Articles de Nathanael%20Tribondeau


Jean-Claude Claeys

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Par Nathanael%20Tribondeau

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Le lundi 21 Novembre 2005

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Préambule

"813 " est la première association européenne de promotion de la littérature policière dans toutes ses formes ( du néo-polar aux whodunnit, du policier historique au cyber polar, de la chambre close aux pulps), regroupant de part le monde plus de 800 membres autant auteurs, éditeurs, journalistes, cinéastes, libraires que lecteurs passionnés autour de sa revue homonyme tirée à plus de 1500 exemplaires et de nombreuses autres initiatives comme la co-édition, la coproduction d’expositions à thème (avec la BILIPO notamment), la programmation de films en partenariat , la présence sur les festivals et les salons du livre ou la remise de trophées récompensant les meilleures productions du genre ( le jury n’étant pas moins que les 800 membres de l’association) et servant bien souvent de relais pour la promotion de ces oeuvres. Ainsi " 813 ", loin des querelles de chapelles, s’efforce de faire connaître et reconnaître le genre policier dans son spectre le plus large sans jamais faire preuve de sectarisme, et ce depuis vingt-cinq ans , ce qui en fait la plus ancienne revue du genre à parution régulière. Depuis sa création , " 813 " aura donc traversé plus d’un quart de siècle de policier en France, depuis le bureau " historique " et ses créateurs Michel Lebrun (plusieurs dizaines de romans à son actif), Pierre Lebedel Alain Demouzon et Jacques Baudou en pleine vague néo-polar, en passant par la traversée du désert des années quatre-vingt, puis le renouveau des années quatre-vingt dix et deux mille (l’action de " 813 " n’y étant pas si étrangère) en construisant avec d’autres un noyau dur d’amateurs, de passionnés, d’adeptes, en amenant une véritable prise de conscience d’appartenir à un même mouvement, une même identité. Et aujourd’hui encore, la lutte continue…

1ère partie : Les origines

Juillet 1980, Pierre Lebedel, Michel Lebrun, Alain Demouzon et Jacques Baudou envoient à la préfecture les statuts co-écrits avec Ralph Messac d’une nouvelle association " d’amis de la littérature policière " qu’ils ont mystérieusement nommé " 813 ". C’est lors du 1er festival de Reims se déroulant du 3 au 6 mai 1979 que naît l’idée d’une association loi 1901 pour le roman policier. Le Festival de Reims est alors, sous l’auspice de Jacques Baudou, le premier véritable festival consacré au " polar ", invitant auteurs français et célébrités étrangères tel Robert Bloch, le trop méconnu auteur de ‘Psychose’. Dans les faits, le festival devient donc le lieu de rencontre de ce qu’on appela bientôt le milieu " polar ". C’est avec l’idée de créer une structure d’aide pour ce festival que quelques " personnalités " de ce milieu se retrouvent, avec comme ambition de rassembler les acteurs du genre : un projet encore vague de " convention " ou de " rassemblement ", en cette époque où, il n’y a aucun doute la dessus, la S.F et son « fandom » est le genre du futur, où les plus véhéments défenseurs du genre policier ont l’impression de défendre " Fort Alamo " comme se souviendra vingt ans plus tard François Guerif. Ainsi se retrouvent autour de ce festival les " pères fondateurs " de ce qui deviendra " 813 " avec dans l’esprit de construire une association d’aide et de soutien à Reims et à ses organisateurs, mais aussi une véritable structure pérenne, permanente, effectuant le lien entres amateurs tout au long de l’année. Les bases sont posées.
Pierre Lebedel, alors journaliste au Figaro, les auteurs Alain Demouzon et Michel Lebrun ainsi que l’organisateur du festival de Reims, Jacques Baudou, mettent donc la dernière main aux statuts d’une " association des amateurs de la littérature policière " qu’ils baptisent, sur la proposition de Lebrun, " 813 ", nom assez mystérieux et énigmatique pour convenir à ces aficionados de " l’autre littérature ". " 813 " c’est d’abord le titre d’une des plus réussies des aventures d’ Arsène Lupin, mais c’est aussi une manière de montrer que l’association, en se mettant sous l’auspice d’une oeuvre comme celle de Maurice Leblanc, est loin des querelles actuelles et des chapelles, qu’elle est avant tout fédératrice, qu’elle embrasse tous les styles, tous les genres. Mais " 813 " c’est aussi le nombre limité des adhérents à l’association, nombre mirifique alors, largement atteint aujourd’hui.
Mais rien n’est définitif, les statuts d’une association ne détermine en rien son esprit. Ce sont ses adhérents et ses premières Assemblées générales qui le lui donneront. Par une première polémique tout d’abord : faut il faire de 813 une association professionnelle comme le modèle d’alors, les " Mystery Writers of America ", syndicat à l’américaine ou, tout au contraire, une association ouverte en premier lieu aux passionnés, à tous ceux qui se retrouvent dans un certain état d’esprit, qu’ils soient lecteurs, auteurs, éditeurs, libraires , cinéastes, dessinateurs ou journalistes. Première question, premier débat , 813 en connaîtra pourtant bien d’autres, mais vingt ans plus tard, on peut bien dire que c’est véritablement avec cette première interrogation que la vie de l’association va débuter.


2eme partie : Le départ !

Le premier recrutement s’effectue tout naturellement dans le milieu de l’édition, bien connu des quatre fondateurs, puis vinrent les auteurs dont beaucoup pensent avoir affaire à un "rassemblement professionnel ", une "chambre de commerce du polar "… Mais c’est avec les festivals et les premiers contacts qu’arriveront ce qu’on nommera plus tard "les adhérents de base ", souvent il faut bien le dire beaucoup plus fidèles et désintéressés. Ainsi lorsque a lieu la première assemblée générale, le bureau a déjà reçu plus de cent vingt chèques d’adhésion, preuve que la demande existe. Ces premiers adhérents, sont pourtant, dans en majorité des auteurs. Cependant, très rapidement, de simples lecteurs, des aficionados, qui pour la première fois - notamment avec le festival de Reims - peuvent rencontrer leurs auteurs et non plus seulement les voir au gré des photos de "mystère magasine " investissent l’association tout comme ces "jeunes " auteurs qui se rencontrent pour la première fois autre part que dans les cocktails ou dans des couloirs des maisons d’édition. Tous ces nouveaux venus ont une autre idée de la vie littéraire, comme ces Pouy, Daenincks, Vilar, issus de la gauche qu’on appellera "alternative " et qui se retrouvent dans une culture faite de rencontres et de dialogue. Ainsi l’association, d’elle-même, largue les amarres, coupe les liens avec l’organisation de Reims, qu’elle ne s’interdira pas de critiquer, quitte à devenir une "assoc sans festival ". Mais surtout elle rejette définitivement la tentation en son sein même de voir en 813 une convention des auteurs, comme le voudrait Jacques Baudou, l’un des organisateurs de Reims. Le premier bureau est significatif : on y retrouve les quatre fondateurs plus Jean Vautrin, François Guerif, Caroline Camarra et Jean François Coatmeur.
Plus qu’une simple liste de noms de futurs "célébrités ", le premier bureau est complètement représentatif de cette nouvelle génération de lecteurs et d’auteurs qui vont faire le "renouveau " du roman policier, un nouvel élan passant par un renouveau du style, du propos. Mais la bataille est loin d’être gagnée : Reims n’est qu’un petit festival dont la 1er édition n’a attiré que cent cinquante visiteurs et qui a du mal à vivre entre le mutisme de la presse régionale et les tentatives de main mise de la municipalité. Et si maintenant on peut entendre parler de ce festival comme si essentiel, c’est avant tout comme symbole du début d’une "nouvelle époque " plus que pour sa taille réelle, bien semblable à celle de multiples festivals de nos jours. Et que va être le devenir cette association qui vient comme au secours d’un genre encore moribond, à une époque où la dégringolade des tirages de l’édition populaire n’est pas encore compensée par une redécouverte du genre par le lecteur "cultivé ", où les romans du néo-polar n’ont –qu’à de notables mais rares exceptions- pas encore dépassé les cellules des LCRs de petite couronne ? Mais déjà, invisibles, sont présentes les forces qui ramèneront le roman policier sur le devant de la scène, et recréeront le genre. Pour le moment, ce ne sont que de modestes redécouvertes de vieux romanciers anglo-saxons, ce ne sont que des films comme "Vivement dimanche" ou "Mortelle randonnée ". Pourtant, tout est en place pour la reconquête, et 813 comme le Festival de Reims en sont les meilleurs exemples.

3eme partie : La première aventure

A cette époque donc, le polar comme on l’appelle, n’est vraiment pas à la mode. Et alors que sort à intervalles trop réguliers le " Belmondo de l’année " et que le néo-polar s’étiole sans un râle sous le silence posé de J.P.Manchette , les bouquins du genre croupissent dans les esprits et dans les bibliothèques, comme celle de l’Arsenal , dépôt légal pour le policier et l’érotisme, où on les considère l’un comme l’autre comme du papier imprimé tout juste bon à encombrer les sombres couloirs sous les regards désapprobateurs des archivistes publics. L’heure n’est pas à l’enthousiasme et les Pouy et autre Vautrin sont aussi ignorés à cette époque qu’ils sont désormais portés au nues. C’est avec l’expérience de livres introuvables, perdus dans de divers labyrinthes administratifs que naît l’idée au bureau de 813 de créer une bibliothèque de la littérature policière, un fond raisonné et ouvert à tous. Parallèlement, un petit groupe de bibliothécaires de la ville de Paris a la même ambition. De leur rencontre naîtra la Bilipo...
Mais restituons l’ambiance : dans les années 83- 85 avec un certaine prise en compte du mouvement polar, naît une prise de conscience que cette littérature là a elle aussi droit à son histoire, à ses recherches et à sa bibliothèque . Claude Mesplède et Jean Jacques Schleret écrivent leur dictionnaire de la Série Noire et Pivot invite Pagan et Daenincks alors que 813 et un groupement de bibliothécaires de la ville de Paris s’unissent pour créer la Bilipo , les premiers amenant le fond de l’Arsenal et les contacts alors que les seconds apportent leur expérience et les locaux. Mais le mariage est contre nature et les bibliothécaires ne voient en l’association qu’une bande d’illuminés malléables à merci. Résultat, la Bilipo utilise les fonds et les fichiers 813, crée une revue concurrente, " Les crimes du trimestre ", et…. claque la porte de 813 ! ! ! Mais, au final, la bibliothèque est toujours là, grâce à 813 et à la ténacité de quelques bibliothécaires, et les relations avec l’équipe actuelle sont beaucoup plus amicales comme le prouve la récente exposition " 813 et 20 ans de littérature policière ". Reste que l’aventure de la Bilipo restera un souvenir pénible, même si elle a permis la création d’une structure originale, rassemblant un véritable fond d’études (dépôt légal et donations) cristallisant autour du travail des bibliothécaires (comme l’ouvrage " Les crimes de l’année " ou les expositions thématiques) tout un travail de recherche servant bien souvent de base pour de nombreuses monographies ou des travaux universitaires. Encore un nouveau moteur pour la reconnaissance de ce genre contre tous ceux qui pensent qu’il y a des ‘sous-genres’ qui ne méritent ni réflexion, ni conservation.
Mais bientôt arrivera une nouvelle polémique, touchant d’encore plus près 813 : le festival policier lui-même.

4eme partie : La fin d’une époque ?

813 fut créé par le festival de Reims, pour le festival de Reims. L’association l’organise en partenariat avec les organismes municipaux. Mais depuis quelques temps des différents sur la gestion du festival se font jour entre la municipalité et 813, Jacques Baudou a déjà quitté l’association. C’est avec les " aventures " du dernier festival de Reims (le 8ème du nom qui se déroule du 30 octobre au 2 novembre 1986) que le divorce est consommé. Baudou quittant les relations publiques du festival, la municipalité tente une OPA facile sur un festival créé de toutes pièces par la maison de la Culture et l’association 813, pourtant pour beaucoup dans la renommée du festival. L’ambiance est au plus bas et les organisateurs n’ont d’yeux que pour les célébrités et se moquent des adhérents venus à leur frais et des auteurs. Le festival se transforme en une vaste entreprise médiatique en l’honneur du champagne, la municipalité utilisant la couverture de 813 et son travail d’organisation tout en l’ignorant « royalement »… Le festival n’est plus qu’une entreprise de publicité et le budget ne sert que des invités aussi mondains qu’éloignés des préoccupations du polar. L’Assemblée générale de 813 est l’occasion d’un grand déballage de toutes les rancoeurs amassées depuis des années, et 813 déclare ne plus vouloir d’une ville qui ne veut pas d’elle. C’est décidé, Reims c’est fini. 813 emmènera dans ses bagages le festival car c’était bien l’association qui « faisait » le festival, c’était l’Assemblée générale d’une association regroupant la majorité de ceux qui font le roman policier qui donnait à ces quelques jours leur raison d’exister, le reste n’étant, finalement, que littérature.
Parallèlement 813 se dote d’un outil de diffusion en transformant le bulletin éponyme de liaison de l’association en une revue régulière, trimestrielle, qui devient un outil de communication externe pour oeuvrer à la diffusion du roman policier. Ainsi naît le format actuel de la revue qui conquiert une nouvelle indépendance en devenant un media à part entière qui dépasse le seul cadre de l’association, comme le prouvent ses tirages actuels largement supérieurs au nombre des adhérents. Ces deux tournants préfigurent t’ils une nouvelle association ou ne sont-ils qu’une crise de croissance ? En tout cas, ils sont le parfait exemple que 813 acquiert une toute autre envergure : elle devient assez forte pour soutenir une revue régulière, et assez ambitieuse pour s’impliquer dans des projets aussi formidables que risqués, Grenoble par exemple….

5eme partie : Grenoble connexion

Preuve de sa vitalité, l’association, quand elle quitte Reims, emmène avec elle le festival du roman policier qu’elle installe à Grenoble qui a tout l’air en cette ère Carignon d’un pays de cocagne qui va éblouir l’association, même si les coulisses budgétaires ressemblent aux plus sordides des Robin Cook. Cook est justement une des figures emblématiques de cette nouvelle génération, née avec les " années Grenoble ", années qui verront avec Michel Lebrun président une nouvelle association 813, celle des nouvelles collections policières comme Rivages/noir, celle de la Série Noire de Robert Soulas, celle des " années Série Noire " de Mesplede et Schleret, cette génération qui va se rencontrer dans le grandiose site de Grenoble où enfin " on les prend au sérieux ", où sont invités les grands du noir américain, là où se créent des amitiés, des dialogues, un milieu sous l’ombre du whisky de la voiture bar du train noir Paris-Grenoble. C’était très grand, c’était presque fou et c’est mort, évidemment après quelques années, mais ces salons sont plus essentiels que les quelques heureux souvenirs qu’ils laissèrent chez les survivants : ils sont pas les véritables ancêtres de tous ces salons d’aujourd’hui, regroupant autour d’une même table, passionnés, auteurs et professionnels du livre, le trio réuni par 813. Là ou Reims n’était qu’opération médiatique, Grenoble est véritablement une oeuvre de passionnés. C’est donc avec beaucoup d’ambition qu’on prépare le premier salon, oeuvre collective et de passionnés locaux. " De Grenoble, nous voulons faire le rendez vous de tous les amateurs….du polar, toutes diversités confondues et respectées " s’écrie Jean-François Vilar, alors éphémère président de l’association. Il est clair que le postulat est ambitieux, voire grandiloquent, mais correspond à son époque : un changement radical de cap dans le milieu du roman policier, exit les mémorables collections " Espionnage " et " Spécial police "qui avaient fait la renommée et la carrière de dizaines d’auteurs dont plusieurs auteurs-maison, au moment même où l’un deux, Michel Cade-Lebrun se retrouve président de l’association. Une façon de définitivement enterrer une collection qui coulait depuis quelques années, une façon aussi d’enterrer avec elle toute une histoire du roman policier en France, celle de l’après-guerre et des ‘golden’ pour une nouvelle page plus littéraire accompagnée par une " normalisation " de ces auteurs dont les tirages et la reconnaissance approchent ceux de leurs collègues de la littérature blanche. Autre nouvelle notion qui apparaît dans ces années, remplaçant la vieille codification " livre littéraire - livre populaire ". Rien n’est plus populaire, rien n’est plus littéraire.
Et 813 s’intègre parfaitement dans ce nouveau retournement des valeurs en concrétisant autour d’elle l’embryon de ce qui deviendra au fil des années un " milieu ", on est polar ou on ne l’est pas. Ainsi alors que Reims était une tentative de reconnaissance, 813 un lieu d’union, Grenoble sera animé par une volonté de symbiose où 813, désormais fédérateur, se veut " conquistador ", et n’oeuvre plus que pour la reconnaissance du roman policier, mais aussi sa promotion. La variante est subtile, mais profonde, parfaitement illustrée par les propos de Lebrun " Je vais m’efforcer de rétablir le contact… avec les gens qui sont le public, les acheteurs ". Car ceux-ci sont désormais de plus en plus nombreux….

6eme partie : Le tournant fatidique ? ? ?

La présidence Lebrun c’est le début d’une nouvelle association 813 qui est encore la nôtre aujourd’hui, non plus celle du ghetto mais de la reconnaissance, non plus celle du mépris mais de la respectabilité, a la mesure des noms des quatre présidents qui se sont partagés cette période : Lebrun, Guérif,, Mesplède et Touchant. Rien de plus respectable, noms qui évoquent l’unanimité, tout comme l’association elle même qui a tout l’air de surfer sur la vague du renouveau du roman policier. L’époque est à la ‘retraduction’, aux collections grand format et au texte intégral, et de multiples festivals naissent partout en France avec une nouvelle génération d’auteurs venus des fanzines et des concours. Paradoxalement c’est à cette époque que 813 perd son festival, en 89 avec la mort du festival de Grenoble. L’association se retrouve alors , et encore aujourd’hui, au Mans pour les ‘24 heures du Livre’. Ainsi, alors même que partout se créent des structures d’accueil du policier, 813 préfère se noyer dans un festival généraliste. Finalement, le choix est plus significatif qu’il n’y paraît, prouvant que le roman policier est enfin accepté, et de plus, qu’aurait à faire une structure comme 813, fédératrice, dans un festival créé par une association locale. Sa place n’est pas là, mais au sein des généralistes. C’est aussi l’époque où les non-écrivains deviennent majoritaires chez les dirigeants de l’association, en y amenant un nouvel esprit plus érudit, plus fédérateur.
Et un nombre d’adhésions toujours en hausse. Alors, 813 devient le lieu où chacun se retrouve, passe des annonces pour créer un festival dans telle ou telle campagne. La revue se vend à la Fnac et des adhésions arrivent aussi de l’étranger. Tableau idyllique ! N’exagérons rien, 813 apparaît certes en ces années 90 naissantes comme l’association des associations mais souffre beaucoup de ne plus avoir un " festival ", et certains peuvent alors se demander si la vie de la litt’ crim’ ne se fait pas désormais autre part. Alors 813, enfin institution et déjà musée ! Malheureusement une série de décès sonnant la fin d’une époque bouleverse tout cela.

7eme partie : Maintenant et demain ?

La vie de 813 va elle tout doucement s’éteindre dans ces années 95 qui voient d’énergiques petites associations prendre désormais l’initiative ? 813 restera t’elle cantonner à son rôle de parrain, de soutien ? Alors, l’association est elle en ces années fastes, obsolète ? Certains peuvent le croire, mais avec les disparitions successives de Michel Lebrun, J.P Manchette et Robin Cook, c’est aussi une nouvelle association qui se réveille. Une nouvelle équipe investit le bureau, moins de figures mais plus de liberté. 813 se retrouve une nouveau rôle, tout aussi essentiel. La sauvegarde du roman policier n’est plus d’actualité ? Qu’ à cela ne tienne, 813 va devenir le lieu de la redécouverte: c’est désormais dans les lignes de la revue, au fil des articles que se forge une " culture policière " : rétrospectives , réhabilitations, exploration. La mission n’est plus de soutenir les nouveaux auteurs, l’appareil critique généraliste et les associations et fanzines le font maintenant très bien, mais bien de cimenter, de concrétiser les nombreuses initiatives éparses.
Associations des associations , 813 se doit désormais grâce à la force de ses 813 membres, de ses 20 ans, de sa revue, de se faire le lieu de rencontre, le lieu de l’émulation, la superstructure fédératrice. 813 n’est plus l’association unique des amateurs de policier, il n’empêche, c’est la plus forte, la plus globale, la plus achevée, la plus pérenne, et surtout elle ne combat pas pour tel ou tel genre policier, mais pour la globalité de la littérature policière : sa mission est désormais de rétablir l’équilibre, de réhabiliter ce que tous oublient, de donner les impulsions nécessaires, d’ouvrir les portes vers d’autres univers, mais surtout 813 reste la seule structure véritablement capable de représenter le genre policier face à la blanche littérature. 813 doit avoir le plus dur rôle, celui de véritablement jeter les ponts entre les genres pour une fusion future. Le roman policier a trouvé ses lettres de reconnaissance, 813 a une place dans cette conquête, mais reste à sortir le roman policier de ce ghetto d’or où on l’a placé. 813 doit aller à l’abordage de ce nouveau monde, doit le conquérir , doit conquérir les esprits, à l’extérieur comme à l’intérieur du milieu du roman policier. Pour cela, plusieurs armes sont à sa disposition : une véritable revue littéraire reconnue, une vraie assise populaire ; d’autres restent à améliorer, comme les trophées qui, recadrés, rénovés, peuvent enfin montrer qu’on peut allier sérieux, qualité et démocratie. Parce qu’après tout, au risque de galvauder une expression de Francois Guérif vieille de 20 ans, 813 est bien " the most democratic litteracy association in the world ".



Cet article est initialement paru sur le site mauvaisgenres.com

Trophées 813

Meilleur roman


1981 - "Mortelle randonnée", Marc Behm
1982 - "Les Charbonniers de la mort", Pierre Magnan
1983 - "Dark hazard", W.R. Burnett
1984 - "Le Géant inachevé", Didier Daeninckx
1985 - "La Bête et la belle", Thierry Jonquet
1986 - "Comment vivent les morts", Robin Cook
1987 - "La Féee carabine", Daniel Pennac
1988 - "Le Dalhia noir", James Ellroy
1989 - "Iron Man", W.R. Burnett
1990 - "Trois carrés rouges sur fond noir", Tonino Benacquista
1991 - "La Comédia des ratés", Tonino Benacquista
1992 - "La Belle de Fontenay", Jean-Bernard Pouy
1993 - "Les Orpailleurs", Thierry Jonquet Meilleur roman francophone :
1994 - "La Sirène rouge", Maurice G. Dantec
1995 - "Total Khéops", Jean-Claude Izzo
1996 - "Le Massacre des innocents", Jean-Jacques Reboux
1997 - "Morituri", Yasmina Khadra
1998 - "Moloch", Thierry Jonquet
1999 - "L'Homme à l'envers", Fred Vargas
2000 - "Cartago", Jean-Hugues Oppel
2001 - "L'Etameur des morts", Georges-Jean Arnaud
2002 - "Pars vite, reviens tard", Fred Vargas
2004 - "Sous les vents de Neptune", Fred Vargas Meilleur roman étranger :
1994 - "Cosa facil", Pablo Ignaco Taïbo II
1995 - "Quand se lève le crouillard rouge", Robin Cook
1996 - "Une mort sans nom", Patricia Cornwell
1997 - "Raphaël, derniers jours", Grégory MacDonald
1998 - "Le Brasier de l'ange", James Lee Burke
1999 - "Le Couperet", Donald Westlake
2000 - "Smoke", Donald Westlake
2001 - "American death trip", James Ellroy
2002 - "Mystic River", Dennis Lehane
2004 - "Shutter island", Dennis Lehane



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