ingénue, etc. Elle signa sous son propre nom 5 titres allant du roman de détection au suspens.
A côté de ces deux Français : l’Anglais Anthony Morton, créateur du Baron, gentleman cambrioleur et détective amateur qui donne un coup de main à Scotland Yard, et l’Américain William Irish avec Ange, une reprise du Détective-Club.
Grâce aux Intégrales du Masque on peut retrouver aujourd’hui les multiples aventures du Baron
Par la suite il y eut un savant mélange d’auteurs confirmés et de débutants, de Français et d’étrangers, de nouveautés et de rééditions.
Le listing des titres en fin d’article donne une idée de la diversité des genres abordés à travers les auteurs anglo-saxons. Le policier humoristique (Craig Rice) voisine avec le suspens (Edan Sherry, Pat McGerr, Charlotte Armstrong, etc.), mais on y trouve aussi un policier procédural avec le premier roman de David Goodis (La police est accusée), des whodunits, comme l’original La Tour prend garde de D. Alexander ou les deux meilleurs romans de Jonathan Stagge (Patrick Quentin) mettant en scène le Dr Westlake : l’excellent Chansonnette Funèbre reprend le thème d’un meurtrier qui tue suivant les couplets d’une comptine. L’incontournable Perry Mason figure dans ce listing avec un seul titre. Le roman noir est aussi présent avec deux aventures du privé Paul Paine de John Evans, pseudo de Howard Browne, l’auteur d’un classique du suspens : Ni vu, ni connu. Le roman de détection est aussi représenté avec quatre enquêtes de l’inspecteur West du prolifique John Creasy (A. Morton, le Baron, c’est lui). Enfin, à cette liste il faut ajouter Frank Gruber, un auteur injustement oublié qu’il serait bon de rééditer, un “ancien” de la mythique époque des pulps (Lire Pulp Jungle de F. Gruber chez Encrage), avec plusieurs aventures de Johnny Fletcher (la tête) et Sam Cragg (les muscles) : deux joyeux compères, toujours fauchés et toujours plongés dans des aventures trépidantes.
La plupart de ces titres proviennent de Détective-Club
Parmi les auteurs Français trois sortent du lot. Un auteur confirmé, André Héléna, auteur de romans noirs, dans la lignée de Léo Malet, qui donna à la Chouette des romans moins désespérés que ceux qu’il avait produits jusqu’ici et, sous le pseudonyme de Noël Vexin, une série ayant pour héros un jeune avocat, Maître Valentin Roussel assisté par Roberte, une pétulante journaliste.
La Chouette a vu les débuts de deux jeunes auteurs : Jean-Pierre Ferrière et Gil(les) Perrault. Ce dernier fournit à la Chouette d’excellents romans d’action. Ses deux premiers romans (Jamais deux sans trois, Trois as) ont pour héros une bande de trois amis qui m’ont fait penser à la série “Agence tous risques”, en particulier le cerveau de la bande, qui, comme Hannibal Smith, tire des ronds de fumée sur son cigare avant de se lancer à l’action ! A croire qu’il a été plagié ! Puis une série de quatre romans, intitulée les aventuriers du pétrole (Le Sahara brûle, Balade au soleil, La bombe, La grande soif), romans d’action doublés d’énigme car il faut démasquer un traître ou un saboteur. J’aime beaucoup La bombe pour son action dense où le héros a une nuit pour découvrir la bombe qui doit exploser dans Alger. La troisième série est consacrée à un agent secret : Andral (C’était le bon temps, La main rouge, Le faux frère, Si tu vas à Cuba, Dynamite, Furie). Dynamite est considéré par beaucoup comme son meilleur roman, il conte l’histoire d’une révolte dans un pays d’Amérique Centrale. On retrouvera Andral un peu plus tard dans Au pied du mur, publié dans la collection Denoël Crime-Club.
Enfin J. P. Ferrière. Un des auteurs les plus prolifique de la collection avec 19 romans. Dans son premier il crée les sœurs Bodin, deux vieilles filles qui vont mener l’enquête. Ce fut un succès. F. Ditis raconte qu’il reçut un important courrier pour demander la suite des aventures de ces détectives en mitaines. La série des Cadavres était lancée. Elle connut 7 titres en tout. D’autres aventures furent écrites pour l’émission Les Maîtres du Mystère, à la radio. J. P. Ferrière fut le premier secrétaire de Brigitte Bardot, ce qui lui fit connaître le milieu du cinéma qu’il utilisa dans plusieurs de ses romans. Les romans de cette période pourraient être classés dans le domaine de la comédie policière, meurtres, action, sourire. Puis, avec Les Veuves, un de ses derniers romans dans La Chouette, il s’essaiera à un genre plus noir, genre qu’il exploitera par la suite lorsqu’il passera au Fleuve Noir.
Citons encore Dominique Dorn qui, à la fin de la Chouette, comme J. P. Ferrière, a poursuivi sa carrière au Fleuve Noir sous le pseudonyme de Mario Ropp, Bernard Cheyenne a l’origine de deux séries, celle du commodore Frédéric Horn capitaine de La Railleuse, qui en compagnie de son second, Achille Bonaventure, vit de nombreuses aventures autour du monde, et celle de Scipion un aventurier moderne. Ces deux séries se sont poursuivies dans la collection “Jean Bruce Espionnage” aux Presses de la Cité. N’oublions pas Francis Berg dont la carrière a été interrompue prématurément, Jacqueline Goudet, Albert Sigusse, Patrick Laurier ou Alain Gree,a insi que dans les romans d’espionnage Jacque Bastogne, Costa de Loverdo ou Roland Piguet.



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