Frédéric Ditis occupe une place particulière dans l’histoire du roman policier. Il fut un véritable créateur.
Né en 1920 en Suisse, c’est là qu’il créa, en 1945, DETECTIVE-CLUB, une collection où se côtoyèrent à la fois romans policiers classiques, romans d’action et romans noirs. Le marché Suisse étant par trop limité il crée en 1946 les éditions Ditis-Paris rééditant dans le désordre les titres de Ditis-Genève.
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Détective-Club France connut 97 titres alors que Détective-Club Suisse en eut 114.
Malgré la qualité des titres publiés les ventes ne décollaient pas.
Pour écouler son stock F. Ditis s’adressa aux magasins Prisunic qui les soldèrent à 50 F. (le prix en librairie était de 180 F.). Ils s’enlevèrent en quelques semaines. Ditis comprit alors qu’il fallait une collection peu chère vendue en “grande surface” de l’époque. Ce fut La Chouette, vendue 75 F. dans les magasins Prisunic et Printannia. |
Ecoutons F. Ditis à ce sujet (1) : « Le soin poussé au perfectionnisme que nous avions apporté à la réalisation de ces ouvrages ne fut pas étranger à leur succès. Persuadé que l’illustration des couvertures de la CHOUETTE avait une importance capitale, j’avais passé des mois à chercher l’artiste à qui les confier jusqu’à finalement découvrir, à Milan, l’illustrateur idéal, Giovanni Benvenuti, qui devait se rendre célèbre en créant de superbes albums pour enfants […] A quoi bon, me direz-vous, apporter tant de soins à des livres destinés à être vendus au prix de solde dans des magasins populaires ? Eh bien précisément ! Si je tire un enseignement d’une carrière toute entière consacrée à la grande diffusion, c’est que plus un livre se vend bon marché, plus le public est exigeant et plus l’éditeur doit veiller au moindre détail » |
Le succès de la Chouette vendue en grande surface incita Ditis à lancer une nouvelle collection “généraliste” intitulée J’AI LU, illustrée, elle aussi, au départ, par G. Benvenuti.
Les libraires, mécontents de la diffusion de cette collection uniquement dans les Prisunic et Monoprix, décidèrent de boycotter les éditeurs qui donnaient des titres à J’AI LU. Ces problèmes conduisirent la chaîne Prisunic-Monoprix à cesser la diffusion des titres Ditis ce qui entraîna la disparition de la Chouette.
A la fin de la collection, des voyages fréquents et un travail important avec les Américains firent que Benvenutti délaissa la Chouette qui cessa de paraître en 1962 et avec elle les éditions Ditis. |
Après la disparition de la Chouette, F. Ditis créa J’AI LU policier où, à côté de nouveautés, furent réédités de nombreux titres de Détective-Club et de la Chouette.
Plus tard F. Ditis est passé chez Hachette, au Livre de Poche, ce qui l’a amené à s’occuper de la collection Le Masque, collection grâce à laquelle il avait découvert, étant jeune, le roman policier. Il fit alors appel à un de ses premiers collaborateurs, Michel Averlant, qui avait écrit de nombreux romans pour la Chouette. M. Averlant créa Les Maîtres du Roman Policier. Mais ceci est une autre histoire.
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Frédéric Ditis s’en est allé le 9 février 1995 (2).
(1) « Les métamorphoses de la Chouette » par J. Baudou et J. J. Schleret, Editions Futuropolis. 1986.
(2) Voir l’article de W. Malavelle et R. Barone dans le numéro 58 (mars 1997) de la revue 813
Couvertures aimablement fournies par http://www.livrenpoche.com |
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